Du bon usage de l’argument démocratique !

[Sudiste]

Un correspondant, observateur méticuleux, toujours lecteur assidu de Syndicalisme Hebdo, hebdomadaire à une voix de la Cfdt, nous a fait parvenir ce savoureux passage extrait d’un article concernant les désaffiliations, lu pages 4 - 5 dans le numéro daté du 15 novembre 2003 : “...... Car la désaffiliation d'une structure n'est pas pour autant synonyme de départ de tous ses adhérents. Il est peu probable, en effet, que les porteurs de mandats aient eux même consulté les adhérents en question. Ce qui interroge, par ailleurs, sur le respect de la démocratie.......” En clair, ceux qui quittent la Cfdt, ne peuvent avoir que des pratiques manipulatrices, et bien sûr ce ne sont pas des démocrates. La ficelle est pour le moins grosse, mais plus c’est gros, moins çà casse, et l’on évacue ainsi les vraies questions que pourraient se poser les militants lecteurs.

Ainsi celles concernant les pratiques de François Chérèque, qui estime, sans avoir consulté qui que ce soit, que la très régressive réforme des retraites Raffarin – Fillon est un “compromis acceptable” pour la Cfdt, ou encore celles du Bureau national qui, s’estimant seul compétent, donne a posteriori son aval au positionnement du Secrétaire Général, s’exonérant ainsi de toute consultation de l’organisation, ni même des structures intermédiaires, ni a fortiori des syndicats. Alors les adhérents, pensez donc... “Vive ce nouvel acte fondateur du réformisme courageux” se pâment alors tous les partisans de la régression sociale dans notre pays, du Medef à la majorité gouvernementale UMP, en passant par les sociaux libéraux. Quel courage en effet, quand on représente à peine plus de 20 % des salariés, alors que l’on vit un mouvement social unitaire et massif dans le pays, d’accepter un formidable recul social, en s’opposant à la quasi-totalité du mouvement syndical français et aux millions de salariés en lutte, sans que presque personne à la Cfdt ne se soit vu demander son avis sur la question. Le courage, en mai, était donc là, faire fi de la démocratie !

Aujourd’hui ce sont tous ceux qui se sont tus en mai et juin, les absents des assemblées générales et de la rue, qui ont combattu ceux qui voulaient débattre et décider, qui redécouvrent soudain le concept démocratique, quand il s’agit de s’opposer à des départs collectifs. Et au delà tout est bon pour ceux qui ne veulent pas débattre : refus de tenir des assemblées générales, mises sous tutelle, blocage des comptes, changement des serrures des locaux syndicaux, procès, etc., méthodes oh combien démocratiques. En la matière, ce n’est plus la foi, mais surtout la mauvaise foi… qui sauve ! Alors rassurons quand même tous les démocrates de la vingt cinquième heure. Notre syndicat le Spasmet, a largement consulté ses adhérents, puisque environ 80 % d’entre eux se sont prononcés sur la désaffiliation à l’issue d’un débat interne pluraliste. Le résultat du vote est connu : ce sont 82 % des mandats qui se sont prononcés pour la désaffiliation du Spasmet.

Et si les adhérents du Spasmet sont pour, est-ce grave docteur François ? Non, pourrait-il répondre, cela ne me laisse “ni joyeux, ni dépité”. Ce n’est en effet que le départ limité d’un syndicat du public traditionnellement oppositionnel et cela clarifie le débat futur à la CFDT. Le parti se renforce en s’épurant ? D’aucuns ont joué sur ce registre pendant des années. Où en sont-ils aujourd’hui ? Où en sera la Cfdt demain ? Pour notre part, au Spasmet, nous n’avons jamais considéré, que l’émancipation des salariés puisse se construire sans débats contradictoires et sans que ceux-ci ne puissent décider de leur avenir. Mais l’émancipation des salariés est désormais le cadet des soucis de la nouvelle avant garde éclairée social-libérale. Et c’est bien sur le fond, la raison pour laquelle nous avons quitté la Cfdt.


Point de vue du Spasmet (n°1) de décembre 2003.



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http://spasmet-meteo.org/