De Guantanamo à Abou Gharib

Message par red » 28 Juil 2004, 11:01

Guantanamo
De Guantanamo à Abou Gharib, l’horreur de la torture
Le choix de la base de Guantanamo au sud de Cuba a permis toutes les violations de la justice internationale.

C’est à Guantanamo que tout avait commencé. Capturés fin 2001 en Afghanistan, six cents prisonniers sont amenés dans la base navale américaine, fers aux pieds, cagoules sur la tête et livrés bientôt au " Tiger teams ". Les équipes de tigres formées à la torture, selon les méthodes enseignées dans une " université " de l’Arizona : celles qui furent pratiquées en Amérique latine, enrichies de l’expérience des bourreaux français en Algérie, d’après un " manuel de l’horreur " publié en 1967 par le New York Times. Des méthodes barbares qui seront appliquées ensuite en Irak, dans la prison d’Abou Gharib.

Là, près de Bagdad, durant trois mois, des soldats vont photographier l’humiliation, la terreur des prisonniers. Les photos depuis ont été diffusées sur toute la planète. Mais il aura fallu attendre le 1er mai dernier pour qu’elles soient diffusées sur la chaîne CBS et que le journaliste Seymour Hersh publie dans le New Yorker le résultat de l’enquête du général Taguba sur la pratique de torture dans la prison d’Abou Gharib.

Dès janvier, des membres de la police militaire avaient signalé à leurs supérieurs la gravité des sévices qui allaient déclencher l’enquête du général Taguba.

Donald Rumsfeld, le secrétaire d’État à la Défense, tentera de couvrir cette sale guerre, mais une fuite venant du département de la Justice révélera que, le 1er août 2002, une équipe de juristes avait établi un document à l’usage du Pentagone et de la CIA afin de légitimer l’usage de la torture au mépris des conventions de Genève, des lois internationales sur les prisonniers de guerre. Le Washington Post en publie le texte intégral, où sont énumérées en cinquante pages les arguties de légitimation et en détails effrayants toutes les méthodes qui seront appliquées à Guantanamo et à Abou Gharib.

L’équipe de la Maison-Blanche connaissait ce document. Seymour Hersh affirme que Bush et près de deux cents personnes en avaient été informés. Le président n’ignorait rien des premiers rapports d’interrogatoires, un instant retenus par Donald Rumsfeld, qui indiquaient que les détenus n’étaient ni des chefs d’al Qaeda ni des chefs des taliban, mais, écrivait le New York Times, des prisonniers " de faible niveau ". Cependant, avec le cynisme qu’on lui connaît, le vice-président Dick Cheney continuait d’affirmer que les " prisonniers ennemis étaient parmi les plus dangereux, les mieux entraînés et les plus vicieux des terroristes présents sur la surface de la Terre ".

Le général Myers commandait la base de Guantanamo. C’est sous sa responsabilité directe que furent initiées les tortures. Il continuera à prétendre devant les journalistes invités en mars à une visite de la prison d’Abou Gharib, soigneusement mise en scène, que " les États-Unis ne torturent jamais personne. Nous sommes absolument fiers de ce que nous faisons pour aider notre nation et nos alliés dans la guerre contre le terrorisme ".

Le choix de Guantanamo avait été fait précisément pour justifier une " extra-territorialité ". La base était une zone de non-droit, qui autorisait aux yeux de la Maison-Blanche toutes les violations, tous les refus opposés à la Croix-Rouge internationale et aux détenus d’avoir recours à des avocats afin de pouvoir se défendre devant un tribunal.

C’est le champion de la " détention humaine ", le général Myers, qui ira en Irak implanter les méthodes des " Tigers teams ".

Les photos - toutes n’ont pas encore été publiées - des prisonniers mis à nu, humiliés, menacés d’être électrocutés, d’être livrés aux chiens, sodomisés, allaient détruire les mensonges et pousser l’opinion américaine et internationale à demander des comptes à Washington.

Le désaveu viendra 28 juin de la Cour suprême des États Unis. Elle reconnaissait que " les tribunaux des États-Unis pourront examiner la légalité de la détention d’étrangers à l’étranger en relation avec les hostilités ". Le juge Sandra O’Connor concluait : " Un état de guerre n’est pas un chèque en blanc pour le président quand il s’agit du droit des citoyens de la nation. Ils ont le droit d’invoquer l’autorité des cours fédérales. " Des cours qui échappent, selon la séparation des pouvoirs fixée par la Constitution, à la manipulation de la Maison-Blanche. Les détenus étrangers pouvaient être rendus à leur pays d’origine. Le système de défense des fanatiques de l’empire du mal s’effondrait.

Jacques Coubard
red
 
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