tout ces trucs sur hardy et besancenot, ça fait un peu "culte de la personnalité
allez hop ! un ptit coup de Rouge !
Alors que le nombre de chômeurs officiellement recensés a augmenté de 4,5 % en un an (100 000 de plus de décembre 2002 à décembre 2003), les annonces de plans de licenciements se multiplient. Le gouvernement s'en indigne hypocritement, tout en les justifiant.
Alors que le sort des 3 200 salariés d'Air Lib est suspendu au chantage de leur éventuel repreneur, Imca, Arcelor, le n°1 mondial de l'acier, annonce les restructurations que ses actionnaires avaient en vue lorsqu'ils lui ont donné naissance en fusionnant le Français Usinor, le Luxembourgeois Arbed et l'Espagnol Aceralia. En 2010, Arcelor ne fabriquera de l'acier plat qu'à Fos, Dunkerque ou Aviles (en Espagne). Les sites situés en Lorraine, en Allemagne ou en Belgique seront fermés. Pour la seule raison que l'acier qu'ils produisent, dans ces usines situées à l'intérieur des terres, coûte plus cher que celui produit dans les usines situées au bord de la mer, par où arrivent les matières premières. Il en va de six à vingt euros par tonne produite... qui comptent beaucoup plus pour les actionnaires que la vie des milliers de salariés qui seront jetés à la rue.
Arcelor ! Francis Mer, son PDG avant qu'il ne devienne ministre de l'Economie, est toujours détenteur de 275 000 stock-options, d'après Le Monde. Pas une très bonne affaire, d'après le journal, mais en sera-t-il de même une fois le trust rentabilisé par les restructurations, qu'il compte d'ailleurs aussi mener dans l'activité inox ?
Le patronat se sent les coudées franches. Le gouvernement, qui n'a eu de cesse de répéter qu'il fallait "libérer les énergies" - celles des patrons -, se démène aujourd'hui pour laisser croire qu'il se préoccupe du sort des travailleurs. Raffarin se dit "touché au plus profond" par les "coups de poignard" que sont les plans sociaux. Chirac s'emporte contre les actionnaires de Metaleurop-Nord : "les droits les plus fondamentaux" des salariés "ont été bafoués". Fillon, à son tour, qualifie de "pirates de l'économie" les patrons qui ne respectent pas la loi pour licencier. Il s'est même engagé à lancer la justice à leurs trousses... non sans faire parallèlement l'éloge de la multinationale Danone qui fermera d'ici un mois ses deux usines de Ris-Orangis et de Calais. Sans doute Fillon aura-t-il été séduit par cette fable incroyable du reclassement des salariés licenciés grâce à la reconversion des deux sites, l'un en centre d'appel, l'autre en centre commercial !
Création de nouvelles zones franches, reconversion de bassins industriels en y attirant des entreprises à grands coups de subventions et d'allègements de charges sociales (comme il y a quelques années avec Daewoo en Lorraine...) et aménagement de l'impôt sur la fortune pour que les riches payent moins : ce sont toujours les mêmes remèdes, prétendument destinés à lutter contre le chômage, que le gouvernement, comme ses prédécesseurs, nous sert.
Quant aux licenciements eux-mêmes, les gouvernements n'y peuvent rien, nous disent-ils. Hier, Jospin affirmait, alors que Michelin venait d'annoncer 7 500 licenciements : "Ce n'est pas par la loi, par l'Etat, par l'administration que l'on peut réguler l'économie." Aujourd'hui, c'est Fillon qui nous dit : "Il faut dire la vérité aux Français : on a trop souvent sur ce sujet laissé croire que l'Etat pourrait empêcher les entreprises de licencier. C'est comme vouloir empêcher la maladie."
Cette maladie porte un nom : le profit. Et c'est bien pourquoi les gouvernements sont impuissants devant elle, c'est de leur part un choix politique, celui de servir la rentabilité, la compétitivité, pour la bonne santé des actionnaires.
Galia Trépère.