En vertu de sa condition sociale, José Bové est bien entendu, avant tout investi dans les luttes paysannes comme par exemple le mouvement des sans-terres au Brésil, le mouvement des paysans et ouvriers agricoles en Corée du Sud, le mouvement pour la réforme agraire en Indonésie ( à laquelle les travailleurs et ouvriers ont participés de facon considérable ! ) etc..etc.bref tout ce dont Via Campesina s'occupe. Le symbole qu'arbore la bannière de ce forum n'a elle pas une fauscille paysanne qui se croise avec le marteau ouvrier, symbole de l'alliance entre la paysannerie et la classe ouvrière? Déja, ces luttes la méritent toute notre attention et je ne parle pas des luttes anti-OGM ou des démontages de MacDo. Les syndicalistes de l'USTKE l'ont bien compris eux, en ajoutant aux revendications des travailleurs calédoniens sur la question des salaires, la demande de mise en liberté pour José Bové lors de la grève de 2003 !
a écrit :mais qu'est ce qui te permet de parler de réformisme radical pour josé Bové?
en quoi Bové qui défend la petite propriété et le retour à des méthodes ancestrales a-t-il quoi que ce soit de socialistes...
Une fois de plus, son dicours, ses méthodes, les cercles qu'ils fréquentent, ses objectifs et de manière général, la nature de tout ce courant altermondialiste dont il est un des animateurs. Une partie de la réponse se trouve dans les interviews cités qui suivent, mais il me semble utile de te rappeller que malgré tout, José Bové fait partie de ces gens ( tout ce monde qui gravite autour d'association comme ATTAC ) qui proclame haut et fort que leur objectif est de lutter contre l'asservissement de la société au marché financier et à la logique du profit, estime qu'il faut soumettre "les marchés financiers au contrôle démocratique" et qu'il faut lutter à un niveau international. Tout ce courant la fait clairement le lien entre ce qu'il appelle le "néolibéralisme" et les conséquences sociales dramatiques engendrés ... donc on ne peut pas mettre toute cette mouvance la dans le même panier que les ennemis des idées socialistes malgré toutes les limites politiques qui couve dans cette mouvance.
a écrit :autant on peut défendre la petite paysannerie contre le capital, autant on doit considerer que sur la plan idéologique et politique, les idées que ses représentants diffusent sont aux antipodes des idées socialistes
:33:
Je ne suis pas au courant des positions exactes de LO en ce qui concerne la paysannerie, mais la LCR lutte pour en finir avec le pouvoir de l’agrobusiness, une politique publique visant au développement de l’emploi agricole ( avec grandes exploitations modernes, mécanisés, collectives soumis au contrôle de la population et des paysans ), au soutien à la petite paysannerie, l'introduction de norme en terme d’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, de consommation d’eau ainsi qu'une politique visant à diversifier un maximum la production agricole sur le territoire. Sans oublier la suppression des subventions à l’exportation... José Bové se retrouve dans plusieurs de ces combats, d'où le fait qu'on lutte souvent ensemble par souci d'efficacité. Des divergences, certes, et importantes même en ce qui concerne la nécessité de briser l'appareil d'État bourgeois pour batir sur ces ruines l'État des travailleurs par exemple, mais "aux antipodes", c'est exagerer!
J'ai chopé au hasard un interview ou deux de José Bové dans l'Humanité, ca ne manque pas des interviews de lui de toute facon sur le net, et voila ce qu'il expose comme son point de vue, son analyse, ses perspectives etc..etc.
a écrit :José Bové : [...]Depuis les grandes grèves de 1995 jusqu’aux manifestations anti-CPE, aux forts mouvements de contestation qui se sont ensuite développés en liaison avec la mise en place de l’Organisation mondiale du commerce. De Seattle à la puissante mobilisation de Barcelone contre la libéralisation des services, au rassemblement du Larzac en 2003 avec plus de 300 000 participants, une dynamique s’est constituée entre le vécu des gens et une prise de conscience sur le libéralisme de type nouveau et ses mécanismes internationaux visant à imposer la logique de marché à l’ensemble des secteurs comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle. Ceux qui au quotidien étaient confrontés aux délocalisations, aux logiques boursières, aux casses des services publics se sont retrouvés en phase avec ceux qui à travers des organisations, dont Via Campesina, menaient un combat contre la marchandisation de la planète. Cette dynamique collective a petit à petit débouché sur une manière nouvelle de travailler entre l’ensemble des forces sociales et les mouvements de gauche, jusqu’à la campagne de 2004-2005 contre le traité constitutionnel et la victoire du « non » de gauche au référendum. Une victoire assurée collectivement au-delà des personnes, des partis, des syndicats, mais pour laquelle chacun a joué pleinement son rôle.[...]
a écrit :Pour revenir au débat sur la constitution , les tenants du « oui » ressassent que l’UE pourrait par ce traité résister plus fortement face aux États-Unis. Que leur répondez-vous ?
José Bové. Contrairement au discours dominant, l’Europe est l’un des principaux moteurs de la libéralisation des échanges au niveau de la planète. Elle n’a rien à envier aux États-Unis. Je dirais même qu’elle est en avance sur les États-Unis, souvent plus protectionnistes. L’Union européenne veut pousser ce débat sur la libéralisation, sur l’ouverture des frontières, pour gagner la bagarre sur le commerce des services. Aujourd’hui, c’est l’Union européenne qui est en pointe : elle possède le plus de sociétés transnationales qui peuvent gagner des parts de marché sur la planète. Au niveau mondial, 82 % de ces transnationales ont leur siège social en Europe et aux États-Unis. Dans ce système de partage des marchés planétaires, les institutions politiques doivent à leurs yeux servir uniquement le développement de ces logiques de marché. Le politique est abandonné au profit unique d’intérêts privés. La construction européenne telle qu’ils veulent l’imposer renforce cette logique, puisqu’ils n’auraient plus de comptes à rendre vis-à-vis des citoyens et des parlements. Depuis le début de l’OMC, il n’y a jamais eu de débat. Ni en 1994 pour signer les accords de Marrakech, ni avant Seattle, ni dans la préparation de Cancún. À aucun moment, ces enjeux fondamentaux qui restructurent la planète ne donnent lieu à un débat où les citoyens et les parlementaires pourraient s’exprimer. Voilà, à mon avis, ce qui explique qu’aujourd’hui, dans le débat sur le traité constitutionnel, reviennent au premier plan les questions qui portent sur cet ordre économique-là, sur ce type de société-là. C’est à travers cet enjeu que se structure le clivage entre le « oui » et le « non ». Entre des gens qui acceptent d’être dominés par cette logique et ceux qui disent non et qui affirment dans le même temps : nous voulons nous réapproprier le débat, nous voulons recréer à partir d’acquis démocratiques des modes de développement où le politique décide en lieu et place de structures économiques n’ayant aucun compte à rendre.
L’ex-commissaire au Commerce extérieur de l’UE, Pascal Lamy, pourrait bien devenir le prochain directeur général de l’OMC. Un symbole ?
José Bové. À mon avis, sa candidature n’a rien d’une démarche individuelle. Pascal Lamy bénéficie de l’accord des vingt-cinq gouvernements et de la Commission européenne pour se présenter. D’une certaine manière, cela paraît cohérent, car il a été celui qui a le plus développé la logique de l’OMC. Il est, en quelque sorte, le symbole de l’ouverture des marchés, y compris sur les services, sur le démantèlement de l’agriculture au niveau de la planète. L’OMC tente une nouvelle tactique pour briser les mobilisations populaires. Nous devons donc renforcer cette mobilisation. À quelques mois du prochain sommet de Hong Kong, nous allons essayer, comme à Seattle ou à Cancún, de pousser les contradictions jusqu’au bout pour empêcher un accord. Et, d’ici là, rassembler le plus largement possible autour du « non » à la constitution néolibérale européenne.
a écrit :Peux tu donner des elements précis sur ce point ? Moi, je n'ai l'ai pas entendu (et ca m'a pas beaucoup manqué).
Pendant le CPE, il était pas particulièrement "bruyant" comme tu le dis, mais bien présent, il était la pendant les manifs, avec les caméras autour de lui, ses "fidèles", son cortège, ses interventions etc..etc.. Je pense par exemple à une de ses interventions au port de Vannes ( des camarades de la Ligue m'en ont parlé ) ou il participait à l'agitation anti-CPE/anti-CNE. Mais il était bien présent.
Je ne suis pas la pour faire l'éloge de José Bové. Inutile de me rappeller les limites de son discours, les limites de sa politique, les limitations que tout ce courant s'impose par lui même! Mais je suis la pour dire que ce courant la ne menace pas la classe ouvrière mais que bien au contraire, il représente un vivier politisé important qu'il faut rallier à notre cause et non un courant à anéantir, insulter et repousser. C'est bien pour ca que les camarades de Via Campesina sont présents à l'université d'été de la Ligue et les discussions qu'on a avec eux sont toujours fraternelles, constructives et utiles!