La crise de l'université française

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Message par Ottokar » 18 Jan 2006, 08:41

je comprends bien mal ce qui est dénoncé derrière ce jargon pseudo savant.
a écrit :les institutions participent de manière impensée à la destruction des institutions d’enseignement et de recherche. En ce sens, la situation de l’Université résume en un point focal la réification des savoirs face à la marchandisation du monde.
Quel jargon ridicule ! On se croirait revenu à l'ère des grands discours quasi-situationnistes 30 ans en arrière ! Sur le fond, je reprends juste un point :
a écrit :Ce processus vise à l’obsolescence d’une université dont les finalités étaient jusqu’alors culturelles, intellectuelles et humaines.

Que l'université ne se contente pas de diffuser le savoir pour le savoir, c'est une évidence. Même dans la Sorbonne du Moyen Age ou au XIXème, le faisait-elle ? On ne faisait pas que des Lettres , il y avait aussi des facs professionalisées, à débouchés professionnels (Médecine, Droit, et même... Théologie !). En société capitaliste, il ne s'agit pas de diffuser une culture humaine au plus grand nombre. On est gouvernés par des impératifs de productivité. Maintenant, il n'est pas forcément choquant non plus que l'université, en tant qu'instrument de diffusion de la connaissance, se préoccupe de savoir qui elle forme et dans quel but. Dans une société qui n'est pas encore débarrassée de l'obligation de produire, il faut bien former les gens qualifiés nécessaires... Contestons les choix faits, les moyens accordés, la "pénurie organisée" pas forcément le but en soi ! Ou alors contestons la société et ses priorités.

Bon enfin si c'est pour dénoncer la réduction des crédits accordés à la culture et l'éducation sous couvert de la n-ième réforme de l'université (dite "LMD"), OK... mais comme cela aurait pu être dit plus simplement !
Ottokar
 
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Message par artza » 09 Juil 2006, 06:21

(Guest @ samedi 8 juillet 2006 à 16:54 a écrit :de plus, dire que les entreprises refusent de payer pour les formations est tout simplement faux. Elles sont prêtes à payer cher pour les formations qui les prennent en compte.

Les entreprises je ne sais pas trop qui c'est.

Si on entend par là les actionnaires ça m'étonnerait, ces gens la ne sont pas là pour distribuer leurs ronds mais pour les multiplier. Le reste ils laissent ça à qui on voudra les pouvoirs publics, la charité etc...
artza
 
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Message par Ottokar » 09 Juil 2006, 07:36

A mots couverts, voici un débat bien mal engagé à mon avis. En caricaturant, la FSE réclamerait une université déconnectée de la question des débouchés professionnels, enseignant un savoir pur, mais dont le niveau de diplôme soit néanmoins reconnu. Et que fait-on si les patrons ne le veulent pas ? S'ils embauchent des licenciés bac + 3 ou même des bacs + 5 au prix d'un bachelier ou d'un brevet ? S'ils les obligent à multiplier les stages bidons sous-payés ? Mystère...

Nos "invités" de leur côté attaquent l'université au nom de la soi-disant supériorité de systèmes sélectifs aux ordres des entreprises, c'est-à-dire des besoins immédiats des patrons ! A bas l'université et la beauté du savoir pour le savoir, vive la formation étroitement spécialisée, telle que les patrons la voient, pour former des gens directement employables.

Je trouve ce débat mal engagé, car l'université, comme tout système de formation, n'est ni l'un ni l'autre.

Réclamer une université délivrant de la connaissance pour la connaissance, gratuite, c'est ce que l'université faisait au XIXème, mais dans certaines formations seulement. Il y avait des facs professionalisées, c-à-d à débouchés professionnels directs, médecine, droit, théologie (!!) et les autres, qui étaient plutôt du type conférence connaissance du monde ou Collège de France. Les profs de cette époque devaient parfois recruter leur public, un public variable. Mais quelques centaines de licences, ce n'est pas pareil que quelques centaines de milliers !

S'il est juste de dire l'université doit produire du savoir librement et le diffuser, il n'est pas choquant, dans une société qui doit bien produire les moyens de son existence, de demander aussi qu'elle forme plus de techniciens, d'ingénieurs et d'organisateurs que d'artistes peintres et de philosophes !

Mais les soi-disant besoins des entreprises (ce qui n'est pas pareil que les besoins de la société), les patrons sont incapables de les voir. D'abord, parce qu'ils sont motivés essentiellement par le rendement de leurs actions, comme le dit justement Artza. S'ils participent aux formations, c'est surtout parce que la loi leur fait obligation de payer le 1% de taxe d'apprentissage, que ce soit en finançant un lycée, une fac ou en lui refilant de vieilles bécanes pourries ! Sinon, ils continueraient bien à ne rien payer, récupérant des jeunes formés prêts à l'emploi sans rien payer, tout en râlant que l'Etat ne fait pas ou mal son boulot !

Mais surtout, les besoins évoluent. Un jeune formé aujourd'hui va travailler 37,5 années si les luttes de demain suppriment les lois Fillon et Balladur, 40 ou 42 ans sinon. Quels seront les métiers dans 40 ans ? et même dans 10 ans ? la seule façon de s'en sortir, c'est de former des jeunes avec le plus haut niveau de culture générale possible. Ce sont ceux-là qui sauront apprendre demain, évoluer, se spécialiser.

C'est pourquoi en la matière comme dans bien des domaines, l'éducation est une chose trop sérieuse pour être laissée aux mains du patronat.
Ottokar
 
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