par Jacquemart » 21 Oct 2004, 07:59
Je vais essayer de répondre plus précisément à tes questions, mais vu l'ampleur du sujet, je ne suis pas sûr d'y arriver.
La "troisième voie", c'est un serpent de mer qui revient depuis des décennies, changeant à chaque fois de nom, mais pas vraiment de contenu. Comme tu le dis, il s'agirait de naviguer quelque part entre la dictature de la bourgeoisie et la perspective communiste... bien que je ne sois pas du tout d'accord pour parler de Staline ou de Castro à propos de communisme !
L'argument principal de cette "troisième voie" - en fait, du réformisme - c'est qu'elle serait plus réaliste que la voie révolutionnaire, qui comme chacun sait, est peut-être bien sympathique, mais reste utopique. Au nom de quoi, on se prend à rêver d'un capitalisme policé, d'une bourgeoisie qui accepterait d'exploiter loyalement les travailleurs, sans trop exagérer, en les laissant vivre. Et on imagine une société où, le progrès aidant, le sort des salariés s'améliorerait bon an mal an, les capitalistes acceptant de partager avec eux les fruits du progrès.
Malheureusement, cette "troisième voie", si elle a jamais existé, est une impasse. Aujourd'hui, partout, la soif de profit des capitalistes a comme conséquence le recul pour les conditions de vie des salariés. La bourgeoisie ne veut plus partager, même les miettes. Et ceux qui parlent de "réalisme", de "progrès graduel", n'ont d'autre choix que de collaborer, et de cautionner ce recul.
Aujourd'hui, les réformes ne sont pas plus "réalistes" que la révolution sociale et la fin de la dictature de la bourgeoisie pour lesquelles nous militons. Et dire d'avance aux travailleurs qu'ils ne doivent pas toucher au pouvoir de la bourgeoisie, à ses possessions, à son fric, à son droit divin de gérer ses entreprises, à tout ce qui fait sa puissance sociale, c'est museler par avance les coups de colère des travailleurs. Voilà ce qu'est au fond, le "réalisme" aujourd'hui.
Evidemment, la discussion ne fait que commencer. Mais cela n'étonnera personne ici, j'espère qu'en discutant avec des révolutionnaires, tu finiras par changer d'avis, Crockette.