Rapport Secret Khrouchtchev

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Message par Nadia » 05 Nov 2004, 16:51

J'ai enfin trouvé le texte du fameux rapport. :roll:

Si vous voulez un vague et rapide résumé, faudra me demander poliment et compter un peu de temps.
(le début, c'est 2-3 citations de Marx-Engels, puis le "testament de Lénine", puis ça me semble parler des purges des années 35-38, et je n'ai survolé que le premier dixième)
Nadia
 
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Message par Pascal » 06 Nov 2004, 14:43

(Guest @ samedi 6 novembre 2004 à 01:50 a écrit :Je voudrais savoir si il y'a des exemples très connus sur les crimes de staline.
Aveux sur la torture, arrestation arbitraire etc  .... :blink:

Ah oui, personne à une idée sur le pourquoi du stalinisme ? :wacko:

Pour ce qui est de ta première question, on pourrait écrire une encyclopédie sur les crimes de Staline.

Logan t'a parlé de la liquidation de toute une génération de révolutionnaires communistes. Pour avoir une idée de l'ampleur de la répression chez les militants les plus connus, tu peux aller sur le site "marxists.org" et faire une recherche dans les rubriques consacrées aux troisième et quatrième internationale. Il y a des notices biographiques pour de nombreux militants communistes russes, et la plupart du temps il est indiqué qu'ils ont été liquidé sous Staline. Il existe aussi un livre sur ce sujet, Pierre Broué, "Communistes contre Staline", il est très bien mais à mon avis un peu difficile d'accès pour des non-initiés.

Sinon, on peut aussi parler des "punitions collectives" infligées par Staline à l'encontre de peuples entiers comme les Allemands de la Volga, les Tchétchènes, les Ingouches, les Balkars, etc (A part les Allemands de la Volga, il s'agit de peuples du Caucase). Pour prendre l'exemple des seuls Tchétchènes, 425.000 personnes ont été déportés en deux jours (les 23 et 24 février 1944) en direction des steppes du Kazakhsran et du Kirghiztan. On estime à 200.000 le nombre de morts pour les Tchétchènes lors de cette déportation.

Voilà pour des exemples de crimes staliniens, mais la liste n'est pas exhaustive, loin de là.

Si l'autre question que tu poses t'intéresse vraimment, je te conseille de lire des livres comme ceux de Trotsky sur la question. Pour faire vite, les bolchéviks en 1917 ne voulaient pas créer une Russie socialiste au milieu d'un océan capitaliste, mais espéraient constituer le premier acte de la révolution mondiale. Lénine et ses camarades comptaient beaucoup, en particulier, sur la révolution en Allemagne. Or, la révolution allemande a été réprimée. De plus, la jeune Russie soviétique, un pays peu développé à l'époque, a dû faire face dès sa naissance à la contre-révolution. Une terrible guerre civile a ravagé le pays jusqu'en 1920, de nombreux travailleurs qui animaient des soviets sont morts pendant cette guerre, etc. Tout cela a favorisé l'émergence d'une couche qui a pris le pouvoir, la bureaucratie. Et, pour asseoir son pouvoir, cette couche a eu besoin d'un homme à poigne, ce fut Staline, et d'une idéologie, ce fut celle du "socialisme dans un seul pays" (une abhération pour un marxiste). Aussi, le stalinisme a commis bien des crimes en URSS, mais aussi hors des frontières : en Espagne par exemple, de nombreux militants révolutionnaires ont été assassinés par des agents de Staline. En effet, la bureaucratie craignait qu'une nouvelle révolution vienne ébranler son pouvoir, et il fallait donc empêcher tout mouvement révolutionnaire dans le monde.

Mais comme le souligne Nadia, Staline, s'il a assuré le pouvoir collectif de la bureaucratie en URSS, a aussi régulièrement épuré les rangs même de cette bureaucratie. Aussi, la déstalinisation opérée par Kroutchev n'est qu'une remise en cause du rôle de Staline, et pas du tout du système bureaucratique qu'il a mis en place. Les ouvriers de Budapest le vérifieront dans leur chair.
Pascal
 
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Message par Pascal » 07 Nov 2004, 17:22

[quote=" (Amateur @ samedi 6 novembre 2004 à 20:36"]
Nous avions L'empire russe avec le tsar nicolas II, accusé de vouloir laisser les allemands d'envahir le territoire (entre autres), il fût obligé d'abdiquer ... La fin d'une monarchie![/quote]
Je n'ai pas le temps de répondre à tout, mais où as-tu trouvé que Nicolas II est obligé d'abdiquer parce qu'il aurait été accusé de vouloir laisser les allemands envahir la Russie ??

En fait, dès 1914, la Russie est en guerre contre l'Allemagne. Et sur le front, les soldats en ont assez de cette guerre, tout comme, à l'arrière, ouvriers et paysans en ont assez des privations. Le 8 mars 1917, avec la grève des ouvrières du textile de Petrograd commence la "Révolution de Février". Un formidable mouvement de masse pousse le tsar à abdiquer. Et c'est là que Kerenski prend le pouvoir. Mais, la guerre continue, malgré les appels des soviets (des conseils de travailleurs élus), les fraternisations sur le front entre soldats russes et allemands et les désertions massives. De la même façon, le gouvernement Kerenski ne répond pas aux revendications paysannes (le partage des terres) ou ouvrières (contrôle ouvrier sur la production). Aussi, le Parti Bolchevik se renforce, jusqu'à la révolution d'Octobre (7 novembre 1917) où les bolcheviks, appuyés par les soviets d'ouvriers, de soldats et de paysans, prennent le pouvoir.

Je résume beaucoup, mais à mon avis, la revendication principale des classes populaires russes était justement la fin de la guerre.
Pascal
 
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Message par logan » 07 Nov 2004, 23:04

Une des grandes différences entre le régime sous Staline et ses successeurs c'est la fin du Goulag.

Le goulag (Glavnoie Oupravlenie Laguerei, Direction principale des camps) est un système de camps de travail forcé dans lequel sont passés des millions de prisonniers.
Il naît véritablement dans les années 30, durant la grande répression contre les paysans "riches" (koulaks). Le Goulag est formellement organisé en 1934. Rapidement ses effectifs augmentent, pour atteindre plus de 2,5 millions de personnes en 1950.
Le Système du Goulag permet à Staline à la fois de réprimer les opposants et délinquants, et de produire des richesses quasi gratuitement.
Exemple : Les gisements d’or en URSS sont situés dans une région particulièrement inhospitalière, la Kolyma. Entre 1932 et 1939, la production d’or extrait par les détenus de la Kolyma (138 000 en 1939) passe de 276 kilos à 48 tonnes (35 % de la production soviétique en 1939 !).

Staline meurt le 6 mars 1953. Immédiatement le Goulag, de moins en moins rentable et de plus en plus mis en péril par les révoltes intérieures, est réorganisé.
Le 27 mars 1953, le gouvernement décrète une amnistie qui libère près de 45% des détenus (1 200 000 personnes sur 2 750 000), en majorité des petits délinquants condamnés à des peines inférieures à cinq ans.
Plus de 2,5 millions de détenus au goulag au plus fort de la répression cela semble beaucoup. Mais 2 millions, c’est le nombre de détenus aux USA de nos jours. :ohmy:

Ce n’est qu’après le XXe congrès du P.C.U.S. (fév 1956) que le Goulag se dépeuple rapidement : le nombre des détenus descend sous la barre du million en 1957, pour se stabiliser autour de 500 000 à partir de la fin des années 50.
(Source : Nicolas Werth, le goulag, Encyclopedia Universalis)

logan
 
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Message par Nadia » 08 Nov 2004, 13:05

(Amateur @ samedi 6 novembre 2004 à 20:36 a écrit : (...)
J'ai aussi trouvé une autre (marrante)
(...)

Une nouvelle idéologie apparaît : le marxisme qui est grosso-modo le vaccin du capitalisme
Lénine s'en inspire, ça devient le marxisme-léninisme !
Avec la guerre civile, rien en va plus, la bureaucratie en sort vainqueur et choisi staline comme mascotte !

Evite au passage de trop caricaturer...

Le marxisme est apparu dès les années 1840, ce n'est pas un vaccin, mais un façon logique de comprendre l'histoire et de comprendre ce qui peut se passer dans l'avenir, ce qui fait évoluer notre société. Autrement qu'en racontant qu'il y a des hommes bons, généreux, d'autres sont fous, cruels ou que sais-je encore, sans rien expliquer de ce qui se passe dans la société.
Pour les marxistes, il apparaît de l'analyse que seule la classe ouvrière (les travailleurs, par opposition à la bourgeoisie) peut renverser la dictature de la bourgeoisie.
Et avant, c'est la bourgeoisie qui fait une révolution pour renverser la dictature de la noblesse, comme cela a été le cas en France en 1789 et en Russie en février 17.
Lénine, lui, il est un dirigeant du parti social-démocrate, et comprend les revendications des prolétaires russes ; en automne 17 la situation lui semble mûre pour la prise du pouvoir par les soviets. Le gouvernement de Kérenski est dissout.

Ensuite, la guerre civile (la France et la Grande-Bretagne envoient leurs armées pour écraser la révolution prolétarienne), la révolution allemande est écrasée par le parti social-démocrate et les Corps Francs (auxquels Hitler a participé).

Staline est secrétaire général du parti, mais cela ne lui donne pas le pouvoir d'un dictateur. Ce qui se passe, c'est que la bureaucratie prend de plus en plus de poids, alors que les ouvriers sont démobilisés, les usines sont désorganisées, la famine a sévi dans les villes. Pour cela la NEP est mise en place, pour permettre à la révolution de ne pas crever, pour "tenir" jusqu'à la révolution mondiale.
A la mort de Lénine, Staline le momifie et le plante dans un mausolée. C'est le début des falsifications staliniennes et de l'enterrement des idées communistes véritables.
Une nouvelle tentative révolutionnaire échut en Allemagne.
L'Italie tombe dans le fascisme (à cause notamment des erreurs tactiques du PC italien).
La révolution chinoise est écrasée (erreurs de stratégie du Komintern).


Ce qui fait que la révolution russe se retrouve isolée. C'est alors que Stline décrète sa théorie du "socialisme dans un seul pays". Il collectivise de force les campagnes, ce qui occcasionne famines énormes et déportations des "koulaks".
Il industrialise le pays en créant de grands centres industriels. Tous ceux qui doutent un peu trop de la génialité de Staline risquent de se retrouver en camp, voire d'être fusillés. C'est le début de la terreur.

Il me semble que Staline n'était pas un fin stratège. Il a commis plein d'erreurs, occasionnant d'énormes pertes. Lorsqu'il reconnaît enfin qu'il s'est planté, il accuse tous ceux qui ont plus ou moins pensé ainsi d'être personnellement responsables de ces erreurs, en rajoutant une bonne couche démontrant leur anti-soviétisme depuis longtemps. Fin 34 il fait assassiner Kirov, le dirigeant du soviet de Petrograd/Leningrad, devenu trop important. Il fait ensuite une "enquête" sur l'assassinat, et accuse Zinoviev et Kamenev (qui au passage n'étaient pas d'accord avec la politique de Staline) ainsi que les "trotskistes" (bien que la plupart soient déjà en déportation), monte des procès délirants, et fait arrêter plein de gens "peu fiables" (pour lui, Staline).
Genre d'erreur bien grossière : Staline pense en 1936 que la France et l'Angleterre sont ses principaux ennemis, et qu'il n'a pas grand chose à craindre de l'Allemagne hitlérienne. En 39 il signe même une alliance avec Hitler. Peu après, Hitler rompt ce pact stupide et envahit l'Ukraine puis la Russie, qui n'étaient pas du tout préparées. Quelques millions de personnes sont déportées en Allemagne pour servir d'esclave, quelques millions sont écrabouillés sur place. Ce n'est qu'à ce moment que Staline se rend compte de sa bourde. Dommage, il avait supprimé de l'armée tous les cadres un peu clairvoyants qui l'avaient mis en garde dès 36 !


Le rapport Khrouchtchev n'est pas de la "poudre aux yeux". il dénonce bel et bien pas mal de crimes de Staline, ses erreurs stratégiques. Longtemps le PCF a refusé de l'admettre, le niant, et défendant encore toute l'oeuvre génialissime de Staline.
Ca a changé, qu'ensuite on pouvait parler de ces crimes, pas mal de gens ont été libérés ou réhabilités (pas Trotski, faut pas déconner), les cadres bureaucratiques n'étaient plus fusiliés ou déportés, mais simplement écartés (Khroutchef a été le premier dirigeant soviétique qui n'est pas mort en fonction).
Dans les "républiques démoncratiques" les gens ont cru qu'on pouvait réellement parler de démocratie et de droits ouvriers. Et c'est là qu'on voit les limites de ce rapport et du "dégel".
Nadia
 
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