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("Liberation.fr" a écrit :Les guichetiers SNCF accrochés à leur métier
Mobilisation hier en Ile-de-France contre un plan visant à leur faire cumuler différentes fonctions.
Par Cédric MATHIOT
mercredi 08 décembre 2004 (Liberation - 06:00)
ficelée sur le toit d'une camionnette, la sono pousse un vibrant «commandante Che Guevara». Quelques cheminots se dandinent pour se réchauffer sans sortir les mains des poches. A coups de coudes nerveux, une mère excédée fend la petite foule en traînant ses deux enfants et en lâchant des insultes bien senties. Cela provoque les sourires des cheminots. Ils sont 300 au maximum au pied de la tour de la direction régionale Ile-de-France de la SNCF, gare de Lyon, dans un froid de canard. Maigre mobilisation pour ce qu'un syndicaliste Unsa appelle «la fin programmée des guichetiers en Ile-de-France»... «La direction est maligne, explique Sébastien Chatillon, militant Sud Rail à Melun. Elle procède par petites touches, en expérimentant son texte dans la région de Melun.» Pourtant, à en croire les syndicats, l'objet de la colère du jour, un texte répondant au nom de VO 598, va faire voler en éclat les métiers, en fusionnant les ex-guichetiers, les agents d'accueil et ceux chargés de la «réhuma» (réhumanisation), c'est-à-dire les missions de présence en gare, jusqu'à présent confiés aux emplois jeunes (Libération de lundi).
Placard. Sont concernés 4 700 cheminots dépendant de la région Ile-de-France (Transilien), qui sont donc appelés à alterner vente, accueil, et diverses autres missions. Le tout est agrémenté de la mise en place d'un nouveau roulement (les agents travailleront alternativement le matin, la journée et, pour les missions de présence en gare, en "extrême soirée"). La VO 598 est une nouvelle mouture d'un projet avorté il y a deux ans qui prévoyait déjà de fondre plusieurs métiers en un seul, et avait été mis dans un placard du fait de l'opposition syndicale. Pourquoi le ressortir aujourd'hui ? La SNCF évoque la pression de l'opinion, qui «selon des enquêtes, demande de la proximité et du service». D'où l'idée de sortir les guichetiers des guichets pour les charger de tâches de proximité. Ce qui tombe pile poil au moment au la SNCF veut réduire ses coûts de distribution en multipliant les automates et en développant la télébillétique.
La VO 598 prévoit même, «à plus long terme», une organisation dans laquelle seraient uniquement réalisées en guichets «les ventes qui ne peuvent être assurées sur automates». La direction a une façon positive de présenter les choses : grâce au «déploiement des nouveaux automates et de la télébillétique», les vendeurs se voient «libérés des tâches répétitives de distribution». A eux les joies des missions variées listées par la VO 598 (dialoguer avec les marginaux, participer à l'affichage en gare, aider la clientèle à l'utilisation des automates, réaliser l'entretien des plantes et des petits travaux d'embellissement... la liste est longue de deux pages).
Missionnettes. Les agents se délecteront-ils de ces missions variées ? Alain de Saint Riquier, directeur adjoint Transilien, précise que «certaines "missionnettes", si elles ne passent pas auprès des partenaires, pourront être supprimées lors des négociations». Car négo il y aura. La VO 598 peut en effet s'honorer d'avoir étrenné l'alarme sociale à la sauce SNCF. Conformément au protocole de prévention des conflits signé en octobre, les syndicats ont déclenché une procédure de conciliation immédiate. Le texte sera discuté jusqu'au 31 mars.