Motion action déposée par l’Emancipation
AVEC FILLON, APRES LES RETRAITES, L’ECOLE ? LA DEFAITE N’EST PAS INELUCTABLE
L’offensive libérale s’accélère
Après la défaite du mouvement social de 2003, le gouvernement est décidé à attaquer dans toutes les directions. Dictée par le MEDEF, cette politique multiplie les cadeaux pour les couches les plus favorisées : révision de l’impôt sur la fortune, baisse des frais d’héritage, privatisations accélérées. Parallèlement, les licenciements se multiplient et l’emploi précaire devient la règle. Le plan Borloo vise à mettre au pas précaires et chômeurs. La pauvreté et l’exclusion sociale se développent. La Fonction publique et les services publics sont particulièrement touchés par cette politique. Faute de moyens, l’Hôpital et la Poste sont en crise et dans l’incapacité d’assurer leurs missions. Le ministre Dutreil se félicite ouvertement de cette paralysie et justifie à l’avance blocage des salaires et suppressions de postes. Dernière agression en date contre les travailleurs : l’annonce de la remise en cause des “ 35 heures ”.
Enfin, la logique sécuritaire se développe avec de nouvelles lois liberticides contre les pauvres, les jeunes, les sans papiers, les demandeurs d’asile, les Roms.
L’école n’échappe pas à cette politique : loi d’orientation, budget, décentralisation, LOLF
Pour la FSU, le projet de loi d’orientation sur l’école présenté par le ministre Fillon aggrave les politiques libérales qui touchent déjà le système éducatif. La FSU relève que le message adressé à l’opinion publique et aux enseignants vise à faire croire que cette contre-réforme serait un moindre mal par rapport au “ rapport Thélot ”. Le gouvernement vise en fait à créer un consensus politique large autour de sa contre-réforme, en cherchant à donner l’illusion d’une réforme “ modérée ”.
En effet, derrière des annonces volontaristes (80% d’une classe d’âge au Bac et 50% qui obtient un diplôme de l’enseignement supérieur) qui servent de leurres (par exemple les “ licences professionnelles ” dans le Supérieur) et resteront lettres mortes faute de moyens et de réelle volonté, la FSU constate que Fillon fait des propositions qui révèlent les vrais enjeux de cette loi pour le gouvernement Raffarin :
- pour la FSU l’instauration du “ socle commun ” défini par le gouvernement vise en fait à réduire la formation initiale à des contenus extrêmement flous et limités, avec une conception rétrograde de la culture. Ce “ socle commun ” exclut un certain nombre d’enseignements (enseignements artistiques, éducation physique), amoindrit la portée de beaucoup d’autres (histoire-géo, langues, mais aussi lettres et mathématiques…). Dans le même temps, aucune garantie n’est apportée quant au maintien de la grande section de maternelle dans le premier degré.
- la FSU dénonce la volonté de stigmatisation des élèves en difficulté, pour mieux les orienter précocement vers l’alternance et l’apprentissage. Elle considère que ce renoncement complet au profit d’une école du tri social, dont les enfants des milieux populaires seront les premières victimes, continuerait une régression majeure. Elle estime que le développement de l’alternance école-entreprise s’intègrerait dans la même logique, en cohérence avec la loi Borloo de “ cohésion sociale ” qui préconise lui aussi une forte augmentation du nombre d’apprentis formés exclusivement pour les besoins à court terme du patronat.
- enfin, la FSU s’oppose à la soumission aux intérêts économiques patronaux de l’ensemble de la formation professionnelle, préparée par les propositions Fillon et les réformes en cours : au collège, avec la “ nouvelle 3e ” (option “ découverte professionnelle ” pouvant s’articuler avec une “ 4e d’alternance ” et reposant sur l’alternance école/entreprise) ; au lycée, où il n’est nulle part question de classes passerelles et de réorientations possibles. Les voies de formation, et même les filières, seront encore plus étanches.
Au final, l’application de la “ loi d’orientation ” aboutirait à renforcer les inégalités scolaires et sociales, et à vider de son contenu le service public d’éducation ; elle aboutirait à une mise en cause du caractère national des horaires et des diplômes (déréglementation du brevet des collèges et surtout du bac – qui ne serait plus un diplôme national - par le contrôle continu).
Pour la FSU, les propositions ministérielles concernant les conditions de travail des personnels sont tout aussi condamnables. Elle estime que le gouvernement entend :
- mettre au pas les personnels par le renforcement des pouvoirs des hiérarchies. Elle s’oppose à la proposition de “ conseil pédagogique ” non élu et composé à la discrétion du chef d’établissement dans le second degré, et qui régenterait une partie de la pédagogie des enseignants et du travail des équipes, mais aussi probablement interviendrait sur leur notation (donc leur avancement) et leur service.
- poursuivre la casse des statuts nationaux, notamment par le “ remplacement ” à l’interne des enseignants absents dans les collèges et les lycées, qui, outre un allongement des horaires, vise en fait à amorcer une globalisation du temps de travail sur une base annuelle dans les horaires statutaires des enseignants du second degré, et préfigurerait une annualisation de leur temps de travail. Dans le second degré, cette politique se doublerait d’une régionalisation à terme des recrutements et des affectations.
Pour la FSU, c’est donc bien d’une nouvelle offensive libérale dont l’école est victime. D’ailleurs le budget confirme ces craintes: nouvelles suppressions de postes, non compensation des départs à la retraite, généralisation du recours à l’emploi précaire sur fond de LOLF et de décentralisation (en particulier des personnels TOS), y compris des recrutements. S’y ajoute l’augmentation du poids des hiérarchies à tous les niveaux (notamment pour l’évaluation et la carrière des personnels ATOSS, ainsi que dans l’ensemble de la Fonction Publique globalement).
Riposter sans attendre
Pour la FSU, ces enjeux majeurs concernent l’ensemble du syndicalisme et des salariés. Elle considère que la mobilisation pour le retrait du projet Fillon, doit se poursuivre et s’amplifier. La grève du 7 décembre organisée par certains de ses syndicats a pu permettre de commencer à rompre avec l’inertie et le découragement. Mais une grève d’une journée n’arrêtera pas le gouvernement.
Pour la FSU, le projet de loi Fillon d’orientation pour l’avenir de l’école n’est ni amendable ni négociable. Elle estime que la lutte contre la “ loi d’orientation ” et pour le retrait des propositions ministérielles passe par une action unie des organisations syndicales, une lutte des personnels y compris par la grève reconductible.
Dans ce cadre, la FSU oeuvrera pour impulser l’auto-organisation des personnels et la conduite démocratique de la lutte : elle considère que les AG d’établissements et de secteurs, souveraines, peuvent porter cette mobilisation, en favorisant notamment des initiatives unitaires à la base autour de la revendication du refus du projet Fillon et des projets gouvernementaux dans lesquels il s'insère, en recherchant l’appui des parents d’élèves et des organisations de travailleur-se-s.
Dès maintenant, la question des suites de la grève et de l’élargissement de la lutte à l’ensemble des personnels de l’Education nationale et à toute la Fonction publique, est posée.
Pour éviter des ripostes, secteur par secteur, qui seraient vouées à l’échec, la FSU proposera de développer en commun des perspectives de mobilisation intersyndicales et interprofessionnelles dès la rentrée de janvier, dans l’objectif d’enclencher une véritable dynamique de luttes sociales, inscrite dans la perspective de la construction d’une grève générale public-privé. Elle proposera aux confédérations une action commune contre la remise en cause des acquis sociaux, notamment concernant les salaires, la précarité et le temps de travail.