(Le Monde @ 31 décembre 2004 a écrit :Grève évitée in extremis dans les casinos
La plupart des syndicats des casinos, qui menaçaient d'appeler à cesser le travail vendredi 31 décembre pour la défense des salaires et des conditions de travail, ont renoncé, jeudi soir, à la grève, après avoir signé un accord avec le patronat, notamment sur des hausses de rémunérations.
A l'issue d'une ultime réunion convoquée au dernier moment par le patronat à Paris, jeudi dans la soirée, quatre syndicats (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC) ont signé un accord qui prévoit des hausses de salaires et ont affirmé avoir obtenu des engagements sur le travail de nuit et la prévoyance pour les 17 000 salariés des 188 casinos-jeux de France.
"Nous sommes quatre syndicats à avoir accepté de signer un accord et nous appelons à la levée du préavis de grève", a déclaré à la presse Pierre-Alain Durat, responsable CFE-CGC, au nom de l'intersyndicale.
Le cinquième syndicat, la CFTC, a refusé de signer, ne voyant dans l'accord "que des promesses", et va consulter ses adhérents pour "savoir elle lève ou non l'appel à la grève", a précisé son responsable, Charles Albert.
Au nom du patronat, Joël Mingasson, président du syndicat professionnel Casinos de France, s'est "félicité" que les syndicats aient mis fin à la grève.
"Nous avons en face de nous des syndicats responsables qui ont su accepter la main tendue" du patronat, a-t-il déclaré, parlant d'un "dialogue constructif".
Dans un communiqué, les deux organisations patronales, Casinos de France et Casinos modernes, ont précisé que l'accord était "soumis à la levée effective du mot d'ordre de grève et donc à l'absence de toute perturbation" le 31 décembre.
Selon la CFE-CGC, les syndicats ont obtenu dans cet accord 3 % d'augmentation de salaires pour tous et 4 % pour les plus bas, alors que le patronat avait selon les syndicats "retiré" ces propositions lors de la dernière négociation, le 22 décembre, faute d'accord global.
NÉGOCIATIONS SUR LE TRAVAIL DE NUIT EN 2005
Les syndicats signataires ont également obtenu "un engagement sur le régime de prévoyance" de la part du patronat, afin de couvrir les gros risques (accident, décès, etc), en se mettant d'accord sur la répartition des cotisations entre employeurs et salariés, a ajouté le syndicaliste.
Concernant la troisième revendication, les compensations au travail de nuit, le patronat a, selon M. Durat, "promis de nouvelles négociations au premier trimestre 2005".
"Nous avons confiance dans cette future négociation", a affirmé pour sa part le représentant du patronat.
Les syndicats avaient lancé leur appel à une grève reconductible depuis le 26 novembre pour dénoncer notamment les salaires très bas de la profession, frappée par une chute des pourboires de 9,89 % cette année après une baisse de 18,83 % la saison précédente, due à la généralisation des machines à sous.
Selon les syndicats, la mobilisation s'annonçait importante et une quarantaine de casinos risquaient d'être fortement perturbés.
Mais M. Mingasson a laissé entendre de son côté qu'il s'attendait à une "mobilisation très moyenne", selon les sondages des renseignements généraux.
La nuit de la Saint-Sylvestre est l'une des dates de l'année où les casinos réalisent le plus gros de leur chiffre d'affaires.
La saison 2003-2004 pour les casinos a été marquée par un nouveau record, avec un produit brut des jeux de 2,613 milliards d'euros en hausse de 2,60 %, représentant toutefois la plus faible croissance des 15 dernières années, selon les groupes casinotiers.