"La mobilisation ne doit pas s'arrêter"
Voici les déclarations des dirigeants des grandes centrales syndicales, en marge de la manifestation parisienne sur les 35 heures, l'emploi et les salaires, samedi 5 février.
Bernard Thibault (CGT) : "Il est clair que le privé est très présent dans les cortèges. Le gouvernement doit réaliser que les salariés ne sont pas dupes de ses slogans hypocrites. Contrairement à 2004, les syndicats sont davantage prêts à se mobiliser ensemble, il est de leur responsabilité de réfléchir aux suites à donner.
Je suis pour que dans les entreprises, dès lundi, les salariés discutent des suites du mouvement : si nous sommes sans cesse plus nombreux, le gouvernement va devoir changer. Ce ne serait pas la première fois que la rue forcerait un gouvernement à modifier sa politique."
François Chérèque (CFDT) : "Selon le premier bilan des manifestations en province, la mobilisation est très forte, supérieure à celle des fonctionnaires il y a trois semaines, et les salariés du privé sont très présents. Cela montre que les salariés ne sont pas dupes du marché que leur propose le gouvernement sur les 35 heures et qu'ils sont prêts à défendre leur temps de travail. Il faut que le premier ministre entende, et qu'il retire ou modifie son projet de loi."
Jean-Claude Mailly (FO) : "Les premiers échos des manifestations nous montrent que ça marche et que les gens du privé sont là aussi : c'est ce qu'on voulait. Le problème numéro un aujourd'hui, c'est d'augmenter les salaires, pas les horaires. Il n'est pas suffisant que le gouvernement écoute, on veut qu'il entende et le patronat aussi. La question c'est maintenant : qu'est-ce qu'on fait après. Je proposerai à la commission exécutive de FO, jeudi, qu'on débatte avec les autres organisations d'organiser des arrêts de travail ensemble."
Gérard Aschieri (FSU) : "La mobilisation aujourd'hui semble aller au-delà de celle des fonctionnaires, c'est une bonne surprise. Quand on met en relation la journée fonctionnaires du 20 janvier, le mouvement des chercheurs et des lycéens et ce qui se passe aujourd'hui, on voit qu'il y a un vrai retour de la combativité. Le gouvernement doit regarder ça de près et changer sa politique en termes de droits pour les salariés ainsi que sur les salaires, les services publics et l'école. La FSU compte poursuivre le mouvement."
Alain Olive (UNSA) : "Je crois que la mayonnaise a pris autour de quelque grands thèmes, évidemment les 35 heures et la question salariale, mais les salariés sentent également qu'à partir du moment où la baisse du temps de travail est abandonnée pour créer des emplois, et que la croissance n'est pas au rendez-vous, il reste peu de perspectives pour l'emploi. On sent également un réveil et une mobilisation du privé, une prise de conscience de la dégradation de la situation, notamment sur les salaires. C'est un ras-le-bol qui n'est pas corporatif et dont le gouvernement devrait tenir compte."
Jacques Voisin (CFTC) : "C'est un signe fort à l'attention des pouvoirs publics pour dire que la démocratie ce n'est pas un monologue. Il faudra que l'Assemblée nationale prenne en compte cette journée. Les salariés du privé ont pris conscience qu'il était dangereux de laisser les décisions les concernant à d'autres. Cette journée démontre que les syndicats peuvent se retrouver sur l'essentiel."
Annick Coupé (Solidaires) : "Les premières manifestations ont été assez massives et montrent qu'il y a un sentiment de mécontentement très fort sur les salaires et les 35 heures, mais aussi les services publics et l'éducation. C'est le signe d'une remobilisation. Sauf si le gouvernement dit 'on augmente les salaires, on arrête la loi sur les 35 heures et la loi Fillon', la mobilisation ne doit pas s'arrêter."
Avec AFP