par DocStarrduck » 11 Fév 2005, 12:01
"Fillon, t'es foutu, mai 68 est revenu",
LEXPRESS.fr avec AFP
11:34 - Le ministre de l'Education nationale François Fillon a assuré jeudi soir sur France 3 qu'il "ne ferait pas une réforme du bac" tant que les craintes n'auront pas été levées à ce sujet, après une journée de fortes manifestations des lycéens.
François Fillon écoute les débats, le 9 février 2005 à l'Assemblée nationale à Paris
© AFP Stéphane De Sakutin
"Je ne ferai pas une réforme du bac tant que nous n'aurons pas levé les craintes qui sont exprimées", a déclaré le ministre, alors que près de 100.000 lycéens ont manifesté un peu partout en France. "Sur le bac, je veux qu'on discute, qu'on arrive à un accord" avec les syndicats enseignants, les lycéens et les fédérations de parents d'élèves, réunis dans un groupe de travail, a-t-il ajouté, en précisant être "prêt à bouger sur tous les sujets".
"Je ne veux, pas plus que les lycéens qui manifestaient dans la rue, un bac qui donnerait le sentiment d'être dévalorisé", a poursuivi M. Fillon. "Le bac n'est pas un sujet central de la réforme que je propose", a-t-il soutenu.
Le projet de loi sur l'Ecole, incluant la réforme du bac, doit être débattu à partir de mardi à l'Assemblée nationale. Les syndicats d'enseignants et les lycéens ont déjà appelé à une journée de mobilisation à cette occasion.
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a assuré vendredi qu'il n'y avait pas de "crispation" sur la question du baccalauréat et il a ajouté que le gouvernement avait "les moyens de rassurer" les lycéens opposés à la réforme de cet examen.
"J'ai le sentiment que les jeunes sont aujourd'hui inquiets sur le baccalauréat. Nous avons les moyens de les rassurer", a-t-il dit sur RTL, en rappelant que la porte du ministre de l'Education nationale François Fillon était "ouverte".
Le Premier ministre a souhaité que "les discussions puissent aboutir à l'apaisement" au lendemain des manifestations lycéennes. "Il n'y a pas sur ce sujet évidemment de crispation", a-t-il affirmé, ajoutant que le gouvernement voulait "un bac solide, qui puisse permettre l'entrée dans l'enseignement supérieur, qui conduise les jeunes à la réussite".
Des milliers de lycéens dans une rue du centre ville de Lyon le 10 février 2005
© AFP Fred Dufour
Jeudi, près de 100.000 lycéens sont descendus dans la rue dans les principales villes de France, répondant à l'appel de leurs syndicats, Fidl et UNL, pour une journée nationale contre le projet de loi Fillon, et notamment contre l'introduction de contrôle continu au bac.
Des milliers de lycéens dans une rue du centre ville de Lyon le 10 février 2005
© AFP Fred Dufour
La mobilisation des lycées, engagée depuis maintenant une dizaine de jours, est montée d'un cran. Les cortèges ont été nettement plus importants que les jours précédents, les revendications se radicalisant même, les cris de "Fillon démission" rejoignant souvent ceux qui se bornaient à réclamer le retrait de sa réforme.
La manifestation la plus importante s'est déroulée à Paris, où des lycéens venus de toute l'Ile-de-France ont défilé de la République à Sèvres-Babylone. Estimés entre 40.000 et 80.000 par les organisateurs, et à 15.000 par la police, les manifestants franciliens défilé aux cris de "Non, non, non à la réforme Fillon", "Fuyons Fillon" ou "Fillon, get bac!".
En province également, les lycéens avaient déserté en masse "les bahuts" pour rejoindre les manifestations. A Lyon, ils étaient 12.000 (selon la police et les organisateurs), défilant derrière une banderole rouge et criant "Fillon, le +Sarko+ de l'Education" et "Fillon démission".
Ils étaient 5.000 dans les rues de Bordeaux et autant dans celles de Rennes (selon la police, les organisateurs donnant des chiffres plus élevés encore). Ils étaient encore 3.500 à Toulouse, 2.500 à Nancy, au Mans et à Mont-de-Marsan, 2.000 à Perpignan, défilant aux cris de "Fillon, t'es foutu, mai 68 est revenu", 2.000 également à Tarbes, 1.500 à Metz et à Pau, presque autant à Agen, Dax, Caen, Quimper, Castres notamment, et 700 à Montpellier et Bayonne.
Cette mobilisation peut être considérée comme massive - les lycéens sont environ 2 millions au total - d'autant plus qu'une partie de la France est en vacances d'hiver depuis samedi. Ainsi, les académies d'Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitiers, Reims, Rouen et Strasbourg manquaient à l'appel.