Intersyndicale sur l'Enseignement Professionnel
Déclaration intersyndicale enseignement professionnel
A l’initiative de l’UNSEN-CGT, l’UNSEN-CGT, le SNETAA-EIL, le SGEN-CFDT, le
SE-UNSA et le SNUEP-FSU, principales organisations syndicales des lycées
professionnels, se sont rencontrées au plan national le 1er février. Elles
ont convenu de l’intérêt de rechercher un cadre d’action intersyndical. Ces
efforts viennent d’aboutir ce 2 mars à la déclaration intersyndicale jointe
ci-dessous. Outre le 10 mars, elle ouvre la perspective de délégations
locales et d’une pétition nationale.
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Les organisations syndicales Unsen-cgt, Snetaa-Eil, Sgen-Cfdt, Se-Unsa et
Snuep-Fsu dénoncent les orientations politiques actuelles en
matière d'enseignement professionnel.
Les suppressions de sections de formation se poursuivent depuis maintenant
3 ans. L'offre d'enseignement professionnel est sérieusement entamée, les
conditions d’études pour les jeunes et de travail pour les personnels se
dégradent, notamment avec les regroupements en enseignement général.
Cette situation est le résultat de choix budgétaires qui sacrifient
l'emploi dans l'Education nationale et singulièrement dans les Lycées
professionnels.
Le budget 2005, qui programme la suppression de 2 166 emplois de PLP, se
situe dans la lignée des 2 budgets précédents. Les postes ouverts au
concours de recrutement des PLP connaissent une amputation de 1 500 postes
en deux ans. Le recrutement prévu pour cette année ne compensera pas les
départs prévisibles à la retraite (2 840 recrutements pour 3005 départs).
Les potentialités de l’enseignement professionnel sont attaquées alors que,
dans le même temps, le gouvernement entend promouvoir
l’apprentissage.
Ainsi, la loi d'orientation insiste sur la nécessité d'augmenter de
cinquante pour cent le nombre d'apprentis actuellement présents -plus de
20 000 dans les lycées professionnels et les lycées technologiques- pour
répondre aux objectifs fixés par le gouvernement de passer de 360 000
à 500 000 apprentis dans et hors Éducation nationale d'ici 2009.
Il y a là une certaine cohérence entre le désengagement de l’Etat vis-à-vis
des formations sous statut scolaire et le développement de
formations sous contrat d’apprentissage.
Ne sommes-nous pas dans une stratégie de substitution de l’un par rapport à
l’autre ?
Les organisations Unsen-cgt, Snetaa-Eil, Sgen-Cfdt, Se-Unsa et Snuep-Fsu,
rappellent leur opposition à cette politique qui hypothèque gravement
l’avenir. Se trouve en effet posée la pérennité d’un système de formation
qui a fait ses preuves.
S’il est vrai que l’apprentissage complète la formation initiale publique,
la complémentarité dont parlent les ministres, et souvent les régions, est
un moyen de concurrencer l’enseignement professionnel au profit de
l’apprentissage. Il n'est pas, comme le présente la loi Borloo, un
dispositif d'insertion réservé aux publics en difficulté. Il n'est pas non
plus, loin s'en faut, un remède miraculeux contre le chômage des jeunes
comme tente de le faire croire le gouvernement.
Il est conçu davantage comme une réponse politique au chômage des jeunes que
comme un véritable dispositif de formation initiale.
Nous sommes attachés à la défense et à la promotion d’un enseignement sous
statut scolaire qui accueille la moitié des élèves scolarisés du second
degré, dans les lycées professionnels et les lycées technologiques :
Ø Parce qu’il pose le principe d’une formation professionnelle
associée à un enseignement général complet et de haut niveau,
permettant une insertion professionnelle et favorisant les évolutions
ultérieures dans le cadre d’une formation continue ;
Ø Parce qu’il a su s’ouvrir sur l’entreprise pour asseoir les contenus
de formation sur la réalité des métiers ;
Ø Parce qu’il pose les principes fondamentaux de la laïcité
républicaine où prime l’intérêt général et non les intérêts des
entreprises.
La mise en place de classes de 3è « découverte professionnelle » 6 heures
dans les lycées professionnels complète les actuelles 4è en
alternance et réhabilite en fait le palier d’orientation dès la 5è.
Découvrir les métiers est utile à tout collégien. Ceux qui sont en
difficulté n’en ont pas plus, ni plus tôt, besoin ou envie pour vaincre
leurs difficultés. Le traitement de ces difficultés nécessite d’autres
analyses et d’autres moyens. Loin de cela, on utilise la découverte
professionnelle renforcée en 3è comme filière de relégation. La "vocation"
de remédiation à l'échec scolaire de l'enseignement professionnel se trouve
ainsi confortée. Même si l'enseignement professionnel doit participer, comme
les collèges et les LEGT, à la remotivation de certains élèves, le désigner
comme le seul recours aux difficultés scolaires conduit à stigmatiser et
cette voie et les élèves. C’est par ailleurs oublier que sa principale
mission est de leur donner une qualification professionnelle reconnue.
Ainsi, la loi d’orientation, rejetée par la totalité des organisations
syndicales et des associations de parents d’élèves et de lycéens au Conseil
Supérieur de l’Education, constitue une sérieuse menace pour le service
public d’éducation dans son ensemble.
Les dispositions concernant l’enseignement professionnel et les PLP sont
particulièrement néfastes. Elles annoncent la casse du statut des PLP
avec, en perspective, une redéfinition des services et de nouvelles
obligations, notamment celle d’enseigner en apprentissage.
Après le succès des actions du 20 janvier les organisations Unsen-cgt,
Snetaa-Eil, Sgen-Cfdt, Se-Unsa et Snuep-Fsu appellent les PLP à
préparer activement les actions interprofessionnelles du 10 mars pour la
défense du service public et à inscrire dans ces actions les aspects
spécifiques portant sur les enjeux de l’enseignement professionnel pour :
Ø L’abandon du projet de loi d’orientation,
Ø L’arrêt du développement de l’apprentissage en concurrence à
l’enseignement professionnel,
Ø Des moyens budgétaires permettant de préserver et de développer
l’offre de formation des lycées professionnels et des lycées
technologiques,
Ø L’ouverture de négociations.
Les organisations Unsen-cgt, Snetaa-Eil, Sgen-Cfdt, Se-Unsa et Snuep-Fsu
décident d’entreprendre une campagne de mobilisation de l’ensemble des
personnels de la voie professionnelle en lançant un appel unitaire pour
arrêter le démantèlement de l’enseignement professionnel initial, public et
laïque.
Dans un premier temps, elles engagent leurs organisations académiques à
solliciter, courant mars, des audiences communes auprès des rectorats et
conseils régionaux appuyées, partout où c’est possible, par des délégations
d’établissement.
Elles se retrouveront afin d’examiner les termes d’une pétition nationale
sur le thème « Halte au démantèlement de l’enseignement professionnel ».
Paris, le 2 mars 2005