par azadi » 19 Mai 2005, 19:24
Puis la grève s'étend :
jeudi 19 mai 2005, 19h27
Les raffineries Total arrêtées au quatrième jour de grève
PARIS (AFP) - Une grève perturbe depuis lundi les raffineries Total (Paris: FR0000120271 - actualité) , pour la plupart contraintes à l'arrêt, et menace d'entraîner des pénuries de carburant selon les syndicats, qui demandent à la direction de compenser le lundi de Pentecôte travaillé alors que le groupe affiche des profits records.
Les salariés de cinq des six raffineries françaises du groupe pétrolier ont reconduit jeudi matin la grève entamée quatre jours plus tôt, à l'appel de quatre syndicats.
La raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) était déjà complètement bloquée depuis lundi et celle de Feyzin dans le Rhônes l'a été jeudi soir, selon la direction de Total, qui a reconnu que "des manoeuvres d'arrêt" étaient en cours dans tous les raffineries en grève, dont celle de Grandpuits (Seine-et-marne).
La raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) sera arrêtée vendredi, a de son côté indiqué la direction du site.
Selon la CGT, la production de celle de Gonfreville l'Orcher, près du Havre, la plus importante de France, a aussi totalement cessé jeudi.
"Le groupe s'organise pour qu'il n'y ait pas de problèmes d'approvisionnement", a assuré la direction.
"Il n'y a pas de risque de rupture sur le court terme. Nous avons une visibilité jusqu'au milieu de la semaine prochaine. Nous sommes en veille, et non pas en situation d'urgence", a-t-on par ailleurs indiqué jeudi soir à Bercy.
Total possède 6 des 12 raffineries de pétrole en France, et "22% de part de marché de la distribution".
Selon la CGT, premier syndicat, "les stations-service du réseau vivent leurs dernières gouttes de carburants, les dépôts n'étant plus alimentés par les raffineries", et des pénuries pourraient commencer "d'ici 24 heures".
"Plus une goutte ne sort des raffineries en grève", a renchéri François Pelegrina, coordinateur CFDT-Total.
Au-delà des menaces sur le carburant, "c'est toute l'activité économique liée au pétrole qui est touchée", affirme la CGT. Ainsi, l'usine de lubrifiants de Rouen "arrêtera de fonctionner dans quelques heures, par manque d'huiles de base en provenance de la raffinerie" de Normandie.
"Les chaînes de montage des usines Renault (Paris: FR0000131906 - actualité) pourraient être amenées à s'arrêter, faute de stocks d'huile", ajoute le syndicat.
Le mouvement, qui risque selon la CFDT de s'étendre à la branchie chimie, était suivi jeudi à 98%, selon la CGT.
La direction a fait état de son côté de "70% du personnel posté (3X8) en grève", soit "25% de l'effectif global" des raffineries.
Sur un effectif total de 49.000 salariés en France, le groupe pétrolier emploie 21.700 personnes dans la branche pétrole, avec 3.700 personnes pour le raffinage seul, dont 1.940 travailleurs postés.
Les syndicats CGT, CFDT, FO et Sud avaient appelé à la grève lundi pour dénoncer la "décision unilatérale" de la direction de supprimer le jour férié de la Pentecôte pour les travailleurs de jour et de retirer une journée de RTT pour les travailleurs postés.
Mardi, l'annonce par le PDG Thierry Desmarest aux actionnaires d'une "hausse de 15% de leurs dividendes a mis le feu aux poudres", a expliqué la CGT, selon laquelle "Total a les moyens de payer la journée de solidarité sans augmenter la durée du travail".
Après des profits records en 2004, le groupe a continué à profiter des prix élevés du pétrole au premier trimestre 2005, son bénéfice net ajusté atteignant les 2,92 milliards d'euros.
Les revendications des syndicats portent également sur l'emploi, après l'annonce de la suppression de 523 emplois dans la filiale chimique Arkema, a fait valoir M. Pelegrina, qui parle d'un "ras-le-bol général".
"La Pentecôte a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. La société n'arrête pas d'engranger les bénéfices et pour les salariés il ne se passe rien", a commenté le responsable cédétiste.