a écrit :Au Mans, un centre d'appels pousse un syndicaliste dehors
Un délégué Sud menacé de licenciement pour «agissements graves».
Par Nicolas de la CASINIERE
mardi 14 juin 2005 (Liberation - 06:00)
Nantes correspondance
le centre d'appels veut éloigner le délégué syndical SUD. En le licenciant pour faute. «Agissements graves créant un climat de tension délétère», dit la lettre qui met à pied Frédéric Madelin pour dix jours, jusqu'à l'entretien préalable au licenciement, le 17 juin. Très crispé dans sa vision du droit syndical, le courrier ajoute : «Vous dénigrez, insultez, menacez de manière systématique et publiquement vos collègues en faisant preuve de harcèlement et d'agressivité à l'égard de l'employeur et des salariés.»
Le service communication de B2S Business Support Services, qui compte 2 500 salariés lâche d'un ton insidieux : «On ne peut rien dire, sauf qu'il y a un amalgame malheureux entre le droit syndical et des comportements individuels.»
Syndicaliste combatif sur le plateau du centre d'appels Ceritex B2S du Mans (Sarthe), Frédéric Madelin siège au comité central d'entreprise. Le directeur général Etienne Ortega en a fait sa bête noire et enrage chaque fois que le délégué syndical prend la parole. Jusqu'à menacer en réunion le syndicaliste, affirmant qu'il «ne [se gênerait] pas pour lui casser la gueule, à ce p'tit con».
Le climat ne s'est pas apaisé après une grève dure en janvier pour réclamer sans succès 5 % de hausse de salaire. La direction a répondu en envoyant des vigiles, des huissiers, des CRS. Depuis, deux autres meneurs du mouvement, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) et au Mans, ont été virés.
Il faut dire que les patrons de B2S ne rigolent pas. Surnommés les 2B4 clin d'oeil au boys band 2B3 , les quatre dirigeants de cette grosse PME ont déjà attaqué le syndicat SUD de B2S devant la justice, pour avoir mis en ligne sur le site de SUD PTT des tracts mettant en cause la gestion de leur entreprise.
Aujourd'hui, la même direction fait un procès en représentativité à Frédéric Madelin, qui vient d'être désigné délégué syndical central. «La semaine dernière, en une heure, on a recueilli 100 signatures à la pétition de soutien contre mon licenciement. On est actuellement 350 sur le site, dit Frédéric Madelin. Si le climat est très sain entre salariés, il reste très tendu avec la hiérarchie.»
Comme je sais que les camarades de Ceritex lisent le forum, je profite de l'occasion pour leur adresser ma totale solidarité face à la repression patronale.