Grève générale en Belgique

Message par logan » 09 Oct 2005, 17:09

a écrit :La Belgique mobilisée pour sa première grève générale depuis treize ans
LEMONDE.FR | 07.10.05


La grève générale de 24 heures déclenchée vendredi 7 octobre en Belgique par le syndicat socialiste FGTB, à la veille de négociations cruciales sur l'avenir de la sécurité sociale et du système des retraites, a été largement suivie, tant dans le secteur public que dans le privé. "C'est vraiment un grand succès, qui atteint largement nos espérances. Si le monde politique ne comprend pas le message, ça devient grave", a déclaré le secrétaire général de la FGTB wallonne, Jean-Claude Vandermeeren.

Plongée dans un épais brouillard depuis l'aube, pratiquement privée de transports en commun et d'activités commerciales et industrielles, la Belgique tournait au ralenti dans la journée. Des "piquets" syndicaux ont bloqué à partir de 6 heures plusieurs carrefours aux entrées de Bruxelles, causant des embouteillages sur les autoroutes menant à la capitale.

La circulation ferroviaire était totalement à l'arrêt dans tout le pays, y compris sur les réseaux Thalys et Eurostar, dont les TGV s'arrêtaient à Lille. Le trafic ne devrait pas reprendre avant 22 heures. L'aéroport de Bruxelles fonctionnait normalement, selon la société gestionnaire BIAC. Celui de Charleroi, qui accueille notamment les vols de la compagnie Ryanair, était en revanche complètement fermé.

DÉFENDRE LES RETRAITES ET LA "SÉCU"
La mobilisation est destinée à défendre le système des retraites et de la sécurité sociale, qui font l'objet de réformes du gouvernement. Selon le bureau fédéral du plan, le vieillissement de la population devrait grever sévèrement le budget des retraites dans les prochaines années. Les fonds consacrés aux pensions, qui représentent 9,3 % du PIB de la Belgique en 2004, pourraient atteindre 12, 3 % en 2030. Sur la même période, les dépenses de santé seraient aussi en hausse, passant de 7,2 % à 9,5 %.

Le gouvernement libéral-socialiste souhaite relever le niveau d'emploi du pays pour remédier à cette situation. La Belgique a un taux d'emploi qui se situe en dessous de la moyenne européenne : seuls 60,3 % des Belges âgés de 15 à 64 ans avaient un emploi en 2004, contre 63,3% dans l'UE. Le gouvernement souhaite retarder l'âge du départ en prépension (préretraite), en le faisant passer de 58 à 60 ans.

"AUCUNE GARANTIE"
Le premier ministre Guy Verhofstadt a déjà prévenu qu'il ne se laisserait pas "intimider par des grèves". Mais celle-ci, la première "générale" en Belgique depuis treize ans, représente un test pour son gouvernement. Il a précisé qu'il mènera sa réforme "avec les syndicats si possible, sans eux si nécessaire".

Depuis l'ouverture des négociations il y a une semaine, le gouvernement a quand même tenté de rassurer les syndicats. Il a notamment proposé d'affecter à la "Sécu" le revenu des comptes des Belges à l'étranger, soit 500 millions d'euros. Un montant qui reste "insuffisant", d'après la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB). Sur les propositions de fins de carrières, la FGTB est encore plus critique, estimant n'avoir reçu "aucune garantie". "Des ouvriers qui ont commencé à travailler à 14 ans et qui perdent leur boulot après trente-cinq ans de carrière devraient passer par des cellules emploi sans garantie de leur statut", regrette un cadre du syndicat socialiste.
logan
 
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Message par logan » 09 Oct 2005, 17:10

a écrit :Première grève générale en Belgique depuis treize ans
LE MONDE | 07.10.05

La Belgique devait connaître, vendredi 7 octobre, sa première journée de grève générale depuis treize ans. Les secteurs public et privé devraient être touchés, les trains, les aéroports et le secteur de la distribution étant, notamment, visés par le mot d'ordre de la FGTB, le syndicat socialiste, qui regroupe 1,2 million d'adhérents. Les syndicats chrétiens (CSC) et libéraux (CGSLB) ne se sont pas associés au mouvement. 

L'équipe libérale-socialiste de M. Verhofstadt a engagé, il y a quelques semaines, une vaste concertation sur le financement de la sécurité sociale et sur les retraites avec les organisations syndicales et patronales. La Belgique vieillit, le taux d'emploi y est l'un des plus faibles d'Europe et son généreux système de sécurité sociale est perpétuellement en panne de moyens.

Pour affronter cette situation, le gouvernement entend encourager un maximum de gens à travailler et il veut allonger les carrières. L'âge de la "prépension conventionnelle" (légale) passerait de 58 à 60 ans. Jusqu'ici, cet outil était utilisé lors des restructurations d'entreprises. Le gouvernement entend, désormais, amener les personnes licenciées à retrouver un emploi. La FGTB redoute que cela ne se transforme en piège pour les travailleurs : ils risquent de ne trouver que des emplois précaires et, s'ils sont licenciés une deuxième fois, ils n'auront droit qu'aux indemnités de chômage. M. Verhofstadt entend aussi poursuivre son opération de baisse des charges des entreprises, en réduisant l'impôt des sociétés à 26 %, ce qui serait l'un des taux les plus faibles de la zone euro.

La Sécurité sociale devrait, elle, bénéficier d'un refinancement structurel. Quelque 15 % de l'ensemble des revenus mobiliers seront utilisés à cette fin, les taxes sur le tabac seront augmentées et une taxe sur l'industrie pharmaceutique aidera le secteur de la santé. Ces points, acquis lors d'une négociation qui a eu lieu mercredi 5 octobre, ont été jugés positifs par la CSC, qui estime que le système des préretraites est sauvé. Le syndicat se réjouit que les revenus du capital soient également mis à contribution. Il a, dès lors, estimé qu'il n'y avait plus de raison de faire grève.

La FGTB affirme, quant à elle, vouloir poursuivre les négociations, qui devaient reprendre samedi, mais elle estime qu'il était nécessaire de "mettre la pression" afin d'obtenir l'entrée en vigueur immédiate des plans prévus, ainsi qu'une augmentation des indemnités de chômage et la garantie du maintien de l'emploi dans les services publics.

L'action isolée du syndicat socialiste complique la situation du PS francophone au sein du gouvernement fédéral. Très lié à la FGTB, le parti du président Elio Di Rupo estime avoir arraché d'importantes concessions à ses partenaires libéraux. Il est, par ailleurs, convaincu que des réformes sont nécessaires pour assurer la viabilité du modèle social belge et de son système de concertation. S'il parlait, il y a quelques semaines, de la nécessité de réformer à tout prix, même sans les syndicats, le PS ne peut toutefois se permettre une crise qui pourrait tourner au divorce avec sa base traditionnelle. Il doit, en effet, affronter en ce moment de sérieuses turbulences après la révélation d'un vaste scandale d'abus de biens sociaux, à Charleroi. Cette affaire a entraîné la démission du président socialiste de la région wallonne, dont M. Di Rupo s'est proclamé successeur, afin de tenter de calmer la situation.

Jean-Pierre Stroobants
logan
 
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Message par logan » 17 Oct 2005, 09:24

a écrit :Lutte Ouvrière n°1941 du 14 octobre 2005

Belgique : une journée de grève réussie,mais le gouvernement passe en force!

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Comme ici en France, les attaques du gouvernement belge contre les droits des travailleurs se sont multipliées. La suppression des préretraites avant 60 ans a été la mesure la plus visible d’un ensemble d’attaques visant à diminuer encore les retraites sous couvert d’augmenter le taux de quinquagénaires au travail et ce, afin de «sauver» -dit-on- la Sécurité sociale.

Par ailleurs, lors des plans de licenciements, les travailleurs qui perdraient leur emploi seraient tenus d’accepter un travail proposé par des cellules de reclassement, même si c’est à un salaire inférieur, hors de la qualification du licencié ou loin de chez lui. Seuls pourraient accéder à la préretraite à partir de 56 ans les ouvriers pratiquant des travaux durs et ayant 35 ans de carrière... c’est-à-dire pas grand monde, alors que de nouveaux plans de licenciements menacent. De plus, les années de préretraite pourraient ne pas être prises en compte pour le calcul des retraites.

Ces mesures sont particulièrement révoltantes alors que le taux de chômage est supérieur à 12%. Les syndicats avaient bien senti l’émotion parmi les travailleurs. La FGTB (socialiste) et la CSC (chrétienne) avaient lancé ensemble un mot d’ordre de grève générale. Mais la journée prévue par la CSC a finalement été annulée, la grève étant devenue «inutile», aux dires de la direction de ce syndicat, suite à d’hypothétiques avancées des négociations. La FGTB, quant à elle, a quand même confirmé son appel mais au dernier moment, ne laissant guère qu’une journée à ses militants pour informer leurs camarades, convaincre les hésitants et organiser les piquets de grève.

Vendredi 7 octobre la grève fut une réussite: transports bloqués, nombreuses entreprises au ralenti, banques et Poste touchées, nombreux grands magasins fermés, écoles sans profs et sans élèves, de nombreux barrages de routes et de zones industrielles entraînant d’immenses embouteillages. Cette grève a sans doute montré l’influence de la FGTB, mais elle a surtout montré le mécontentement et, en même temps, l’importance du monde ouvrier quand il s’exprime par la grève.

De nombreux affiliés CSC sont passés outre les consignes de leur syndicat et ne sont pas venus au travail. La grève fut aussi très suivie en Flandre, bien que la FGTB y soit minoritaire... Ce qui, une fois de plus, va à l’encontre des préjugés caricaturaux qui veulent que les travailleurs flamands soient moins combatifs que les travailleurs wallons.

Comme la FGTB s’était bien gardée d’appeler à des manifestations ce jour de grève, encore moins à une manifestation centrale à Bruxelles, la mobilisation n’a pas pu être concrètement mesurée. C’est sans doute cela qui a permis aux représentants patronaux de dénoncer le blocage de la capitale «par une minorité syndicale» et la grève et les piquets comme «une prise d’otages collective».

Quel culot! S’il y a une minorité qui prend la société en otage, c’est bien la minorité de capitalistes qui prélève ses profits exorbitants sur toute l’économie, comme le font aujourd’hui les trusts du pétrole ou ceux de la pharmacie.

Les dirigeants de la FGTB ont exprimé leur satisfaction de la réussite de la grève du 7 octobre. Mais cette mobilisation salariale sans lendemain n’a pas suffi à faire fléchir le gouvernement. Pour être vraiment efficace, elle aurait dû préparer une mobilisation plus vaste. Et d’ailleurs la réponse massive à l’appel pourtant peu déterminé d’un seul syndicat a montré que les travailleurs pourraient reprendre confiance dans leur lutte, si au moins une direction syndicale faisait preuve de détermination.

Les patrons et le gouvernement ont été certes impressionnés, mais Onkelinx, la ministre PS, et le Premier ministre libéral Verhofstadt avaient d’avance déclaré qu’avec ou sans la signature de la FGTB, les mesures sur les préretraites seraient prises. C’est dire que les ministres ne reviendront en arrière que si les patrons craignent de perdre beaucoup à cause d’une grève qui menace de s’élargir et de durer.

Claude THIÉRAM
logan
 
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