a écrit :Les métallos allemands durcissent le ton et entament des grèves
AFPmer 29 mar, 11h12
BERLIN (AFP) - Sept semaines de discussions, aucun résultat: dans les négociations salariales de la métallurgie allemande, le syndicat IG Metall passe la vitesse supérieure. Plus de 10.000 métallos ont entamé ce mercredi des grèves d'avertissement, qui sont appelées à s'étendre en cours de journée.
Mardi à minuit a pris fin une trêve qui interdisait les mouvements de grève. "Déjà pendant le quart de nuit du 28 au 29 mars, à minuit, certains salariés vont arrêter le travail, et manifester devant l'entrée des entreprises", avait prévenu Jürgen Peters, le chef d'IG Metall, dans un entretien à la presse dimanche. Et ce "dans tout le pays". Des mouvements étaient prévus dans les sites de Hambourg (nord) du constructeur automobile DaimlerChrysler (Xetra: 710000 - actualité) et du chantier naval Blohm+Voss.
Des métallurgistes de Ford manifestent à Saarlouis le 29 mars 2006
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IG Metall réclame 5% d'augmentation de salaire pour les 3,4 millions de salariés de la métallurgie, un secteur fourre-tout qui couvre 80 branches, de l'automobile à la construction mécanique en passant par les technologies de pointe et l'acier. Siemens (Xetra: 723610 - actualité) , ThyssenKrupp (Xetra: 750000 - actualité) , mais également Infineon (Xetra: 623100 - actualité) ou Linde (Xetra: 648300 - actualité) sont soumis à cet accord, de même qu'une grande partie des PME qui forment l'essentiel du tissu industriel allemand.
Négocié avec acharnement, il a valeur de test pour les autres secteurs. Et cette année d'autant plus qu'IG Metall entend en finir avec la retenue salariale, et que la révolte gronde aussi ailleurs.
Pendant près de 10 ans les métallos ont accepté des hausses de salaire modérés au nom de la sauvegarde de l'emploi. Résultat: leur pouvoir d'achat a stagné, "et cela n'a pas conduit à ce que ne serait-ce qu'une seule entreprise renonce à rationaliser", c'est-à-dire licencier et délocaliser, a tempêté M. Peters.
Après avoir opposé une fin de non-recevoir, le patronat allemand de la métallurgie s'est prononcé mercredi en faveur d'une "solution rapide".
"Notre industrie a (...) des engagements envers des clients dans le monde entier, c'est pourquoi nous devons arriver à des solutions rapides", a déclaré Martin Kannegiesser dans un entretien à la télévision publique ZDF.
"Si les employeurs n'ont toujours pas fait d'offre (d'augmentation salariale) 67 jours après l'annonce de la revendication (d'IG Metall) et après 30 tours de table de négociation dans les régions, alors ils sont responsables des débrayages", avait justifié mardi le patron d'IG Metall Jürgen Peters.
Un argument rejeté par M. Kannegiesser, qui souligne que la fédération patronale Gesamtmetall avait mis en perspective des hausses de salaires qui devront ne pas excéder les gains de productivité des entreprises du secteur, évalués entre 1,2% et 1,4%. La fédération n'a toutefois pas fait d'offre chiffrée formelle.
Du côté des salariés, on est excédé. "Je suis sans voix", a commenté M. Peters, tandis que pour Armin Schild, chef de la section locale de Francfort (ouest), "il n'y a pas de volonté sérieuse des patrons d'arriver à une solution". "C'est une absurdité", renchérit sa collègue pour l'Allemagne du nord Jutta Blankau.
Du côté des patrons on ne veut pas parler simplement salaire, mais aussi temps de travail, et flexibilité de l'accord, avec des éléments variables de rémunération fonction de la situation des entreprises. Et on agite la menace de suppressions d'emplois, argument de poids dans un pays qui comptait plus de 5 millions de chômeurs en février.
Les négociations de la métallurgie -- les dernières remontent à 2004 -- sont toujours longues et ardues, et en général ponctuées d'arrêts de travail.
Mais une grève de la fonction publique qui s'éternise dans le sud-ouest du pays et une vague de protestation des médecins, dont 30.000 sont descendus dans la rue la semaine dernière, leur donnent cette année un autre ton.
"Je vois dans nos rangs que l'on se solidarise de plus en plus avec (le syndicat de la fonction publique) ver.di", a souligné M. Peters.