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La fermeture de la Sogerma reste le cœur du projet d’EADS
Le Premier ministre affiche sa volonté d’obtenir la poursuite d'une activité pour que «le plus grand nombre d'emplois soit préservés» à Mérignac alors que le groupe d’aéronautique et de défense ne propose qu’une réindustrialisation partielle du site.
Le gouvernement continue de s’agiter sur le dossier de la Sogerma. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a pris la tête de la fronde contre la fermeture de l’usine girondine de maintenance et d’aménagement d’avions. Après s’être rendu hier sur le site menacé à Mérignac, près de Bordeaux, où il a rencontré les salariés, les syndicats et les élus régionaux pour leur apporter son soutien, M. de Villepin a convoqué, ce-jour à Matignon, le co-président d'EADS, Noël Forgeard et Arnaud Lagardère, actionnaire du groupe européen d’aéronautique et de défense. Lequel groupe a annoncé qu'il allait étudier la réindustrialisation partielle du site mais sans remettre en cause sa fermeture.
La décision de fermer l’établissement de Mérignac «a été prise après une analyse exhaustive des options accessibles (…) pour maintenir une activité aéronautique sur le site», a affirmé hier la direction d’EADS à l'issue d'un conseil d'administration (CA). Prenant «acte du niveau très élevé des attentes», le CA «a proposé la mise en place d'un groupe de travail avec les autorités concernées, destiné à étudier la possibilité de maintenir des activités industrielles dans ce bassin (...) en visant un noyau industriel d'environ 300 emplois sur le site aéronautique de Bordeaux-Mérignac», a précisé EADS avant d’assurer que «chaque employé (…) se verra proposer au moins une offre de mobilité». Les salariés sont donc «vivement » encouragés «à prendre en considération (ces) offres (…) formulées par Airbus et Eurocopter (filiales d'EADS, ndlr), qui restent le cœur du projet de reclassement de l'ensemble du personnel».
Ce n’est pas vraiment ce qu’attendent les élus locaux et les syndicats de la Sogerma. Ils l’ont fait savoir au Premier ministre venu hier les rencontrer à Mérignac. Ils réclament «un vrai projet industriel pour le site» et les 1 100 employés qui y travaillent car «300 emplois ce n’est rien, on ne prend pas», résume Bernard Tachoires (FO).
M. de Villepin, selon qui «on ne peut pas rayer d’un trait de plume un millier d’emplois», a semblé partager ces vues en exprimant sa volonté d’«obtenir» la poursuite d'une activité industrielle d'EADS à Mérignac. Cette décision de fermer l’usine de la Sogerma «est inacceptable», a-t-il-affirmé, à l’issue de sa visite. Selon le Premier ministre, «oui, il y a un avenir pour ce site industriel et que nous devons tout faire pour maintenir le plus grand nombre d'emplois sur place. Il y a un savoir-faire, une technologie, une compétence qui méritent d'être défendus (…). Je vous le dis comme je l'ai ressenti sur place. J'ai été frappé par la qualité de ces hommes, de ces femmes, par leur dignité». La promesse de maintenir seulement 300 emplois n'est pas non plus suffisante pour lui. Et c’est pour cela qu’il a dit souhaiter «pouvoir trouver des solutions qui soient plus à la mesure des aspirations des salariés».en préservant «le plus grand nombre d'emplois».
Les syndicats, qui ont appelé à manifester aujourd’hui à Paris devant le siège d’EADS, se sont sentis «soutenus» par M. de Villepin, s’est félicité Vincent Loizeau (CGC) avant d’espérer que «ce ne sont pas des paroles en l'air». Il «a été attentif à nos préoccupations et à nos propositions», a observé, de son côté, Philippe Lozano (CGT). Enfin pour Bernard Tachoires (FO), «c'est un atout majeur quand l'actionnaire Etat (15 % du capital d’EADS, NDLR) se déplace». Une réunion de travail avec des dirigeants EADS et en présence de la région Aquitaine aura lieu ce matin au ministère de l'Emploi.
(Source : http://www.force-ouvriere.fr/index.asp?lk=s&id=1219)