chartre des enfants de Don Quichotte

Message par Jenlain » 27 Déc 2006, 21:10

a écrit :CHARTE DU CANAL ST MARTIN
POUR L’ACCES DE TOUS A UN LOGEMENT

PREAMBULE

Nous, citoyens et citoyennes, refusons la situation inhumaine que vivent certains d’entre nous, sans domicile fixe. Nous voulons que soit mis fin à ce scandale, à la honte que cela représente pour un pays comme le nôtre.
La Constitution garantit le droit à la dignité, à des moyens convenables d’existence, et nous avons un devoir d’assistance à personne en danger.
Nous n’acceptons plus que les plus fragiles ou les plus pauvres soient laissés au bord de la route.
Il faut rompre avec les solutions provisoires, les logiques d’urgence qui aggravent la précarité et condamnent tant de personnes à une souffrance insupportable, et même certaines à une mort prématurée.
Nous demandons à l’Etat de mettre en place dès aujourd’hui une politique ambitieuse garantissant l’accès de tous à un vrai logement, à travers les mesures suivantes. Pour la dignité de tous.

ARTICLE 1:
OUVRIR LES STRUCTURES D’HEBERGEMENT 24H/24H, 365 JOURS PAR AN, ET HUMANISER LES CONDITIONS D’ACCUEIL.

Parce que certains centres d’hébergement sont inadaptés, parce que beaucoup de personnes sans domicile fixe refusent d’y aller, il faut humaniser les conditions d’accueil dans les foyers :

Ouverture 24H/24, 365 jours par an de tous les centres d’hébergement
Mise en place de locaux décents et à taille humaine
Accueil en chambre individuelle, ou double si désirée
Garantie de places accessibles pour les couples et les personnes ayant des chiens
Participation des personnes à la vie et l’organisation du centre
Renforcement de l’accompagnement social
Les locaux ne permettant pas de répondre à ces exigences doivent être fermés et remplacés par des structures adéquates. Le nombre de places doit être ajusté à la demande, pour que nul ne reste sans hébergement.

ARTICLE 2:
FINI LE RENVOI A LA RUE ! TOUT ACCUEIL EN HEBERGEMENT DOIT MENER A UNE SOLUTION STABLE

Le système actuel d’urgence porte atteinte à la dignité des personnes lorsqu’on les envoie d’hébergement en hébergement, pour des périodes arbitraires, de quelques jours, entrecoupées de passages à la rue. L’appel au 115 devrait être unique et entraîner un hébergement de la durée nécessaire! Les dispositifs comme l’accueil «7 nuits» du 115 à Paris doivent être abolis! On entretient ainsi l’errance, par une répétition de ruptures alors que tout être humain a besoin de stabilité et de liens durables.
Cette pratique, qui décourage et casse tant de personnes, ruine leur santé et les met en danger, doit cesser immédiatement.
La durée d’accueil dans un hébergement doit toujours être personnalisée et conduire à une solution durable et librement choisie.

ARTICLE 3 :
CREER IMMEDIATEMENT UNE OFFRE DE LOGEMENTS TEMPORAIRES :

En attendant la pleine application des articles 4,5 et 6, et parce que l’hébergement en hôtel, ou le maintien en foyer au-delà de la durée nécessaire, sont coûteux et inadaptés, il faut immédiatement mettre des logements à disposition de manière temporaire par :

la location de logements dans le parc locatif privé
l’application de la loi de réquisition
la mobilisation des logements sociaux vacants notamment ceux voués à la démolition

ARTICLE 4 :
CREER PLUS DE LOGEMENTS SOCIAUX, ACCESSIBLES AUX MENAGES LES PLUS PAUVRES

Compte tenu d’un déficit important de logements, de leur cherté, et de la saturation des hébergements temporaires, il convient de développer, plus qu’actuellement, une offre massive de logements sociaux, accessibles aux personnes et familles les plus modestes.

ARTICLE 5 :
DEVELOPPER DES FORMES ALTERNATIVES D’HABITAT

Pour certaines personnes, il convient de proposer des structures adaptées de logement, permettant de maintenir des liens sociaux et d’éviter l’isolement, tout en permettant à chacun d’avoir son propre espace personnel. Les structures de type « pension de famille » ont montré tout leur intérêt. Des projets novateurs doivent être d’avantage développés et soutenus, compte tenu de la diversité des besoins et des choix de vie (Maisons relais, auberges, auto construction, habitats semi collectifs, structures autogérées...).

ARTICLE 6 :
RENDRE LE DROIT AU LOGEMENT OPPOSABLE SUR TOUT LE TERRITOIRE

Tout citoyen ne pouvant pas se loger décemment par ses propres moyens doit pouvoir obtenir une proposition de logement, et à défaut saisir le juge.
Les pouvoirs publics doivent avoir une obligation de résultat, comme pour le droit à l’éducation et aux soins.
Il est temps de marquer une volonté politique pour prendre cette décision, et mettre en place un calendrier de mise en oeuvre.

«Si on relève toutes les personnes qui sont au plus bas, on relève tout notre peuple »

P.O, Enfant de Don Quichotte

«La lutte contre les exclusions est un impératif national fondé sur le respect de l'égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l'ensemble des politiques publiques de la nation. »
Art. 1.Loi no 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions

Avec le concours de membres de nombreuses associations intervenant dans les domaines du logement et de l’exclusion, qui ont bien voulu nous apporter leur expertise, et que nous remercions.

Dans l’immédiat, nous exigeons l’arrêt de toute mesure consistant à évacuer par des pressions ou la force une personne de l’abri dont elle dispose, sauf cas de danger avéré.

Les Enfants de Don Quichotte
Campement du Canal St Martin
Paris, le 25 décembre 2006


http://www.lesenfantsdedonquichotte.com
Jenlain
 
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Message par Jenlain » 08 Jan 2007, 16:47

articles 1 et 2 loin d'avoir le compte, articles 3, 4, 5 meme pas evoqués, article 6 proposition de loi "foutage de gueule" (inapplicable pour la plupart des SDF, et meme si certains y arrive les institutions seraient obligé de ... payer une amende...).
Mais c'est pas grave, les "chefs" EDQ decident d'enlever toutes les tentes.
La dépolitisation fait des ravages...
autogestion des luttes!!
Jenlain
 
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Message par com_71 » 09 Jan 2007, 08:41

(Editorial des bulletins d'entreprises (08/01/07) lutte ouvrière a écrit :

LES PROMESSES NE REMPLACENT PAS DES LOGEMENTS


    Suite à la promesse du gouvernement d'assurer 25 000 places d'hébergement pour les sans-logis, l'association Les enfants de Don Quichotte, à l'origine du campement le long du canal Saint-Martin à Paris, a décidé de mettre fin à son action. L'objectif de cette association ayant été d'attirer l'attention et de faire bouger les choses, cela étant fait, son appel à lever les campements peut se comprendre. Cela ne signifie pas pour autant que les mesures "au cas par cas" proposées par le gouvernement se traduiront par une place pour tout le monde et dans des conditions acceptables.

    Nombre de sans-logis ont déjà annoncé qu'ils ne répondront pas à l'appel tant que les promesses ne seront pas suivies de propositions concrètes. Ils ont toutes les raisons de se méfier des promesses.

    L'approche des élections aidant, on les a entendus, ceux qui nous gouvernent, les uns après les autres, faire mine de s'émouvoir du sort de ceux qui n'ont d'autre choix que de dormir dans la rue. Sarkozy y est allé de sa promesse que personne n'en sera réduit à vivre dans la rue d'ici deux ans, s'il est élu. Chirac a aussitôt surenchéri en annonçant dans ses voeux une loi sur "le droit au logement opposable", charabia juridique qui signifie qu'une personne qui n'a pas de logement peut se retourner contre l'autorité publique. Puis Villepin a pris le relais lors d'une conférence de presse, entouré d'une brochette de ministres visiblement contents d'eux, se félicitant mutuellement de tous les efforts qu'ils auraient faits en faveur des sans-logis ou des mal-logés.

    Tous ces gens-là sont au pouvoir depuis cinq ans et, pendant ce temps, le nombre de sans-domicile n'a cessé d'augmenter sans que cela ait troublé leur sommeil.

    Sur le nombre de sans-domicile, ils mentent bien sûr comme sur le reste. D'après les associations qui s'occupent des sans-logis, le nombre de ces derniers serait de l'ordre de 100 000, auxquels il faut encore ajouter celles et ceux, près d'un million, qui n'ont pas de logement à eux, qui vivent à demeure dans des campings ou qui dorment chez des parents ou des amis qui ont plus de coeur que nos gouvernants.

    Dans cette économie capitaliste où seule compte la demande solvable, la partie la plus pauvre des exploités n'a jamais eu droit à autre chose qu'à des logements exigus ou insalubres, quand ce n'est pas à des taudis infects. Mais la spéculation immobilière qui dure depuis plusieurs années a encore aggravé la situation. Les prix se sont emballés et le nombre de logements à la portée d'un salaire ouvrier est de moins en moins suffisant par rapport à la demande, sans même parler de ceux, chômeurs, qui n'ont plus de salaire. Du coup, les bailleurs sont en position forte et sélectionnent parmi les demandeurs ceux qui offrent les meilleures garanties. Autant dire que les bas salaires ou les précaires n'ont aucune chance.

    Autant dire, aussi, qu'il suffit d'un licenciement pour glisser dans la pauvreté, perdre son logement et ne plus en retrouver. D'après un récent sondage, 47 % des personnes interrogées craignent de se retrouver sans logement.

    Il manque dans ce pays plusieurs centaines de milliers de logements sociaux. Si l'Etat prenait directement en charge un vaste programme de construction, en réquisitionnant les terrains nécessaires, sans en passer par les grosses entreprises de construction et sans leur verser du profit, cela pourrait se faire vite et pour pas cher. Il faut qu'une partie conséquente du budget y soit consacrée. Mais on ne peut pas tout à la fois réduire encore l'imposition des profits des entreprises, comme vient de le promettre Chirac, et consacrer les crédits nécessaires à un vaste program-me de construction de logements sociaux.

    Il est facile de prévoir que les promesses faites aux riches seront tenues, et que celles faites aux millions de mal-logés ou sans-logement seront largement oubliées ! A moins qu'ils se rappellent violemment au bon souvenir du gouvernement qui sortira des élections de 2007 !

Arlette Laguiller
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par meichler » 09 Jan 2007, 17:05

En effet, il fallait attendre l'évolution des choses. Deuxième épisode de la fable «Enfants de Don Quichotte» : opération récupération politique par le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy. Ces vieux roublards professionnels du mensonge des politiciens bourgeois, ont réussi à présenter des "solutions d'urgence", pour l'essentiel déjà existantes, comme étant une réponse à cette charte (avec l'accord des dirigeants de l'association).

Les logements décents, bons marchés et agréables que tous, à commencer par les "sans-abri" sont en droit d'attendre, sont encore bien loin. Sans parler des aides pour résoudre leurs autres "problèmes" : emploi, famille, manger, etc...

La déception risque d'être à la mesure de la sympathie suscitée par l'initiative des "Don Quichotte". Le caractère de classe petit-bourgeois de cette "association", l'absence de lien avec le mouvement ouvrier, le silence des organisations syndicales et politiques issues du mouvement ouvrier, les manoeuvres politiciennes de "Super menteur" Chirac et de sa camarilla, ont eu raison de la "bonne volonté" des "Don Quichotte". Comme quoi aucune "bonne volonté" ne peut remplacer l'organisation de classe.

Il faut commencer par proclamer (par les syndicats et autres organisations ouvrières) : les "SDF", "sans logis", "sans abris", "mal logés" et autres sont des prolétaires. Il doivent être défendus, comme (et par) l'ensemble des travailleurs, pour le droit au logement pour tous, avec l'ensemble des autres revendications de classe. C'est aux syndicats ouvriers en premier lieu de défendre les plus misérables des prolétaires, pas aux petits-bourgeois "de bonne volonté". C'est au syndicats ouvriers d'organiser les "mal logés" d'abord entre eux et avec l'appui de l'ensemble des travailleurs. La solidarité c'est d'abord la solidarité ouvrière, contre ce gouvernement bourgeois, qui ne découvre les pauvres (fraction la plus misérable du prolétariat) que quand ils paraissent sur les écrans de télé, et dont le seul but est de les faire taire au plus vite.
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

(Baruch SPINOZA)
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Message par françois marcel » 09 Jan 2007, 18:49

le problème de ce mouvement, en tous cas pour Paris, c'est son organisation autour d'un clan familial, sans lien avec les organisations politiques et c'est voulu, cela est un vrai problème. Comme ce qui est dit plus haut, la déception est déjà grande chez nombre de sans-abri du Canal St Martin.
J'ai vue des associations comme Autre Monde venir proposer des rendez-vous nourriture, ils n'étaient pas vraiment accueillis, non pas par refus, mais par manque d'organisation, tout simplement, c'est la mère d'Augustin qui s'en chargeait, et sans diminuer son action, elle était difficilement joignable, même chose quand la soupe arrivait, il n'y avait plus de bol pour manger (lundi soir).
Des travailleuses sociaux sont venus nous avertir que , en guise de solution, Le SAMU SOCIAL bloquait les places réservées au plan Grand Froid pour les SDF du Canal... ce qui signifiait qu'il jetait d'autres sans-abri à la rue.... Ces travailleuses aurait voulu rencontrer les dirigeants de l'association ce soir-là... nous ne savions pas où les trouver.
Un voisin du Canal avait préparé une soupière de lentilles, elle est restée dans un coin, le voisin était un peu déconcerté.
Le médiatique a ramené sur le Canal des quantités de gens qui pensaient être dirigés, renseignés, aidés, j'ai pu constater que les réponses étaient parfois fatalistes de la part des bénévoles de l'accueil, et pour cause, ce n'est pas leur métier, ils ne sont pas au courant des rouages du système de l'hébergement précaire, et l'association n'a pas les moyens de répondre à l'urgence.
Nombre de badauds rencontrés ne croyait pas aux solutions de Villepin, 27000 places ne placeront pas 100000 à 400000 (selon Emmaüs) SDF.
Bref, cet "évènement" à montré que le problème est immense, que le canal St martin n'est que le pointe visible de l'iceberg de la précarité, que le problème n'est pas résolu, et surtout, que la solidarité doit être organisée, développée, politisée... pour déboucher sur des perspectives réelles.
françois marcel
 
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