a écrit :Le personnel de l'ANPE appelé à la grève
Par Isabelle CORTES
PARIS (AFP)
L'ANPE est appelée à la grève jeudi par l'ensemble des huit syndicats du personnel pour dénoncer "un démantèlement du service public", le jour où sont annoncées les dernières statistiques du chômage avant le premier tour de la présidentielle.
Pour cette grève unitaire (SNU, CGT, FO, CFDT, SNAP-CFTC, CGC, SUD, Unsa),
la première depuis 1990, le directeur général de l'ANPE Christian Charpy a prévu "une forte mobilisation".
Dernier objet des inquiétudes du personnel, un décret, publié mercredi au Journal Officiel, qui prévoit une plus forte représentativité des collectivités territoriales ainsi qu'une décentralisation de certaines compétences au niveau des directions régionales, et qui permet la création de filiales commerciales pour facturer des services aux entreprises.
Les syndicats de l'ANPE, qui veulent l'abrogation de ce texte, redoutent un éclatement complet du statut de l'Agence, avec le transfert à des filiales d'une partie des missions transformées en services payants, comme le recrutement par simulation.
Il redoutent aussi que la gratuité et l'égalité de traitement soient perdues, au détriment des personnes recherchant un emploi.
"Ce décret permet de moderniser la gestion de l'ANPE, sur le plan géographique mais aussi financier, et d'être au plus près des demandeurs d'emploi. Quant à la création de filiales, une possibilité ouverte depuis la loi de Cohésion sociale de 2005, on voulait que l'Agence ait cette possibilité si un futur gouvernement jugeait que c'était nécessaire", a-t-on rétorqué mercredi au ministère du Travail.
Le directeur général de l'ANPE a réaffirmé mardi qu'"à ce stade, il n'y a aucun projet de création de filiales de droit privé ni de projet de facturation de nos services aux entreprises".
Mais le décret intervient dans un contexte social déjà tendu à l'ANPE, où l'avenir semble menacé par la concurrence directe des cabinets privés de reclassement des chômeurs et par la proposition du candidat UMP à l'Elysée Nicolas Sarkozy de fusionner l'ANPE et l'Unedic.
"La mise sur la sellette de l'ANPE a commencé avec la loi de Cohésion sociale. Le gouvernement y va avec ses gros sabots, donc on est tous ensemble pour lutter contre la mise à mort de l'ANPE", créée en 1967 par Jacques Chirac, selon Thérèse Hergott, secrétaire nationale de FO ANPE.
Pour la CGT de l'Agence, "après la fin du monopole, c'est l'arrivée d'opérateurs privés: c'est comme à La Poste, on voit bien que cela conduit à la disparition d'une certaine conception du service public".
Plus largement, la CFDT déplore que "chaque fois qu'il y a des tensions politiques exacerbées, l'ANPE soit p²rise à partie".
A moins de trois semaines du premier tour de la Présidentielle, l'ANPE s'est ainsi retrouvée prise dans la polémique sur la réalité et l'ampleur de la baisse du chômage.
"Il est désormais certain que les données de l'ANPE surestiment fortement la baisse du chômage", a fait valoir début mars le collectif Les Autres Chiffres du Chômage (ACDC).
Le directeur général de l'ANPE a martelé mardi qu'"il y a eu une baisse générale du chômage en 2006, pour toutes les catégories", qualifiant les critiques de "faux procès".
Les chiffres du chômage de février seront publiés jeudi soir.
Des personnels des services statistiques du ministère de l'Emploi (Dares) ont demandé mi-mars de suspendre la publication de l'estimation mensuelle du taux de chômage au sens du BIT, sous-évaluée selon leurs calculs d'au moins 0,3 point.
Le nombre de demandeurs d'emploi et le taux seront toutefois "communiqués comme d'habitude", selon le ministère de l'Emploi.
ANPE