Volkswagen (Bruxelles)

Message par com_71 » 29 Déc 2006, 01:07

(lutte ouvrière 1 12 2006 a écrit :Belgique - Volkswagen-Forest - Bruxelles : 4000 suppressions d’emplois ?

Après des semaines de rumeurs, le mardi 21novembre, la direction de Volkswagen annonçait le transfert en Allemagne de la production de la Golf, au détriment de l’usine de Bruxelles-Forest. Cela voulait dire autour de 4000 suppressions d’emplois sur 5400, les autres assemblant la Polo dont les caisses viennent de Slovaquie.

Cela veut dire aussi 6000 à 8000 suppressions d’emplois chez les fournisseurs et les sous-traitants. D’autres licenciements pourraient aussi toucher l’Espagne et le Brésil.

Pendant ce temps-là, l’annonce des restructurations et les transactions entre VW et Porsche, qui vient d’augmenter sa participation à hauteur de 30% du capital de VW, ont fait doubler le cours de l’action VW.

De plus, en octobre, la direction de Volkswagen avait imposé aux ouvriers de ses usines allemandes de travailler quatre heures de plus pour le même salaire, avec l’aval du syndicat IGMetall. Cette mesure faisait suite à la volonté annoncée en 2004 d’augmenter le bénéfice de 8milliards d’ici 2008. Pour les six premiers mois de 2006, le bénéfice net de 1,2milliard d’euros est presque le triple (+194%) de celui du premier semestre 2005!

D’autres mesures étaient en discussion, depuis des licenciements massifs jusqu’à la fermeture complète d’une usine européenne du groupe.

L’inquiétude des travailleurs de Forest

À l’usine de Forest, les débrayages ont commencé le vendredi 17novembre, en fin d’après-midi, quand la presse a révélé que la seule annonce de la réunion du conseil de surveillance de VW en Allemagne concernait le remplacement du PDG. Les salariés de l’usine de Forest ne devaient être informés de leur sort que le mercredi suivant.

Devant ce mépris et «pour savoir», quelques dizaines d’ouvriers de la ligne de montage ont alors débrayé et entraîné les autres. Les autres équipes de nuit et du week-end ont suivi et, à chaque changement d’équipe, les travailleurs restaient une heure ou deux devant l’entrée.

Enfin, mardi21, l’annonce par les médias de 3500 suppressions d’emplois d’ouvriers et 500 d’employés a été un énorme choc. Parmi les quelques centaines de travailleurs présents devant la porte, l’émotion était très forte. Ils avaient consenti tous les sacrifices demandés. Les syndicats avaient accepté la flexibilité... pour sauver l’emploi. La productivité avait été poussée au maximum, les cadences étaient infernales, alors que la moyenne d’âge est supérieure à 42ans. Le coût du travail avait été réduit, par l’acceptation d’augmentations inférieures au coût de la vie. Voilà comment ils étaient remerciés...

Spontanément, des centaines d’ouvriers ont «pris possession de l’usine». Mais sous prétexte de quelques dégradations dans la cantine, qui n’étaient pas le fait des travailleurs à l’initiative de cette action, les responsables syndicaux ont fait fermer toutes les portes et organisé un filtrage à la grille principale, au point que pratiquement plus personne ne pouvait pénétrer et ne devait dépasser le périmètre de l’entrée. Et les dirigeants syndicaux CSC (syndicat chrétien) comme FGTB (socialiste) ne prévoyaient une assemblée générale que pour le lendemain matin.

Plus de 3000 travailleurs ont fait le déplacement ce jour-là, beaucoup comptaient que les syndicats proposeraient des actions. Mais du haut du premier étage du parking, les dirigeants syndicaux se sont contentés de promettre de négocier des primes de licenciement et le maintien du maximum d’emplois à Forest, sans proposer la moindre action et en appelant les travailleurs à rentrer chez eux et à écouter les médias pour avoir des nouvelles...

Ils ont été hués par une forte minorité des travailleurs présents. Mais, sans autre perspective, beaucoup sont repartis. D’autres restaient et, à 300 environ, ils partirent en manifestation à travers la commune.

Depuis, les autorités ont retiré les forces de police qu’elles avaient mises en place à proximité de l’usine depuis le 16 novembre.

Malgré le refus des syndicats d’appeler les travailleurs à réagir, malgré l’absence d’organisation, de 50 à 200 ouvriers se sont retrouvés en permanence devant l’entreprise, à leurs heures de travail habituelles.

La direction ne veut faire part des conditions précises des départs que le 15 décembre et elle a annoncé qu’elle ne paierait les salaires que jusqu’au mardi 28novembre. Des négociations devaient s’engager à partir de ce jour-là, mais la plupart des travailleurs présents sentent bien qu’il faudra tenir et faire sentir leurs exigences à VW, ce qui ne sera pas possible sans actions.

Vendredi 24, des délégués et militants de base ont commencé à prendre quelques initiatives. Une manifestation d’une centaine de militants syndicaux et de travailleurs a rendu visite au concessionnaire VW d’Anderlecht, la commune voisine, où ils ont déposé la carcasse d’une Polo. Ensuite, quelque 150 travailleurs se sont rendus devant Faurecia, l’un des sous-traitants à proximité, où l’occupation est organisée. Des visites chez les autres constructeurs automobiles -Ford à Genk, Opel à Anvers, Volvo à Gand- étaient programmées dans la semaine, pour inviter les travailleurs à apporter leur solidarité à ceux de VW et venir à la manifestation de Bruxelles du 2 décembre, appelée par les syndicats belges et l’IGMetall allemand.

Même s’ils vont participer à ces manifestations, bien des travailleurs sentent qu’elles ne suffiront pas à faire trembler les dirigeants de VW, ni les ministres belges.

Autour du feu qui brûle en permanence devant la porte de l’entreprise, les discussions n’arrêtent pas. Et en effet, devant la carence des directions syndicales dans cette entreprise où la FGTB était encore il y a douze-quinze ans l’un des syndicats en pointe dans le pays, il faudra que les travailleurs organisent leur riposte.

Correspondant LO


(lutte ouvrière 14 12 2006 a écrit :Volkswagen-Bruxelles: après l’annonce des suppressions d’emplois, départs «volontaires» massifs

Chez Volkswagen à Bruxelles, après l’annonce des milliers de suppressions de postes, la direction avait ouvert les inscriptions pour les départs volontaires avec la prime. Durant les deux premiers jours, plus de 1500 salariés se sont présentés, sur les 5200 que compte l’entreprise. Cette possibilité est ouverte pendant deux mois, mais la direction pourrait n’accepter que 1500 départs, et très peu pour certains métiers spécialisés. Les intérimaires pourront aussi toucher 25 000 euros brut, le minimum de la prime.

Cette prime est présentée par les médias -et par les syndicats- comme exceptionnelle pour la Belgique, mais en Allemagne elle pouvait atteindre le double. En fait, cette prime ne se monte qu’à un mois de salaire brut, basé sur le salaire de nuit, par année d’ancienneté, avec un minimum de 25000 et un maximum de 144 000 euros. Après prélèvement à la source des cotisations sociales et impôts, il ne reste plus guère que 55% de ce montant. Pour un ouvrier ayant vingt ans d’ancienneté, cette prime ne représente de 25 à 34 mois de son salaire net, ce qui n’est pas beaucoup pour qui se retrouve à 45 ans à rechercher un travail.

Beaucoup d’ouvriers ne souhaitent pas rester à VW car l’avenir y est plus qu’incertain, avec sans doute des périodes de chômage partiel pendant un an ou deux et, à partir de 2009, des conditions de travail dégradées, des horaires allongés et des salaires en baisse pour produire un nouveau petit modèle, l’AudiA1, annoncé par la direction comme devant permettre de garder 3000 emplois. La majorité de ces emplois ne seraient plus des contrats VW, et seraient conditionnés par des gains de productivité de 20%, alors que VW Bruxelles avait déjà une productivité très élevée.

La direction comme les syndicats ont aussi présenté comme un atout le fait que Bruxelles aurait le monopole de cette production... Mais si ce modèle ne se vend pas, comme ne se sont pas vendues la petite Lupo et la luxueuse Phaeton?

Peut-être en saura-t-on plus après le 15 décembre, si les dirigeants du groupe daignent donner quelques précisions aux 10 à 12000 salariés sur la sellette... La presse s’est fait l’écho d’un possible retour de la production de l’Audi A3 à Bruxelles car elle se vendrait bien. La direction de VW fait le choix de diffuser au compte-gouttes ses informations, en alternant les alarmes -4000 emplois supprimés- et l’espoir -3000 emplois maintenus... en 2009- à moins qu’elle élabore sa politique industrielle internationale à la petite semaine, ce qui ne serait guère rassurant sur le sort futur des salariés.

En tout cas la direction bruxelloise envisage que le travail reprenne le lundi 18 décembre.

Du côté des milliers de sous-traitants, l’attente et l’angoisse sont les mêmes. Plusieurs entreprises ont été occupées par leurs ouvriers. Certaines directions se sont montrées particulièrement conciliantes. Johnson Controls, réputée pour ses licenciements collectifs expéditifs, verse même un complément aux 25 euros quotidiens d’indemnité de grève, pour atteindre le salaire habituel. Les directions de ces entreprises ont préféré payer pour garder leur personnel, sachant qu’elles vont devoir fournir les éléments de la Golf dès le redémarrage de la production, au moins le temps qu’elle soit complètement transférée en Allemagne.

Tout le monde attend, les 300 à 400 ouvriers qui se relaient devant l’entreprise, de jour comme de nuit, comme tous ceux qui ont suivi les consignes syndicales et sont restés chez eux. La plupart du temps les délégués syndicaux sont injoignables et, quand ils passent à l’usine, ils ne disent guère plus que les communiqués officiels.

De ceux qui se retrouvent autour du feu de palettes, beaucoup auraient souhaité qu’une lutte soit engagée, ne serait-ce que pour imposer des primes de départ plus importantes et des garanties sur les salaires et les conditions de travail futurs, et surtout pour ne pas se laisser virer ainsi sans aucune réaction. Et beaucoup ressentent amèrement l’absence d’une organisation décidée à mener la lutte.

Claude THIÉRAM


(lutte ouvrière 22 12 2006 a écrit :Volkswagen (Bruxelles) Après l’annonce des suppressions d’emplois, une semaine d’attente

Cela fait un mois que la direction de Volkswagen annonçait un plan de suppressions d’emplois massif à VW-Bruxelles, dans le cadre d’une réorganisation plus large du groupe qui impliquait 20000 suppressions d’emplois en Allemagne même, ainsi que l’augmentation -non rémunérée- du temps de travail de quatreheures par semaine.

Ouvertement, l’objectif est d’augmenter la rentabilité du groupe pour les actionnaires. Les affaires du premier constructeur automobile européen se portent pourtant bien: la direction annonçait il y a quelques jours avoir vendu plus, durant les onze premiers mois de 2006, que pendant toute l’année 2005, soit une hausse 11,4% sur un an. Même en Europe, les ventes de VW ont progressé de 7,5%. Cela n’empêche pas la direction d’exiger que ce qui restera du site bruxellois augmente sa productivité de près de 20%, alors que c’était déjà l’un des sites les plus productifs du groupe.

VW a annoncé des primes de départ doubles de celles pratiquées par d’autres firmes automobiles en Belgique dans des circonstances semblables, allant de 25 à 35 mois de salaire net pour les ouvriers ayant vingt ans d’ancienneté. Sur les 5400 salariés, dont près de 600 employés pour qui cette prime n’apporte rien de plus, près de 2000 ouvriers se sont inscrits sur la liste de départs volontaires. Et 900 autres salariés pourraient obtenir une retraite anticipée à 50 ans.

Après une succession d’annonces et de rumeurs sur l’avenir de la production à Bruxelles, la direction annonce maintenant officiellement vouloir maintenir 2200 salariés en contrat à durée indéterminée sur le site, avec une production de 84000 véhicules par an pour les deux prochaines années, dont 46000 Polo. Mais ces Polo seraient-elles prélevées sur la production espagnole, avec des conséquences sur l’emploi?

Tout est encore en discussion: la direction avait proposé 1500 départs volontaires, mais il y en a près de 400 supplémentaires, et aussi environ 200 qui souhaitent se rétracter... La direction est réticente à accepter la préretraite pour une cinquantaine d’ouvriers qu’elle voudrait garder... Les préretraités toucheront-ils la prime de départ ou pas? La prime sera-t-elle imposable ou no
n, ou seulement partiellement? Ce serait en discussion avec le gouvernement...

La direction souhaitait une reprise du travail pour le 18décembre. Les syndicats ont ensuite déclaré qu’une reprise avant Noël, même «symbolique», était envisageable. Mais les négociations semblent maintenant plus difficiles, sans que les travailleurs sachent réellement les points d’achoppement, car ni la direction, bien sûr, ni les syndicats n’exposent concrètement les problèmes.

Et les syndicats se sont privés du meilleur moyen de peser sur les négociations -la mobilisation des travailleurs- en demandant dès le début à tout le monde de rentrer chez soi. Le nombre de ceux restés malgré tout devant l’usine s’est amenuisé et la période des fêtes n’est guère favorable au maintien d’une présence, même symbolique. Mais cela ne veut pas dire que la reprise sera facile. Si la direction revenait sur le nombre ou le niveau des primes, ou sur les retraites anticipées, la colère pourrait encore monter.

C. T.


(lo 29 12 2006 a écrit :Volkswagen (Bruxelles) Pas de reprise du travail avant la fin de l’année 2006

La direction de VW avait souhaité une reprise du travail avant les fêtes de fin d’année, après l’annonce de 4000 suppressions des 5400 emplois de l’entreprise, mais quelque 300 ouvriers continuent de se relayer devant l’entrée principale de l’usine.

Le 20 décembre, la presse et les médias annonçaient un préaccord entre la direction et les syndicats pour les 900 prépensionnables à partir de 50ans, VW s’engageant à payer la différence entre les allocations de chômage et le dernier salaire.

Mais le lendemain, le Premier ministre Verhofstadt (libéral) rappelait que le «pacte de solidarité entre les générations», imposé fin 2005, visait à maintenir les prépensionnés «disponibles» sur le marché du travail et qu’il devait s’appliquer intégralement aux salariés de VW. Les travailleurs de 50 ans et plus seraient obligés d’accepter tout travail qui leur serait proposé par une «cellule de reconversion», sous peine de perdre leur prépension. Onkelinx, vice-Première ministre (socialiste) confirmait la position du gouvernement.

Quant aux patrons de VW, le Premier ministre leur a déjà promis des nouveaux cadeaux fiscaux et des nouvelles réductions de cotisations sociales. Et son centre de coordination situé à Bruxelles permet au groupe VW de ne payer que moins de 3% de taxes sur les bénéfices. Le gouvernement fédéral et le gouvernement bruxellois n’avaient pas non plus lésiné sur les subventions lorsque VW avait eu besoin de nouveaux terrains. Mais aux travailleurs qui n’ont pas demandé de se retrouver au chômage ou en prépension, le gouvernement compte chaque centime.

Comme par enchantement, à partir du 21 dans les journaux, la compensation à 100% du salaire pour les prépensionnés était ramenée à 80%. Devant l’entreprise, les délégués donnaient encore d’autres chiffres!

Rien n’est clair concernant les prépensions. Pas plus que pour les primes de départ volontaire, pour lesquelles ni les montants réels, ni les taux de taxation ne sont connus des principaux intéressés, ni si l’ensemble des 1900 inscrits sur la liste des départs volontaires pourront réellement partir, ou seulement 1500 comme la direction l’avait annoncé... Et le plus grand flou persiste pour ceux qui comptent rester. Le nombre d’emplois maintenus varie de semaine en semaine. Il était question de 1500 puis de 3000, de 2200 maintenant, sans parler des conditions de travail qui sont prévues en régression. Quant aux Polo qui pourraient être produites sur le site, ne le seront-elles pas au détriment des travailleurs espagnols?

Mais tout cela semble n’être que des détails pour les dirigeants syndicaux, visiblement pressés, eux aussi, de faire reprendre le travail. La semaine précédant les fêtes, ils avaient donné leur accord pour laisser entrer des techniciens et la maîtrise. Entre Noël et le Nouvel An les travailleurs devraient recevoir une lettre d’information syndicale à domicile sur la base de laquelle un référendum devrait être organisé début janvier concernant la reprise du travail.

Dégoûtés de tant de mépris, de la part de la direction de VW, du gouvernement, mais aussi des dirigeants syndicaux qui ne consultent même pas les travailleurs, certains travailleurs qui restaient mobilisés baissent les bras, d’autres, au contraire, pensent déjà aux luttes qui seront à mener une fois que le travail aura repris.

Correspondant LO
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par com_71 » 04 Fév 2007, 11:17

(lutte ouvrière 12 1 2007 a écrit :Belgique - Volkswagen Bruxelles: Retour à l’usine, mais rien n’est réglé

Sept semaines après l’annonce de la suppression de 4000 emplois dans l’usine de Bruxelles, les travailleurs sont revenus dans les ateliers, lundi 8 janvier.

Vendredi 5 janvier, les syndicats avaient organisé un référendum pour ou contre la «continuation du mouvement». 2000 des 4800 ouvriers de l’usine ont voté; les 1900 ouvriers qui ont signé pour un départ volontaire avec une prime étaient exclus du vote. 46% se sont malgré tout prononcés pour la poursuite du mouvement.

À l’assemblée générale le matin du référendum, les dirigeants des trois syndicats ont tous défendu ce qu’ils appellent l’accord avec la direction, déclarations accueillies froidement par les 2000 travailleurs assemblés et huées par la forte minorité qui avait participé, contre l’avis de ces mêmes dirigeants syndicaux, au maintien d’une présence devant l’entrée de l’usine depuis sept semaines.

À la fin de l’assemblée une déléguée FGTB, soutenue par les dirigeants de l’appareil bruxellois de la centrale des métallos FGTB (1) et aussi par de nombreux travailleurs, a pu prendre la parole pour dénoncer le flou et l’insuffisance de l’accord et appeler à voter contre la reprise. Son intervention, contre l’avis du responsable FGTB de l’entreprise, a été fortement applaudie. Malheureusement, seuls les travailleurs francophones avaient pu suivre le discours prononcé uniquement en français, et non traduit en néerlandais comme cela se pratique habituellement. Cela a été exploité immédiatement par un délégué du syndicat libéral: d’après lui, on avait encore une fois manqué de respect envers les Flamands (60% des effectifs)! Mais il s’est bien gardé d’y remédier en traduisant l’intervention, dont c’était moins la langue que les critiques qui l’importunaient.

À l’annonce des résultats du vote vers 18 heures, 150 ouvriers étaient encore présents devant l’usine, pratiquement tous FGTB et francophones. Beaucoup espèrent quand même repartir en grève à la première occasion.

En effet, rien n’est réglé. Ni pour les 2200 travailleurs restants, qui ne savent pas quelles seront leurs conditions de travail et de salaire dans les années à venir. Ni pour les 900 prépensionnables, qui pourraient perdre 20% de leur salaire et devraient se plier à tout travail «acceptable» qui leur serait proposé, sous peine de perdre leur prépension. Les travailleurs de VW seraient les premières victimes de cette mesure du «pacte des générations» imposé fin 2005 par le gouvernement.

Quant aux 1900 ouvriers ayant signé leur «départ volontaire» avec prime, près de 200 d’entre eux ont déjà demandé de revenir sur ce choix, pris dans la panique organisée par la direction. Beaucoup se sont présentés le lundi matin à l’entreprise, car ils n’ont aucun engagement de la direction concernant leur prime. Ils ne sont même pas certains que VW les laissera tous partir...

Enfin, il y a les travailleurs de la sous-traitance, qui n’ont eu ni prime ni rien et qui s’attendent à de nombreux licenciements. Certains, comme ceux de Faurecia, n’ont pas repris le travail lundi 8 janvier.

Ceux qui voudraient continuer le mouvement auraient toutes les raisons de le faire, en prenant soin de ne pas se laisser diviser entre travailleurs francophones et néerlandophones, pour ne pas prêter le flanc à la démagogie communautaire qui s’est déjà bien immiscée dans les appareils syndicaux.

Correspondant LO

Note (1): Début 2006, la centrale des métallos de la FGTB s’est divisée en trois «ailes», une wallonne, une flamande et une bruxelloise. L’initiative venait d’une clique de bureaucrates wallons opposée au président flamand de la centrale, accusé d’avoir fait partie, à l’âge de 16 ans, d’une organisation d’extrême droite flamande, ce qu’il n’avait jamais caché, et sous prétexte que la centrale serait «plus combative» sans les Flamands...


(Lutte Ouvrière 2 2 2007 a écrit :Volkswagen Bruxelles: des syndicats conciliants avec la direction

Trois semaines après la reprise du travail chez Volkswagen à Bruxelles, rien n’est encore réglé pour les travailleurs de cette entreprise, menacés de suppressions d’emplois.

Les 900 prépensionnables sont toujours dans l’entreprise. Leurs conditions de départ ne sont ni sûres ni satisfaisantes. Le «pacte des générations» les oblige à passer par des «cellules de reclassement» et à accepter n’importe quel travail qui leur y serait proposé, sous peine de perdre leur prépension prévue à 80% de leur salaire.

Pour les 2200 salariés qui restent, les cadences s’accélèrent à nouveau, mais l’avenir reste toujours aussi brumeux. Plus de 100 ouvriers, ne croyant pas dans l’avenir de l’usine, se sont encore inscrits sur le registre des départs volontaires avec prime.

Depuis la reprise, de petits débrayages ont lieu tous les jours. Ici pour refuser la mutation de collègues, là pour refuser une accélération de cadence. Mais la majorité des délégués des trois syndicats font tout pour freiner une généralisation des débrayages.

Lors du Conseil d’entreprise du mercredi 24 janvier, la direction a laissé entendre qu’elle fermerait le registre des départs volontaires et qu’elle resterait inflexible sur les conditions de départ des prépensionnables. L’équipe du soir a alors débrayé et voté la grève en assemblée générale. C’était le premier vote à main levée depuis l’annonce des suppressions d’emplois en novembre dernier. Le lendemain matin, la contre-équipe a suivi et les travailleurs ont rappelé leur existence au Conseil d’entreprise en lui rendant une petite visite.

Le vendredi, jour chômé, les délégués se sont rendus au ministère de l’Emploi pour négocier en présence d’un «conciliateur». La grande majorité des délégués étant aussi pressés que la direction de faire cesser la grève, ils se sont satisfaits d’une répétition de la promesse -écrite cette fois, mais en quoi est-ce plus sûr? - de produire des voitures AudiA1 à partir de 2009, assortie du maintien de la possibilité de départ avec prime pendant la période intermédiaire.

Cet «accord» a été défendu lundi matin 29 janvier en assemblée par les syndicats, qui ont appelé à la reprise du travail. Le travail a repris, mais une forte minorité reste déterminée à offrir une résistance aux appétits de la direction. Lundi matin, les travailleurs ont aussi pu apprendre dans la presse néerlandophone que le délégué principal de la FGTB -celui qui les a appelés à rester chez eux et écouter les médias- a été présenté comme candidat aux élections législatives pour le Parti Socialiste Flamand. Un parti qui, selon son président, veut qu’il y ait à nouveau des ouvriers au Parlement... Mais des dirigeants syndicaux qui ne défendent plus les intérêts des travailleurs depuis des années pourraient-ils, s’ils sont élus, les défendre au gouvernement?

Correspondant LO
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par com_71 » 04 Mars 2007, 14:14

(sur le site du PTB - parti belge de tradition maoïste a écrit :Volkswagen Forest: que penser du référendum ?

On en discute ferme partout, de ce référendum chez VW Forest. Dans les médias traditionnels, il est beaucoup question d'un avenir pour l'Audi, des têtes brûlées parmi les syndicalistes, etc. Mais que s'est-il passé exactement, ces derniers jours ? Et quelle est l'attitude du PTB ? Vous aussi, réagissez ci-dessous.

Section PTB Volkswagen 02-03-2007
Depuis la reprise du travail chez VW Forest, début janvier, les travailleurs essaient de toutes les façons possibles d'obtenir des certitudes à propos de l'avenir de leur usine. Les seules « certitudes » qu'ils ont toutefois obtenues après sept semaines de lutte ont été la prime en cas de départ volontaire, la prépension à partir de 50 ans (sous les conditions du Pacte des générations, il est vrai) et le maintien de 2200 emplois.(*)

Mais le plan industriel est à tout le moins inachevé et incertain. Il y a eu la vague promesse d'un nouveau modèle Audi, tout aussi vague, à partir de 2009 et la promesse également de produire 84.000 véhicules par an durant deux ans, bien qu'on ne sache pas encore très bien de quel modèle il s'agira… Puis, il y a surtout eu la demande de la direction d'Audi de réduire les coûts salariaux de 20 %.

Durant les premières semaines de janvier et février, l'incertitude est demeurée quant aux volumes de production et aux modèles. Fin janvier, quand la direction a brusquement décidé de clôturer les listes d'inscription pour les primes, il s'en est suivi aussitôt une grève spontanée avec, comme principale revendication : nous voulons être fixés pour de bon sur ce que l'avenir réserve à ceux qui resteront.

C'est ce dont s'est servi Verhofstadt pour rendre les travailleurs eux-mêmes responsables de l'éventuelle fermeture de l'usine. Mais, tant que l'avenir au sein de VW n'était pas clair, les travailleurs voulaient encore avoir la possibilité de s'en aller… Et beaucoup se sont alors demandé : ne vont-ils quand même pas fermer l'usine, finalement, puisqu'il n'y a rien d'écrit noir sur blanc ? C'est grâce à cette action, en fin de compte, qu'aujourd'hui, il y a quand même quelque chose sur papier…

Jeudi dernier, les directions d'Audi et de VW sont arrivées avec leur déclaration d'intention, dans laquelle l'avenir de l'usine _ volumes de production et certitude d'emploi pour 2200 travailleurs _ passe par une réduction de 20 % des coûts salariaux (allongement du temps de travail de 35 à 38 heures, les 20 minutes de pause à midi ne seront plus payées, perte de la prime d'ancienneté, de la prime de fin d'année, etc.).

En conclusion de la réunion _ qui ne s'est terminée qu'aux petites heures, vendredi matin _, Audi exigeait un accord des syndicats pour lundi matin à 9 h, au cours d'un conseil d'entreprise extraordinaire. Sans quoi la production des nouveaux modèles pourrait très bien s'expatrier et s'installer dans l'ancienne usine Seat en Espagne. Un gros chantage, à coup sûr, mais avec un enjeu très réel : la fermeture définitive de l'usine de Forest.

Vu qu'on ne travaille pas le vendredi, à Forest, les travailleurs ont dû attendre lundi matin pour être informés collectivement. La chose n'était même pas prévue, au départ : les syndicats chrétien et libéral ont décidé de signer telle quelle la déclaration d'intention ; au syndicat socialiste, il y a eu davantage de voix en faveur d'une assemblée générale au cours de laquelle les travailleurs seraient au moins dûment informés. Mais, du fait qu'Audi était pressé, il n'y a finalement rien eu de prévu.

Naturellement, coups de fil et mails n'ont pas cessé durant le week-end, de sorte que bien des travailleurs ont été au courant de la situation. Comme par hasard, c'est le moment qu'a choisi VW pour divulguer ses bénéfices de 2006. « Le groupe VW-Audi-Skoda a doublé ses bénéfices. De 1,12 milliard d'euros en 2005, ils sont passés à 2,75 milliards d'euros en 2006. L'objectif de VW étant d'arriver à un bénéfice de près de 6 milliards d'euros en 2008. A la Bourse de Francfort, on constate une augmentation de 7,87 % pour les actionnaires... ».

Mais il y avait également beaucoup d'indignation quant au fait que les syndicats avaient l'intention de signer l'accord sans consulter les travailleurs. C'est avant tout pour cette raison que, lundi, la pause du matin s'est tout de suite mise en grève : les travailleurs voulaient en savoir plus sur cette déclaration d'intention et sur la possibilité de s'exprimer eux-mêmes à son sujet. Le conseil d'entreprise s'est donc déroulé dans une ambiance très houleuse et a même été interrompu plusieurs fois du fait que quelques centaines de travailleurs étaient pour ainsi dire à ses portes. Finalement, la direction se déclarait prête à attendre un jour de plus, histoire de laisser le temps aux syndicats de préparer un référendum. Avec, comme question : « tes-vous disposé, oui ou non, a poursuivre la collaboration avec Audi ? » Aux conditions mentionnées dans la déclaration d'intention, bien entendu ! Le texte de la FGTB se termine comme suit : « Ceci, c'est la réalité du monde du capital et du travail. Cette restructuration est l'arme ultime du capital pour imposer ses volontés aux travailleurs. Aujourd'hui, nous avons le choix entre la peste et le cholera. Accepter un recul social ou ne plus avoir d'avenir pour les 2200 postes de travail dans cette entreprise ! Ce choix n'en est pas un. On nous met le dos au mur avec un revolver sur la tempe. C'est survivre ou mourir ! Le suicide collectif n'est pas un choix syndical ! Nous optons pour la survie ! Car alors seulement nous aurons la possibilité de rassembler nos forces pour assurer l'avenir. Et nous en aurons bien besoin. »

Le référendum : vous continuez avec Audi, oui ou non ?

Dans ce référendum, tenu le 27 février, trois quarts des travailleurs ont voté pour la survie de leur usine et pour le maintien de leur emploi. Aucun d'entre eux n'a voté pour une réduction des coûts salariaux de 20 % ni pour un allongement du temps de travail (de 35 à 38 heures par semaine). Tout le monde savait parfaitement bien que l'un n'allait pas sans l'autre et que la direction de VW-Audi exerçait un grossier chantage. Et la plupart des gens sont dégoûtés. « Nous avons dû renoncer aux fruits de trente ans de lutte syndicale, mais quelle est l'alternative ? J'ai voté non », dit un ouvrier du Borinage, cet après-midi à la porte, « mais je peux parler à l'aise : en fait, je `peux' prendre ma prépension si je veux _ mais je ne le veux pas, car je ne veux pas aller travailler ailleurs à un salaire plus bas. Je peux très bien comprendre mes collègues qui ont voté oui. Commencez un peu à chercher du boulot dans notre région ! Et à quelles conditions ? Je comprends très bien aussi le point de vue de la délégation syndicale. Il y en a eu, comme toujours, pour critiquer le syndicat et dire : comment osez-vous défendre une saignée de 20 % ? Ma réponse (et je suis un affilié ordinaire du syndicat) a été la suivante : mettez-vous un peu à la place de nos délégués, ils doivent décider, ici même, du boulot et de l'existence de 2.200 familles. Naturellement, le résultat du référendum Audi va peut-être inciter la direction à aller encore plus loin, peut-être pensent-ils déjà : nous aurions même pu demander 30 %... En tout cas, l'ambiance dans l'usine est effrayante, en ce moment. Car tout le monde se rend compte, évidemment, que nous allons en baver encore plus au cours des années à venir : plus d'heures, plus de flexibilité et moins de salaire. Par exemple, chaque année, j'ai droit à une prime d'ancienneté de 1000 euros : elle tombe, tout simplement, fini ! Aussi, ce matin, avons-nous appris que quelques délégués combatifs en ont assez et quittent l'usine. Je me sens comme abandonné car, aujourd'hui, nous avons besoin d'eux plus que jamais. »

Un militant syndical raconte qu'en ce moment, il hésite de partir. « J'en ai déjà discuté avec ma femme, elle est d'accord, mais je vais encore y réfléchir durant une journée. D'un côté, j'en ai plus qu'assez. J'en ai tellement marre, ici. Mais je me rends compte que ce n'est sûrement pas mieux ailleurs, en admettant que je trouve quelque chose. Et qu'ils vont avoir besoin de tous les gars combatifs, ici, à l'avenir. »

« C'est une bonne chose d'avoir organisé ce référendum, nous devons en finir avec cette situation où les travailleurs considèrent leurs délégués comme les gens qui vont leur retirer les marrons du feu, car c'est vraiment devenu un gros problème, ici. Aussi n'ai-je pas de problème avec le résultat du vote, même si j'aurais voulu que ça se passe autrement », explique un jeune délégué. « Nous nous sommes laissé faire. D'après moi, ce n'étaient que des menaces. Audi aurait pu se retirer depuis longtemps, avec toutes ces actions des semaines précédentes. »

Mais plusieurs autres délégués n'en sont pas aussi sûrs : « Nous n'avions en effet pas d'autre choix. Si l'usine ferme, ce sera encore bien plus grave. Et les travailleurs pensent manifestement la même chose, c'est assez logique. Mais, en premier lieu, naturellement, nous devons insister sur le côté dégueulasse de toute cette situation : c'est pour les milliards d'euros de bénéfice d'Audi, de VW et de leurs actionnaires qu'on nous presse ici comme des citrons. Mais ce n'est pas le moment de baisser la tête. S'en aller, pour moi, ce n'est pas une option, par conséquent. »

Le noyau PTB de Volkswagen n'a pas appelé à voter pour ou contre. C'était aux travailleurs, sur base du plus d'information possible, qu'il revenait de faire un choix pour l'avenir. Nous soutenons ce choix. On ne peut qu'applaudir au fait en soi que les travailleurs ont obtenu un référendum et qu'ils ont décidé eux-mêmes.

Nous pensons aussi qu'en effet, il n'y avait pas d'alternative en ce moment. Les rapports de forces n'y sont pas, ils vont devoir être reconstruits au cours des prochaines semaines, mois et années, dans une usine où 2000 emplois sont passés à la trappe et où, en quelques semaines, les 2200 travailleurs restants se sont retrouvés dans d'autres ateliers, équipes et secteurs. Il va falloir lutter autour de chaque point et de chaque virgule des prochaines CCT qui concrétiseront les restrictions sur les coûts. Il va aussi falloir de la solidarité de la part des autres usines et secteurs en Belgique _ le fait qu'une direction impose une réduction des coûts de 20 % ainsi qu'un allongement du temps de travail sans compensation salariale est en effet particulièrement inquiétant.

Et, pour finir, il est nécessaire, et de toute urgence, que se constitue une collaboration, au niveau européen, des délégations et forces de gauche, afin d'arrêter cette spirale négative du démantèlement social.

(*) La procédure suivie ne concorde absolument pas avec la procédure Renault, qui stipule qu'il faut chercher en premier lieu comment on peut sauver le plus grand nombre d'emplois possible. Chez VW, on a d'abord négocié autour des primes et on a même ouvert la liste d'inscription pour les primes avant qu'il y ait quoi que ce soit d'écrit sur l'avenir de l'entreprise même.


(passage de l'article ci-dessus a écrit :Finalement, la direction se déclarait prête à attendre un jour de plus, histoire de laisser le temps aux syndicats de préparer un référendum.


Autrement dit le référendum a été la concrétisation d'un accord tacite entre la direction et les syndicats. Face à cela des révolutionnaires pouvaient avoir des problèmes tactiques : voter contre, ne pas participer au vote, ou encore se dire qu'ils n'avaient pas un poids suffisant pour donner une consigne explicite...
En tout cas pas, je crois, faire comme l'a fait le PTB, ne pas dénoncer la manoeuvre de la direction et ne pas se ranger résolument du côté des ouvriers qui la ressentait, en voulant voter non ou en étant méfiants envers ce référendum.

(conclusion de l'article du PTB a écrit :Et, pour finir, il est nécessaire, et de toute urgence, que se constitue une collaboration, au niveau européen, des délégations et forces de gauche, afin d'arrêter cette spirale négative du démantèlement social.


Là encore des révolutionnaires ne s'en remettraient pas à une quelconque initiative des bureaucraties syndicales et des forces dites de gauche qui leur sont liées, mais diraient que, pour l'avenir, tout dépend des luttes que seront capables de mener les travailleurs eux-mêmes et que l'attitude des uns et des autres ne peut être jugée que par rapport à l'aide (ou plus vraisemblablement aux entraves) qu'ils apportent à l'organisation de cette lutte ou à la propagande dans sa direction.
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Message par com_71 » 08 Mars 2007, 08:49

(lutte ouvrière 07-03-2007 a écrit :Volkswagen - Bruxelles : travailler plus, sans gagner plus

Au moment même où le groupe Volkswagen annonce des profits en augmentation de 145 % - 2,75 milliards d'euros - les dirigeants imposent une forte baisse de salaire aux travailleurs en Belgique.

Les plans de la direction prévoient de produire dans leur usine de Bruxelles un petit modèle d'Audi en 2009.

Après avoir poussé 2 000 travailleurs au départ « volontaire » et envoyé 900 travailleurs de 50 ans et plus en prépension, la direction a annoncé aux 2 200 travailleurs restants à qui elle voulait imposer 20 % de baisse du coût du travail : augmentation du temps de travail de 35 à 38 heures sans compensation salariale, flexibilité des heures supplémentaires à l'année, transformation d'une partie des salaires en primes, non-paiement d'une partie des repos, suppression d'un jour d'ancienneté, et des salaires de 20 % plus bas pour les futurs embauchés. Et ce ne sont là que les points les plus choquants.

Ce plan était à prendre ou à laisser et, en absence de l'accord des syndicats avant la fin du mois de février, la direction annonçait que l'usine serait condamnée.

Face à ces perspectives, des travailleurs répondaient qu' « ils ferment leur usine de merde », du moins dans les ateliers où les délégués informaient, car beaucoup de délégués avaient disparu. Une partie des délégués relayaient le chantage de la direction : il fallait qu'ils signent ou c'était la fermeture...

À l'annonce de 4 000 suppressions d'emplois en novembre 2006, ces délégués avaient demandé aux travailleurs de rester chez eux et « d'écouter les médias »... Les syndicats avaient refusé d'organiser ensemble les travailleurs de VW et les sous-traitants, ce qui aurait permis de manifester plus nombreux. Ils avaient refusé de s'adresser massivement aux autres travailleurs de l'automobile et à l'opinion publique.

Devant le mécontentement de beaucoup de travailleurs, les dirigeants syndicaux ont dû organiser des assemblées générales où ils ont expliqué qu'ils avaient le couteau sur la gorge et qu'ils devaient signer. Finalement, pour pouvoir rejeter leurs responsabilités sur les travailleurs, ils ont repris la proposition de la minorité de militants FGTB opposés à la signature d'organiser un référendum. Le choix était de voter « OUI à un avenir avec Audi » et une exploitation accrue, ou « NON à un avenir avec Audi »... et la perspective de la fermeture de l'entreprise !

Malgré le chantage de la direction et la démission des syndicats, 23 % des travailleurs, un peu plus de 500, ont quand même voté NON, malgré une pression amplifiée par les médias qui titraient : « L'avenir de l'usine repose sur les épaules des travailleurs ». Comme si toutes ces décisions n'étaient pas prises par les gros actionnaires !

Suite à ce référendum, 200 travailleurs de plus ont choisi de partir avec la prime. Notamment toute une partie de la minorité syndicale FGTB, laissant derrière eux un sentiment de défaite.

Pourtant, des centaines de travailleurs auraient sans doute été disponibles si on leur avait proposé des perspectives de lutte. Auraient-ils pu faire reculer la direction de VW ? Partiellement au moins, et cela aurait fait hésiter les patrons qui tentent de s'engouffrer dans la brèche ouverte à Volkswagen pour augmenter brutalement leurs profits au détriment des salariés.

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Message par com_71 » 01 Avr 2007, 00:03

La position gênée du PTB :

a écrit :Volkswagen • Le couteau sur la gorge, le personnel vote le maintien de 2 200 emplois

75 % des travailleurs ont voté pour faire de VW Forest une usine Audi. Choix déchirant, car les coûts salariaux doivent baisser de 20 %.

Daniel Savage
07-03-2007
Lors du référendum de ce 27 février, trois quarts des travailleurs ont estimé que la survie de l’entreprise était en jeu. Un quart n’a pas voulu choisir entre la peste et le choléra et a voté contre. Cent nonante d’entre eux, entre-temps, ont choisi de s’en aller avec la prime.



29 septembre 2006. Les travailleurs des six usines VW allemandes sont d’accord de travailler plus longtemps sans compensation salariale, mais en échange de la sécurité d’emploi. Forest craint qu’une partie de sa production ne retourne vers le pays d’origine.

16 novembre. Grève à Forest parce que la direction allemande ne donne aucun éclaircissement sur l’avenir de l’usine belge.

21 novembre. VW fait savoir que désormais la Golf ne sera plus construite qu’en Allemagne. Au maximum, 1 500 des 5 200 travailleurs pourront continuer à travailler à Forest.

2 décembre. Manifestation nationale à Bruxelles, avec 25 000 personnes.

8 décembre. Accord entre la direction et les syndicats : les travailleurs qui s’en iront volontairement recevront une prime d’un mois de salaire brut par année d’ancienneté, au minimum 25 000 euros, au maximum 144 000 euros.

21 décembre. Confirmation officielle que l’usine pourra construire 84 000 voitures en 2007 et 2008 : 46 000 Polo, 14 000 Golf et 24 000 exemplaires d’un modèle restant encore à préciser. 2 200 personnes pourront continuer à travailler en 2007-2008.

5 janvier 2007. Référendum. Une porte-parole de la FGTB appelle au rejet du préaccord. Mais la question à laquelle les travailleurs doivent répondre est : continuer la grève ou pas ? 54 % veulent arrêter la grève.

24 janvier. Nouvelle grève. Les travailleurs en ont marre de l’incertitude.

13 février. Accord pour les employés. Ils recevront des primes de licenciement de 29 000 à 196 000 euros.

23 février. La direction de VW Forest propose un plan pour l’avenir. Les coûts de production doivent baisser de 20 %. Les syndicats doivent répondre pour le 26 février.

26 février. Les travailleurs de Forest ne veulent pas des restrictions et arrêtent le travail.

27 février. Référendum sur les plans de VW à propos de l’usine bruxelloise.

27 februari. Referendum over de plannen van VW met de Brusselse vestiging. (cv)

Qu’a fait la section PTB de VW, dans cette situation ?

En premier lieu, elle a essayé de ne pas porter un jugement sur la gravité du chantage. Il est inimaginable qu’Audi demande 20 % de restrictions et annonce en même temps un bénéfice de 1,34 milliard d’euros, soit une augmentation de 63 %. Nous comprenons donc pleinement les travailleurs qui estiment ce choix inacceptable. Mais nous comprenons aussi que la délégation s’est trouvée dos au mur après deux mois de lutte. Ne pas signer aurait signifié presque à coup sûr la fermeture de VW Forest.

Audi est en quête d’un supplément de capacité pour ses nouveaux modèles dès 2009. La boîte a le choix entre les deux usines VW en Espagne, voire une extension de son usine hongroise. La direction d’Audi a joué très dur : sans signature sous la déclaration d’intention, lundi matin, elle entamait dès mardi les négociations avec Martorell en Espagne. En dehors de la production d’Audi, il n’y avait qu’un engagement portant sur 84 000 voitures en 2007 et 2008, mais celles-ci peuvent être montées sans difficulté aucune dans d’autres usines. La surcapacité s’élève presque à 30 %.

Nous avons préconisé une information complète par les syndicats et un référendum. La majorité a opté – le couteau sur la gorge – pour la survie de l’usine. On ne pouvait écarter ce couteau qu’en redistribuant les quotas de production sur toutes les usines Audi et VW, de sorte qu’aucune usine ne soit menacée. C’est ce qu’en tant que section PTB nous avons défendu durant tout le conflit. Cette revendication raisonnable va à l’encontre de la logique du profit et requiert donc des rapports de forces.

Une restriction de 20 %, on ne voit pas ça tous les jours. La résistance nécessaire ne pouvait-elle être organisée contre cela le 27 février ?

Le retour d’une partie des 120 000 Golf qui avaient été assignées le 21 novembre à Wolfsburg a été le résultat d’une grève de sept semaines et de la pression syndicale internationale, surtout de la part d’IG-Metall. Le contrat de quelques centaines d’intérimaires à Bratislava n’a pas été prolongé, ce qui rapportait 46 000 Polo à Forest. Audi Ingolstadt a laissé 14 000 Audi A3 à Forest. Tout cela était en préparation du lancement de la production d’Audi à partir de 2009. Le point central de tout le scénario résidait donc dans la décision d’Audi. Il s’agissait donc bien en même temps d’une décision de vie ou de mort.

Le vote divisé du 5 janvier (54 % pour l’arrêt de la grève) était surtout imputable à l’absence de clarté des plans industriels pour l’avenir. Pour cette raison, nous avons alors appelé à rejeter le préaccord sur les primes de départ et la prépension. Certains délégués voulaient continuer la lutte pour plus de sécurité d’emploi. Lors de l’assemblée générale, leur porte-parole a dit que l’accord était inacceptable. La plupart des délégués étaient alors déjà d’avis qu’on avait obtenu des Allemands le fond de la marmite.

Le point de vue de cette minorité convaincue mérite quand même le respect ?

Très certainement. Cela rend le drame d’autant plus grave, car bon nombre d’entre eux quittent aujourd’hui l’entreprise. Dans les semaines qui ont suivi le vote du 5 janvier, le travail a encore été arrêté à plusieurs reprises afin d’exiger davantage de garanties du « repreneur » Audi. Toute la campagne de haine des médias contre les « kamikazes » de VW et les interventions de Verhofstadt ont conforté Audi dans sa conviction que la firme pouvait durcir sa position. Dans de telles circonstances, une nouvelle grève de longue haleine n’était pas envisageable. Et c’était la seule chose qui aurait pu remettre l’affaire en route dans les autres usines d’Europe.

Les travailleurs et délégués syndicaux de VW qui ont voté oui sont-ils désormais responsables du démantèlement des acquis qu’ils avaient obtenus eux-mêmes ces 20 dernières années ?

Bien sûr que non. Avec leur lutte du passé, ils avaient obtenu les meilleures conditions de travail de l’assemblage automobile en Belgique et ils ont sans aucun doute contribué à ralentir la détérioration sociale dans d’autres entreprises. C’est en partie pour cela que, des années durant, la délégation FGTB de VW a été la tête de Turc de tous les porte-parole financiers et patronaux. Sous le chantage de la fermeture, on ramène les pendules aujourd’hui en l’arrière. Désormais, à Forest, les temps de travail et les salaires seront comparables à ceux pratiqués chez Ford, Opel et Volvo.

Audi promet de maintenir 2 200 emplois. La lutte est-elle terminée sur ce plan ?

Une déclaration d’intention n’a jamais rien d’une garantie absolue. Même la convention collective allemande d’il y a deux ans, sur le maintien de l’emploi à Wolfsburg, a été suspendue en raison de circonstances économiques exceptionnelles afin de pouvoir supprimer 20 000 emplois et prolonger la durée du temps de travail à 34 heures. Tous les cinq ou six ans, un modèle arrive en fin de cycle et, vu la saturation du marché européen, la survie de l’une ou l’autre unité de production revient chaque fois sur le tapis.

Quel est maintenant l’enjeu de la stratégie syndicale dans l’entreprise ?

Audi exige que les coûts de production diminuent de 20 %. L’abandon des primes de nuit et de week-end équivaut déjà à plus de 9 % et l’allongement du temps de travail y ajoute encore 8,8 %. Pourquoi ne pas récupérer le pourcentage manquant sur les dividendes ?

Au cours des prochains mois et années, il va falloir à nouveau reconstruire les rapports de forces chez VW, dans la lutte autour de chaque point, chaque virgule des conventions collectives concrétisant les économies sur les coûts.

Rectificatif

Une erreur de traduction s’est glissée dans l’article « Le couteau sur la gorge, le personnel de VW vote le maintien de 2 200 emplois » paru dans Solidaire n° 9, le 7 mars 2007. En réponse à la question « Qu’a fait la section PTB de VW dans cette situation ? », il fallait lire :

« Nous avons en premier lieu tenté d’évaluer la gravité du chantage. Il est inimaginable qu’Audi demande 20 % de restrictions et annonce en même temps un bénéfice de 1,34 milliard d’euros, soit une augmentation de 63 %. Nous comprenons donc pleinement les travailleurs qui estiment ce choix inacceptable. Mais, après deux mois de lutte, la délégation syndicale s’est trouvée dos au mur. Ne pas signer aurait signifié presque certainement la fermeture de VW Forest. »

Avec toutes nos excuses.
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Message par com_71 » 08 Mai 2007, 19:24

Même problèmes à Opel-Anvers

a écrit :Anvers - Suppressions d'emplois annoncées dans l'automobile

Le mardi 17 avril, la direction de General Motors d'Anvers en Belgique a annoncé que la nouvelle Astra ne sera plus produite dans l'usine Opel à Anvers ; 1 400 sur les 4 500 emplois de l'usine seraient supprimés.

Lors d'une assemblée qui s'est tenue le jour même, et bien que les trois syndicats aient appelé les travailleurs à ne pas faire grève, le travail n'a quand même pas repris après l'assemblée. Les syndicats ont donc fini par appeler à une grève de 24 heures, pour « informer » et parce que « les gens étaient inquiets ».

Mercredi 25 avril, de nouveaux débrayages se sont produits quand les travailleurs ont appris que la direction ne prévoyait que 80 000 voitures par an à partir de 2010 et qu'elle comptait mettre fin immédiatement aux contrats des 400 travailleurs intérimaires et en CDD. Les dirigeants syndicaux ont alors choisi de décréter la grève jusqu'au 3 mai, jour d'une manifestation européenne à Rüsselsheim en Allemagne. Mais si les dirigeants syndicaux ont agi ainsi, c'est qu'ils s'y sont sentis obligés. Ils craignent que des événements identiques à ceux de VW se reproduisent : là, devant l'absence manifeste de volonté de lutte des dirigeants syndicaux, un groupe de syndicalistes de base et de travailleurs avait pris l'initiative d'une grève que les directions syndicales avaient eu du mal à maîtriser.

Quant à la direction d'Opel, elle a aussi choisi de calmer le jeu. Elle a payé les 24 heures de grève des 17 et 18 avril et pour le moment préféré revenir sur la fin des contrats à durée déterminée et décidé de conserver les intérimaires. L'usine Opel se trouve dans la zone du port d'Anvers, le plus grand centre industriel du pays, où travaillent aussi plusieurs milliers de dockers réputés pour leur combativité. Une contagion de lutte ne serait pas impossible

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Message par com_71 » 13 Juin 2007, 21:22

(lutte ouvrière 15 juin a écrit :Chez VW-Audi - Bruxelles : exploitation et mensonges patronaux

Volkswagen Bruxelles est maintenant devenu Audi. 1 500 travailleurs sur 5 400 y travaillent encore, avec des salaires qui seront amputés d'au moins 20 %...

Tout va bien pour les actionnaires du groupe Volkswagen, dont Audi est une filiale. VW Bruxelles a même annoncé dernièrement avoir réalisé 111 millions d'euros de bénéfice en 2006, quand il y avait encore 5 400 travailleurs dans l'entreprise, soit 20 000 euros par travailleur. Ce n'étaient donc pas les difficultés économiques qui ont motivé le plan de suppression d'emplois et de compression des salaires.

Des suppressions d'emplois ont eu lieu aussi chez les sous-traitants. La presse les estime à environ 700 sur 1 700 emplois de sous-traitants directs, essentiellement par des licenciements. Mais, en comptant les intérimaires renvoyés et les CDD non renouvelés, cela fait bien plus.

Arvin Meritor, dont la seule activité est la fabrication des portières de la Golf produite à VW Bruxelles, avait déjà mis fin aux contrats des intérimaires et des CDD. Début mai, la direction a annoncé la fermeture complète pour fin juillet, n'ayant pas de nouveau contrat avec Audi. Les ouvriers d'Arvin Meritor, qui avaient fait grève six semaines fin 2006, en même temps que l'arrêt de la production à VW, ont entamé une nouvelle grève en mai.

La production des Golf à VW-Audi a été complètement bloquée pendant une semaine environ. Car Arvin Meritor est en réalité un atelier externe de VW, avec des salaires inférieurs et des conditions de travail encore plus dures. Et c'est une fiction juridique patronale de considérer ces entreprises de sous-traitance comme indépendantes : sans elles, les voitures sortiraient sans sièges, sans portes, sans capots Et pourtant les directions syndicales ont pesé pour leur faire reprendre le travail sous prétexte... que leur grève prendrait les travailleurs d'Audi en otages !

De leur côté, les travailleurs de chez VW-Audi ont été renvoyés chez eux en chômage technique « pour cause de force majeure », avec des indemnités de 20 à 40 % inférieures à leur salaire ! Ainsi ces indemnités sont prises en charge par la Sécurité sociale, alors que c'est la direction, et elle seule, qui est responsable du blocage de la production, et pas une « force majeure » ou un tremblement de terre imprévisible !

Au regard des motifs qui permettent l'accès au chômage pour cause de force majeure, cette mesure est illégale. Mais ce n'est pas l'illégalité qui gêne les patrons, quand ça leur permet d'augmenter les profits.

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