Nantis de fonctionnaires!

[tristana]

Lettre à ces messieurs qui nous gouvernent..."
> Par un patron de La Réunion.
> Le jeudi 19 juin 2003.
>
> Lettre à ces messieurs qui nous gouvernent
>
> Je suis patron à l'île de la Réunion depuis 20 ans. Trop d'employés, trop
> d'ennuis mais c'est la norme. Un patron par définition n'aime pas les
> grèves et a fortiori les grèves des fonctionnaires, ces privilégiés
> garantis à
> vie dans leur emploi, qui passent plus de temps à gérer leurs loisirs que
> leur
> travail.
>
> C'était du moins l'idée générale que je m'en faisais jusqu'à ce qu'une
> fonctionnaire, de l'Éducation nationale de surcroît, ne déferle dans ma
> vie.
>
> Bien sûr l'amour rend aveugle, mais les cheveux blancs atténuent cette
> cécité "artificielle".
>
> Ma fonctionnaire de ma vie travaille. Elle travaille beaucoup à la vie
> scolaire. 45 heures par semaine ne sont pas l'exception, et bien que je
ne
> sois pas sur son lieu de travail, ses heures ne se passent pas devant la
> machine à café. Le soir, rentrée au calme de la maison il lui faut du
> temps pour évacuer les tensions qu'elle a subies de la part des 800
élèves
> de
> son collège situé en zone très sensible. Elle a été gréviste de la
première
> heure. L'éclairage simple et vrai de la situation qu'elle m'a fait, à
> l'appui de textes officiels, et non pas de quelques interprétations
> fumeuses des uns ou des autres, m'a convaincu que son engagement était
> juste et
> fondé. La retraite et les "droizakis" dont parlent tant les syndicalistes
> ne font pas partie de ses soucis.
>
> Sa vraie préoccupation est le visage de la société qu'un
gouvernement -élu
> par défaut- veut imposer aux forceps, en noyant le "peuple d'en bas" de
> fausses informations et en prenant soin d'empêcher les médias de montrer
> l'ampleur nationale qu'a pris ce mouvement de révolte contre des réformes
> non concertées. Y aurait-il en France 1 million d'abrutis qui seraient
> chargés de l'éducation de nos enfants ?
>
> Si tel était le cas, alors Messieurs Raffarin et Ferry : oui pour une
vraie
> réforme !
> Licenciez ce million d'abrutis dangereux pour l'éducation de nos enfants
> et pour l'avenir de notre pays.
>
> Mais, l'avenir de notre pays, qui vous en dessine les futurs contours ?
> Votre propre imagination ou les ordres des multinationales cotées en
bourse
> qui
> n'ont qu'un mot d'ordre : transformer en argent tout ce qui existe sur
> terre. L'Éducation est une très belle marchandise à vendre. Pensez donc !
> 5 millions de clients captifs en France... Tout sera mis aux enchères sur
> notre planète. La santé si chère aux Français, le sera encore plus à la
> rentrée de septembre, l'eau utilisée à tort et à travers dans notre île,
> attendez-vous au pire, et pourquoi pas l'air que nous respirons.
Alouette!
>
> Mes yeux se sont ouverts petit à petit. Les défilés de personnels de
> l'Éducation, gentils et respectueux des forces de l'ordre (je vous
> certifie qu'aucun prof n'a lancé de grenade lacrymogène sur des
gendarmes.),
> risquent fort de se transformer en révolte du peuple face au roi dollar
qui
> a pris
> sa couronne depuis longtemps à notre insu.
>
> Quant à moi patron, donc suppôt du capitalisme, j'ai retrouvé "ma
> fonctionnaire" en larmes hier soir après avoir passé une journée devant
le
> rectorat (merci à l'alizé d'avoir dispersé les lacrymos) abattue par
> l'arrogance de quelques personnes qui affirment que "la rue ne gouverne
> pas" mais qui sont eux mêmes relégués au rang d'agents de la circulation
par
> les grands manitous de l'OMC, du GATT, de l'AGCS, OCDE, ONU etc. Tous ces
> sigles connus ou pas derrière lesquels on ne sait pas qui fait quoi !
>
> Elle a pleuré toute la nuit. Pauvre chérie nantie diront certains.
>
> Pas moi ! Plus moi.
>
> J'ai changé d'avis. J'ai peur de ce qui se trame. Ne faites plus
confiance
> aveuglément aux politiques. Sanctionnez les en votant.
>
> Ouvrez les yeux.
>
> Ceux de la femme que j'aime sont pleins de larmes, elle sent qu'elle perd
> l'amour de son travail fait avec patience et dévouement, et non pas ses
> "droizakis" comme le pensent beaucoup.
>
> Certes il existe des fonctionnaires véreux. Mais que le patron du privé
> qui n'a pas connu d'employés véreux me jette la première pierre.
>
> Elle n'est pas syndiquée.
>
> Elle pleure comme des milliers de ses collègues, fatigués et écourés de
ne
> pas être compris et écoutés.
>
> Un patron pleure aussi aujourd'hui.
>
> Où allons-nous, que laisserons-nous à nos enfants ?
>
> A tous les profs que j'ai parfois détestés pendant ma scolarité :
> continuez à vous battre pour nos enfants.
>
> A toi que j'aime : ne te décourage surtout pas.
>
> Jacques.

[Admiratrice]

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