PARIS (Reuters) - Alors que la CGT croit encore possible une issue du conflit des intermittents du spectacle, le gouvernement a confirmé vendredi sa volonté de ratifier dans "les prochains jours" le protocole d'accord sur leur régime d'assurance chômage.
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, est pour sa part sorti de son silence sur ce conflit pour promettre aux organisateurs des festivals annulés qu'ils seraient dédommagés.
Trois des plus grands festivals d'été ont été annulés cette semaine - Avignon, Aix-en-Provence et les Francofolies de La Rochelle - à cause de la grève des intermittents qui protestent contre la réforme de leur régime d'assurance chômage.
Malgré des appels de l'opposition et de l'UDF à Jacques Chirac, le gouvernement ne semble pas prêt à céder après les aménagements apportés cette semaine à l'accord signé le 26 juin par des syndicats minoritaires dans le secteur, dont la CFDT.
La CGT du spectacle a de nouveau demandé vendredi au gouvernement de renoncer à ratifier la réforme et lancé un appel au président de la République pour "calmer le jeu".
Le syndicat majoritaire dans la profession a également demandé aux partenaires sociaux de se retrouver à la rentrée.
"Nous estimons qu'il est encore temps de calmer le jeu. Il faut renoncer à l'agrément de cet accord minoritaire. Et il faut appeler les partenaires sociaux à le renégocier dès la rentrée", a déclaré la CGT spectacle dans un communiqué. "Nous en appelons au président de la République."
Le festival des "Vieilles charrues", prévu du 18 au 20 juillet à Carhaix, dans le Finistère, paraît néanmoins à son tour menacé. Face à la détermination des organisateurs de maintenir la manifestation, Patrice Paichereau, responsable régional de la CGT du spectacle, a promis "d'importantes perturbations".
Dans un communiqué, l'Union de Bretagne des syndicats du spectacle-CGT demande l'annulation "de la totalité des festivals et événements culturels du territoire, entre autre du festival des vieilles charrues de Carhaix", et annonce une assemblée générale à Carhaix le 15 juillet à 14h00.
"Nous demandons l'annulation du protocole d'accord du 26 juin et la réouverture des négociations paritaires à l'Unedic (l'assurance chômage)", ajoute l'organisation.
RAFFARIN PROMET DES INDEMNITES AUX ORGANISATEURS
Dans une interview au Monde, le ministre des Affaires sociales, François Fillon, a de nouveau défendu le protocole et confirmé qu'il engagerait "dans les prochains jours" la procédure d'agrément de cet accord.
Il a indiqué qu'il avait donné des instruction pour que soit lancée une "chasse aux abus" de l'intermittence mais a dénoncé l'attitude, selon lui, "suicidaire" des opposants à cet accord, qu'il juge "équilibré et progressif".
De son côte, le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, a promis dans une interview à Ouest-France des mesures "draconiennes" contre les abus.
En visite officielle à Luxembourg, Jean-Pierre Raffarin a annoncé la mise en place d'un programme d'indemnisation des festivals d'été annulés, qui prendra en charge les déficits dûs à ces annulations.
"Nous mettrons en place un programme national pour la pérennité des festivals, pour que, quelles que soient les difficultés d'une année, il ne puisse être question de mettre en cause l'avenir de ces festivals".
PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIONS D'EUROS DE PERTES
Le déficit cumulé des festivals, pour cause d'annulation imprévue cet été, avoisinerait les 15 millions d'euros, a estimé le ministre de la Culture, qui accompagnait le Premier ministre.
Jean-Jacques Aillagon a cité le chiffre de sept millions d'euros pour le seul festival d'Aix-en-Provence. Il a précisé que les collectivités locales, qui financent déjà largement les festivals, seraient impliquées dans le plan de sauvetage.
Les estimations du gouvernement semblent très inférieures aux pertes estimées par les collectivités concernées.
Selon la Chambre de commerce et d'industrie de La Rochelle, l'annulation des XIXe Francofolies représenterait ainsi une perte de 16 millions d'euros pour l'économie locale, "hors billetterie".
Mercredi, la mairie d'Avignon avait chiffré à 23 millions d'euros les retombées du festival de théâtre d'Avignon sur l'économie locale en temps normal. La direction du festival doit en outre rembourser 74.000 billets.
Jean-Pierre Raffarin, qui a dit avoir "entendu les inquiétudes" des acteurs de la culture, a par ailleurs annoncé la création d'un "Conseil national de l'emploi culturel".