On en sait un peu plus sur le plan de suppression d'emplois de la filiale Sanofi Aventis Recherche & Développement (SAR&D) en France.
Il y a officiellement 364 suppressions de postes (en fait, 364 suppressions nettes, résultant de davantage de suppressions et de quelques créations), réparties sur les 4 sites (Strasbourg, Montpellier, Chilly-Mazarin et Vitry-sur-Seine), avec la fermeture ou la cession du centre de recherche de Strasbourg qui travaille sur l'immuno-oncologie et dont les activités doivent être délocalisées à Vitry ; le personnel de Strasbourg (57 personnes) se voit proposer pour la forme une mutation à Vitry mais il semble que peu de travailleurs soient en mesure d'accepter ; le site de Strasbourg fait l'objet d'un processus de recherche de repreneur relevant de la "loi Florange", à l'issue duquel Sanofi sera parfaitement libre de choisir qui il veut ou même personne.
Le gros des autres suppressions d'emplois se concentre sur Montpellier et Chilly-Mazarin. Entre autres, l'aire thérapeutique des maladies neurologiques rares (issue d'un repositionnement de la neurologie datant d'il y a seulement un an) est entièrement délocalisée de Chilly vers Boston aux Etats-Unis, où existe une équipe plus grosse travaillant sur les neurosciences.
Une bonne partie des suppressions d'emplois résulte, d'une part, de l'arrêt de la neurologie (ce qui implique moins d'activité dans toute une série de services transversaux) et d'autre part, de la réduction de la voilure dans le domaine de la recherche de molécules issues de la chimie de synthèse, sous prétexte de renforcer les biotechnologies (qui ne seront pas renforcées pour autant d'ailleurs...), ainsi que du transfert de certaines tâches vers la sous-traitance.
C'est une suite logique du plan de l'an dernier qui avait vu la fermeture d'Alfortville, l'arrêt de la moitié de l'activité de Strasbourg, l'arrêt du cardiovasculaire, de la neurologie hors maladies rares et enfin du diabète, et d'un autre plan un peu plus tôt qui avait vu Sanofi sortir de la recherche sur les antibiotiques et les antiviraux (sa recherche sur les maladies infectieuses hors vaccins étant cédée à un sous-traitant, Evotec). Sanofi avait aussi fermé en 2017 un pilote de chimie de synthèse flambant neuf à Montpellier (il n'a jamais servi), dont la construction avait coûté 107 millions d'euros. En 2015, il y avait déjà eu la cession du centre de recherche de Toulouse à Evotec et en 2010, la cession du site de Porcheville (Yvelines) au sous-traitant Covance qui l'a lui-même revendu dès 2015.
Sanofi met en avant l'importance de se concentrer sur quelques domaines thérapeutiques où il aurait de meilleures chances d'aboutir à des découvertes sans disperser ses moyens, dont "les vaccins" (en disant cela, il retourne en sa faveur l'argument souvent utilisé contre lui, selon lequel il ne serait plus capable de découvrir un vaccin contre la Covid-19 : cela devient la preuve qu'il faut faire quelque chose), mais c'est une sinistre blague car il taille dans le vif un peu partout et ne recrée pas grand chose, la seule "nouveauté" étant une "digitalisation" accrue de certaines activités. Vitry est "renforcé" par le transfert de certaines activités des autres sites (dont Strasbourg), mais cela ne l'empêche pas d'avoir son lot de suppressions de postes, en particulier dans le Développement précoce et la chimie. Le vrai objectif est clair pour tout le monde, contribuer à un nouveau plan d'économies de 2 milliards d'euros. Cela permettra de continuer à verser toujours plus aux actionnaires, tout en dégageant davantage de moyens pour racheter des molécules "clés en main" déjà trouvées par des start-up, voire racheter les start-up elles-mêmes. Et ni l'oncologie, ni l'immuno-oncologie, ni l'immuno-inflammation, ni les maladies rares, ni les vaccins (qui relèvent d'une autre société, Sanofi Pasteur) ne voient leur recherche renforcée.