Et alors ? Tu approuves ? Tu désapprouves ?
CITATION (Le Monde @ 28 novembre 2003) |
Les syndicats du ministère des affaires étrangères appellent à la grève pour le 1er décembre La diminution des indemnités de résidence, réclamée par Bercy, est "la goutte d'eau qui fait déborder le vase". La grève ? Au Quai d'Orsay ? Et aussi dans les ambassades, les consulats ? L'idée surprend, tant elle cadre mal avec l'imagerie qui s'attache à cette maison. De fait, s'il y eut déjà des grèves, elles furent en général catégorielles, sectorielles. Cette fois tous les syndicats du ministère appellent tous les personnels, à Paris et à l'étranger, à cesser le travail le 1er décembre ; ils convoquent un rassemblement, à 16 heures lundi, devant le Sénat, où doit être discuté le budget des affaires étrangères. La même expression revient chez les syndicalistes de toutes obédiences, rarement aussi unis : "Trop c'est trop." On perçoit une gêne chez les proches du ministre, chargés de présenter l'analyse officielle de la situation ; ils sont écartelés entre la fierté d'apparaître comme les bons élèves de la réforme de l'Etat, de la rationalisation, du dévouement à l'obligation de rigueur budgétaire, et leur appartenance à "la maison", leur sentiment manifeste de servir d'éternelle victime expiatoire à Bercy, leur conviction que le ministère des finances n'a toujours pas compris à quel gâchis disproportionné peut conduire son acharnement. LYCÉES ET ALLIANCES FRANÇAISES En dix ans, le ministère des affaires étrangères a perdu 10 % de ses effectifs. Sa part dans le budget de l'Etat sera de 1,25 % en 2004, ce qui est peu pour tenir son rang dans l'aide au développement, entretenir le deuxième réseau diplomatique, consulaire et culturel après celui des Etats-Unis, financer un réseau de lycées et d'alliances françaises très réputé dans le monde, acquitter les contributions à l'ONU et à ses agences, pourvoir à la réforme de l'asile en France, monter des actions humanitaires d'urgence, etc. Sans même parler des "extras" élyséens, jusqu'à ce séjour à Rome-Vatican de Bernadette Chirac et son abondante suite, et de la note de l'hôtel Hassler adressée au Quai d'Orsay. Dans la présentation de son budget pour 2004, le ministère souligne la poursuite de son effort de réforme. Même à la CGT, on convient que "beaucoup de choses positives" ont été réalisées ces dernières années dans le sens de la modernisation et des gains de productivité. Mais il y a des limites au-delà desquelles la "rationalisation" devient tout simplement gestion de la pénurie. Si l'on défalque l'augmentation de l'aide publique au développement - que nul ne conteste dans le principe, au contraire, mais qui n'est pour beaucoup que la traduction comptable d'annulations de dettes des pays pauvres -, le ministère voit ses moyens d'action diminuer pour 2004. "Les personnels ont le sentiment que les efforts de rigueur ne sont pas partagés par les autres ministères présents à l'étranger", dit une voix officielle. Surtout, depuis plusieurs années, la régulation (les suppressions en cours d'année de crédits votés) frappe le ministère des affaires étrangères bien plus douloureusement que d'autres administrations, dont elle affecte surtout les projets d'investissements. L'année 2003 fut de ce point de vue un véritable désastre. Les restrictions de crédits ont obligé à interrompre le service de la valise diplomatique, on en est arrivé à manquer de papier à l'administration centrale... Mais là n'est pas le plus grave. Dans un ministère qui investit peu, les suppressions de crédits frappent les programmations. Des centaines d'"agents", engagés sur des programmes de coopération au développement ou d'action culturelle, ont dû tout annuler du jour au lendemain, perdant dans cette Berezina à la fois leur crédibilité et leur moral. Dans ce paysage dévasté, une goutte d'eau a fait déborder le vase ; un acharnement de trop du ministère des finances, qui a fait dérailler le processus de concertation interne instauré il y a quelques mois par Dominique de Villepin pour mener à bien la réforme. Il y a quelques semaines, Bercy a réclamé une baisse de 20 millions d'euros des indemnités de résidence à l'étranger. Le ministère a réussi à en récupérer 8 sur les 20, qu'il a décidé d'affecter à l'amélioration de la protection sociale des recrutés locaux à l'étranger (4,2 millions) et à une augmentation des primes aux personnels de l'administration centrale selon un taux uniforme de 11 % pour toutes les catégories (3,8 millions). Tout à coup, ce fut trop, tous les mécontentements se coalisèrent : le découragement qu'engendrent les régulations répétées, les problèmes de logistique grotesques, la faible progression salariale, cette diminution de revenus pour les personnels en poste à l'étranger, cette répartition de primes à un taux uniforme "qui creuse les inégalités" à Paris, le fait que la réponse au dernier mauvais coup de Bercy ait été arrêtée sans concertation, que le ministre donne l'impression d'abandonner le dialogue qu'il avait engagé avec les syndicats et de vouloir poursuivre seul sa "stratégie de réforme". "À LA HAUTEUR DES AMBITIONS" Les syndicalistes soulignent qu'il ne s'agit pas seulement de primes et d'indemnités mais d'"un ensemble". Ils mettent en garde contre les suppressions de postes consulaires, d'instituts culturels, contre un "démantèlement" du réseau scolaire français à l'étranger, bref contre une prétendue "réforme" qui se poursuivrait sous une pression budgétaire beaucoup trop violente. Dans leur texte commun d'appel à la grève, ils réclament "des moyens humains et financiers à la hauteur des ambitions" affichées par la France sur la scène internationale. Claire Tréan [/quote]
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(Lutte Ouvrière n°1844 @ 5 décembre 2003 a écrit :
Grève au Quai d’Orsay : austérité dans les ambassades
Pour la première fois de son histoire, le Quai d’Orsay (siège du ministère des Affaires étrangères) a connu une grève massivement suivie, lundi 1er décembre, avec un taux de 94% de grévistes en moyenne dans 126 des 154 postes, répartis en France et à l’étranger.
Que des ambassadeurs se soient mis en grève est certes exceptionnel. Mais les 9500 employés, auxquels s’ajoutent les 6000 enseignants français à l’étranger qui dépendent de ce ministère, ne sont pas tous des diplomates, et les restrictions budgétaires qu’ils dénoncent montrent que la «vitrine de la France à l’étranger» en a pris un coup dans l’aile.
Le syndicat FO parle de la «paupérisation» des services du ministère des Affaires étrangères: «Il y a des endroits où les gens manquent d’équipements et doivent acheter eux-mêmes des fournitures comme le papier ou les crayons. (...) La sécurité des bâtiments n’est plus respectée, les contrats d’entretien ne sont plus honorés. Si cela continue, la sécurité des personnes ne sera plus assurée dans certains pays». A cela s’ajoutent les emplois précaires qui se développent et les postes supprimés (30% en vingt ans).
Les employés du ministère des Affaires étrangères, qui ne sont pas les plus mal lotis des fonctionnaires, n’échappent pas au manque de crédits. Cela laisse imaginer ce qu’il en est des autres services de la Fonction publique.
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