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Ces entreprises qui veulent rallonger le temps de travail
LA RELANCE DU DÉBAT sur les 35 heures, et sur le niveau des salaires, s'est brutalement concrétisée cet été avec le « coup de force » de l'entreprise Bosch à Vénissieux, bientôt suivie d'une demi-douzaine de sociétés en France qui lui ont emboîté le pas. Mais en Europe également le débat fait rage et les exemples ne cessent de se multiplier. Chez Bosch, dans l'entreprise d'équipement automobile de Vénissieux, la majorité des 820 salariés concernés a accepté par référendum le passage à 36 heures, sans compensation salariale. Raison invoquée : la menace de délocalisation en République tchèque. Dans l'industrie agroalimentaire, le volailler Doux (3 250 emplois) a lui aussi imposé, pour cause de compétitivité, les 35 heures « sans aucun temps de pause ». En revanche, dans l'entreprise d'électroménager SEB de Vecoux, dans les Vosges, 157 employés sont sommés par la direction de passer à 38 heures par semaine, payées 38. A Châlons-en-Champagne, l'entreprise de revêtements Ronzat (35 emplois) fait monter les enchères : retour aux 39 heures, payées 36, en raison de difficultés financières. Dans l'Allier, à Saint-Yorre, les 294 salariés de Sediver, fabricant d'isolateurs électriques, avaient d'abord été menacés en janvier dernier d'une fermeture pour délocalisation en Italie. Et puis le 7 août dernier, changement de programme : réduction de 30 % des salaires, de la moitié des effectifs et demande d'une aide publique de 6 millions d'euros pour annuler une délocalisation en Chine. Dans la plupart des pays européens, on trouve également des exemples d'entreprises revendiquant une augmentation du temps de travail : le sidérurgiste belge Marichal Ketin, les hollandais Philips et ABN Amro, les suédois ABB et Scania veulent revenir aux 40 heures. En Allemagne, les choses se sont accélérées chez Siemens, premier industriel du pays, où les salariés de deux sites ont accepté de revenir à 40 heures, contre 35, sans compensation, sous peine d'une délocalisation de 2 000 emplois en Hongrie. Lundi dernier, après Mercedes, c'est Volkswagen qui informait ses 100 000 employés de la probabilité d'un « gel des salaires d'au moins un an » et d'efforts sur la flexibilité. Enfin, hier, Opel présentait au comité d'entreprise un plan de restrictions avec coupes dans les revenus et les prestations sociales ainsi que modifications du temps de travail.
Le Parisien, du 28/08/04
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