par Enjolras » 18 Oct 2004, 19:59
Salut aux prolétaires d'Allemagne !
Allemagne : les salariés d'Opel menacent de durcir la grève
LE MONDE
Après l'annonce faite jeudi 14 octobre par le groupe General Motors de supprimer 12 000 emplois en Europe, dont 10 000 emplois chez Opel, les salariés de l'usine de Bochum attendent de la direction "une déclaration claire selon laquelle il n'est plus question de licenciements secs".
Fait rarissime en Allemagne, les salariés du constructeur automobile Opel menacent de durcir, lundi 18 octobre, une grève sauvage sans consultation syndicale préalable, dans un bras de fer contre les projets de restructuration de leur maison mère américaine, General Motors (GM).
A l'usine Opel de Bochum, des débrayages spontanés paralysent depuis jeudi après-midi les bancs de montage. Dans cette ville de la Ruhr (Ouest) où Opel emploie 7 600 personnes et qui constitue l'un des deux principaux sites de production du pays avec celui de Rüsselsheim (Centre-Ouest, 20 000 employés), 4 000 emplois sont menacés.
En dépit de la fermeture hebdomadaire du site samedi et dimanche, plusieurs centaines de salariés se sont relayés ce week-end devant les grilles de l'usine, accompagnés de leurs femmes et enfants munis de bougies et boissons chaudes. Et pour décider de la suite du mouvement, une assemblée générale doit réunir lundi matin à Bochum le personnel.
Les grévistes tablent sur des répercussions dès lundi dans les usines européennes de GM en Grande-Bretagne, en Belgique et en Pologne, qui sont livrées en pièces détachées par cette usine de la Ruhr. Mardi, les salariés du groupe ont prévu une journée d'action d'envergure européenne.
Mais dès lundi, le comité d'entreprise d'Opel entend commencer des négociations avec la direction, qui porteront dans un premier temps plus sur les modalités des négociations que sur les contenus, a annoncé son président, Klaus Franz. De son côté, le président du comité d'entreprise de Bochum, Lothar Marquardt, a prévenu que le travail ne reprendra que si les salariés obtiennent "une déclaration claire selon laquelle il n'est plus question de licenciements secs".
APPELS À LA MODÉRATION
S'ils poursuivaient les débrayages lundi, les salariés d'Opel briseraient un tabou des traditions syndicales allemandes qui prévoient, avant tout recours à la grève, un appel formel de la part du syndicat de branche, suivi d'une consultation du personnel.
Dès vendredi, le ministre de l'économie, Wolfgang Clement, avait appelé à une reprise du travail tout en dénonçant les méthodes de GM et les "erreurs gravissimes du management" d'Opel. "Il ne faut pas créer de l'insécurité supplémentaire", avait estimé le ministre social-démocrate.
Dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, le vice-président du syndicat IG Metall, Berthold Huber, a lui aussi lancé un appel à la modération. "Le personnel est très touché par le coup de massue de Detroit. Mais je m'attends tout de même à un retour à des conditions de travail plus ordonnées lundi. Sinon, nous ne pourrons pas négocier efficacement avec General Motors", a averti M. Huber.
De son côté, le patron de GM Europe, Fritz Henderson, a menacé les salariés de Bochum d'une fermeture pure et simple, tout en écartant que celle-ci puisse avoir lieu "avant 2006".
Selon l'hebdomadaire Welt am Sonntag, GM prévoit, dans le cadre d'un plan de crise, de transférer les 10 000 emplois menacés dans des sociétés spécialement créées pour l'occasion. Ces salariés auraient ainsi un emploi garanti pendant deux ans, en échange d'une baisse de 30 % de leur salaire.
Une telle externalisation "n'est qu'un moyen de retarder la mise au chômage" du personnel, rétorquait dimanche devant les micros Annegret Gaertner, porte-parole des apprentis. "Nous lutterons pour chaque emploi. La détermination est très grande", a-t-elle ajouté.
Les "Opeliens" ont la ville entière derrière eux. Lors du match de championnat d'Allemagne samedi entre le VfL Bochum et le Hansa Rostock, des fans sont descendus sur le terrain avec une banderole proclamant : "Opel appartient à Bochum autant que le VfL."
Avec AFP