par DocStarrduck » 10 Fév 2005, 18:55
Forte mobilisation des lycéens contre la réforme de l'éducation
LEMONDE.FR | 10.02.05 | 17h59
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Plusieurs milliers de lycéens ont manifesté, jeudi 10 février, contre le projet de loi Fillon sur l'école, à l'appel de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL). Le ministre de l'éducation nationale s'est dit "extrêmement attentif et préoccupé", alors que la gauche critiquait la "fracture" entre les jeunes et le gouvernement.
Mobilisation importante, mais inégale selon les villes. Plusieurs milliers de lycéens - 9 000 selon la police, 20 000 selon les organisateurs - ont défilé jeudi à Paris pour exiger le retrait du projet de loi Fillon sur l'école, à l'appel de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL). A Bordeaux, plus de 5 000 lycéens ont défilé, alors qu'à Lyon, ils étaient plus de 12 000 lycéens, selon les organisateurs et la police, contre la réforme Fillon et la politique éducative du gouvernement. D'autres fortes mobilisations ont été enregistrées à Rennes (6 000), Grenoble (3 000), et dans plusieurs villes d'Aquitaine. La principale cible des manifestants était le ministre de l'éducation nationale, François Fillon ,dont ils réclamaient, à grands cris, la "démission".A Paris, le cortège a quitté la place de la République peu après 14 h 30 aux cris de "Fillon, si tu savais, ta réforme où on s'la met" et "Fillon, t'es foutu, la jeunesse est dans la rue". Les manifestants défilaient derrière des banderoles proclamant "Non à la réforme Fillon", "Oui à l'éducation", "Education en danger, lycéens mobilisés".
"Plusieurs lycées ont, en assemblée générale, voté une grève renouvelable jusqu'au retrait", a déclaré Coralie Caron, secrétaire générale de la FIDL. Les manifestants dénoncent notamment une "volonté de créer une élite avec un bac à deux vitesses".
Multiples revendications. La principale revendication concernait le plan de réforme de l'éducation. Mais les manifestants critiquaient aussi la politique "libérale" du gouvernement en matière d'éducation, comme en témoignaient de multiples banderoles : "école libérale = école inégale" ou "l'Etat ne se fera pas du 'pognon' sur le dos de l'éducation". "On dit non au capitalisme", insistait Charlotte, élève en 1re, se disant opposée aux bourses au mérite, l'une des dispositions de la réforme.
Autre sujet de mécontentement, les opérations policières aux abords des établissements scolaires, organisées par le ministère de l'intérieur : "Les flics au bahut, l'éducation est foutue !", scandaient les lycéens, dont l'un brandissait une banderole qualifiant François Fillon de "'Sarko' de l'éducation".
Réactions à gauche. Jack Lang, ancien ministre socialiste de l'éducation nationale, a déclaré jeudi à propos du mouvement lycéen que le gouvernement était "totalement à côté de ses pompes" dans ses relations avec "la jeunesse du pays".
Interrogé sur La Chaîne parlementaire et France Info, M. Lang a ironisé sur ce gouvernement "passé à côté de la plaque depuis trois ans". Il a dénoncé "une véritable fracture entre la jeunesse et le gouvernement, ignorant de ses aspirations".
M. Lang a demandé au gouvernement de "mettre en place un plan d'urgence" pour "restaurer la totalité des crédits et des postes supprimés depuis trois ans".
La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a affirmé pour sa part qu'avec "les lycéens dans la rue, une lame de fond se prépare", dans un communiqué publié jeudi. La LCR "soutient les mobilisations des lycéens et appelle à la convergence avec les enseignants et les personnels de l'éducation", notamment lors de la manifestation du 15 février.
M. Fillon, "extrêmement attentif et préoccupé". Le ministre de l'éducation nationale, François Fillon, a défendu jeudi au Sénat sa réforme du système éducatif français, qui "fait aujourd'hui la preuve de son incapacité à résoudre les problèmes de l'échec scolaire".
"Notre système fait aujourd'hui la preuve de son incapacité à résoudre les problèmes de l'échec scolaire", a déclaré le ministre pour défendre son projet de loi de réforme de l'éducation, qui doit être examiné à partir du 15 février par les parlementaires. "Je ne me satisferai jamais que 150 000 jeunes soient sacrifiés par notre système parce que nous refusons de le faire évoluer. Je n'accepte pas que plus de 80 000 jeunes (...) entrent en 6e sans savoir lire, écrire et compter, et donc, sont condamnés à l'échec", a poursuivi François Fillon.
"Je ne veux pas laisser s'installer une incompréhension entre la jeunesse et les pouvoirs publics", a ajouté le ministre alors que des manifestations lycéennes sont organisées partout en France, pour protester notamment contre le projet de réforme du baccalauréat. "Le baccalauréat restera un examen national anonyme qui permet automatiquement l'entrée dans l'enseignement supérieur. J'ai mis en place un groupe de travail pour que l'on regarde ensemble comment réduire le nombre d'épreuves et instiller soit une dose de contrôle continu, soit ce qu'on appelle des partiels comme dans les études supérieures", a-t-il précisé. "Non, rien dans le projet de loi ne remet en cause en quoi que ce soit ni les options, ni l'enseignement de l'éducation physique et sportive, ni l'enseignement artistique, ni l'enseignement des sciences économiques et sociales", a-t-il ajouté en réponse aux manifestants.
Avec AFP, Reuters