Moi, j'ai eu toute sorte de réactions dans mon entourage de personnes qui ont participé de près ou de loin au mouvement. Quelques unes parmi d'autres en vrac :
_ une amie jeune prof. pas politisée qui a fait deux mois de grève : elle ne regrette rien malgré les ponctions sur le salaire et avait un très bon moral parce qu'elle avait le sentiment de s'être battu jusqu'au bout.
_ un pote ouvrier avec un statut intermédiaire entre public et privé mais qui était directement concerné par la réforme fillon qui a un peu participé au mouvement : pour lui depuis que la réforme est discuté à la chambre tout est joué et le mouvement a été battu. Mais il ne regrette pas d'avoir fait grève quelques jours car étrangement depuis les chefs sont beaucoup plus compréhensibles et il compte bien en profiter pour faire quelques rélamations quant à ses conditions de travail.
_ un travailleur de la RATP qui voulait une réaction à la hauteur de l'attaque gouvernementale était assez amer de l'attitude de la CGT et des autres syndicats mais en voulait aussi au reste de la classe ouvrière: du genre la grève ça a servi à rien si ce n'est de perdre du salaire, la CGT va le payer aux prochaines élections et nous à la RATP on en a marre de faire la grève tout seul pour les autres et on va laisser la situation se dégrader sans réagir jusqu'à ce que ça pète et cette fois ça sera la révolution !
_ pas mal de personnes que je connais m'ont signifié qu'ils soutenaient le mouvement et étaient hostiles à la réforme : pour autant ils n'y ont pas particpé par crainte de représailles (parce qu'ils ont des statuts précaires etc.), parce qu'ils étaient pas assez concernés, parfois résignés et souvent aussi parce que quand on discutait un peu plus longuement ils étaient en partie sensible à la propagande sur la démographie etc.
Voilà, on pourrait multiplier les expériences personnelles : il est encore difficile et trop tôt pour faire un bilan. On entend par si par là : que ce qu'il aurait fallu c'est que le privé s'y mette, que c'est pas fini et qu'en septembre ça va redémarrer, que les syndiats ont trahit, qu'on a fait grève pour rien, que le gouvernemnt de droite est ultra-réactionnaire, qu'il le payera aux prochaines élections, etc. etc. Difficile de savoir ce qui va resortir de tout ça ....
Comme l'a dit je crois Caupo "une défaite reste une défaite et il n'en sort jamais rien de bon" ou quelque chose comme ça. Si le mouvement en reste là, je serais plutôt d'accord avec ça mais en même temps c'est une expérience de lutte et on peut imaginer que ceux qui ont participé aux mouvement en tireront les leçons : que la prochaine fois les grévistes à la SNCF et à la RATP s'organisent pour contourner les syndicats, qu'on multiplie encore plus l'interpro etc. etc.
Pour pas polluer ce thread, on pourrait ouvrir un autre là dessus notamment en s'appuyant sur des exemples historiques : Y a-t-il des défaites partielles du mouvement ouvrier (il est peut-être un peu tôt pour parler de défaite pour le mouvement contre le plan Fillon?) qui n'ont pas entrainé un recul mais au contraire été une étape vers de nouvelles luttes plus importantes ?