Note méthodologique : je n'ai pas compté (ça m'arrive parfois). J'ai dit exactement ce que j'avais fait : j'ai regardé ma montre, j'ai compté une minute pile et durant cette minute, j'ai estimé le nombre de gens que je voyais passer devant moi, par paquets de 10. C'est grossier, mais quand même moins que Wolf avec ses tracts. Je peux me tromper sur les paquets, le rythme du défilé n'est pas constant, il y a des trous et des arrêts, surtout quand les organisateurs veulent faire croire qu'il y a plus de monde qu'il n'y paraît, mais voilà une estimation. C'est une indication que je vous donne, sans plus. Pas une prise de position politique qui sépare les réformistes indécrottables des révolutionnaires purs et durs.
D'autres camarades qui ont compté réellement sont parvenus à des chiffres similaires, pas supérieurs. L'estimation de la police me paraît donc probable, comme elle l'est en général. La société bourgeoise, elle aussi, a besoin d'avoir des chiffres fiables et quand c'est une manif ordinaire, sans grand enjeu, comme c'était le cas, pourquoi mentir ? Neuf fois sur 10, pour ne pas dire 95 fois sur 100, la police donne les bons chiffres.
Cela ne vaut pas la peine de s'empailler là-dessus. Ceux qui on l'habitude de compter de cette façon ont leur ordre de grandeur. Ceux qui comptent habituellement deux ou trois fois plus que les flics ont un autre ordre de grandeur. Mais dans le fond, c'est comme compter en Francs ou en euro. Ce qui importe, plus que les chiffres absolus, ce sont les chiffres relatifs : étions-nous plus que le 10 mars, que d'autres manifs du même type, autant, moins ? Et on s'accordera à dire que la manif était du même ordre, pas plus.