
H & M esquive les grévistes en improvisant un dépôt sauvage
Le suédois supplée au blocage de son unique entrepôt français.
Par Coralie FEBVRE
jeudi 23 décembre 2004
H & M sacré roi du poker menteur. Confronté depuis lundi au blocage de son entrepôt du Bourget, le groupe suédois a organisé en douce la contre-attaque. En coupant les vivres aux 65 magasins du pays, la centaine de grévistes comptait obliger la direction à ouvrir des négociations salariales. C'est raté. H & M a assigné 72 salariés en référé pour «entrave au travail». Et a refusé, mardi, la médiation proposée par le préfet de Seine-Saint-Denis. La marque aurait-elle des velléités suicidaires ? «Pas du tout, mais des livraisons venues de pays limitrophes nous ont permis de rétablir nos stocks», déclare-t-on évasivement au siège. Sans préciser comment H & M s'y est pris pour se passer, en quelques jours, de son unique entrepôt français.
Hier, les syndicats ont percé le mystère. «Nous avons des taupes parmi les non-grévistes, qui nous ont donné les coordonnées d'un entrepôt situé à Santeny, dans le Val-de-Marne», raconte Jules Pelmar, délégué CGT. Immédiatement, cinq des grévistes se sont rendus sur place. Ont parlementé avec les vigiles. Puis rencontré le directeur du site. «Il a été plutôt conciliant, poursuit Jules Pelmar. Il nous a offert un café, nous a expliqué qu'il assurait la logistique de H & M depuis vendredi, et nous a fait visiter.» Les grévistes sont ressortis perplexes : «Il y a l'équivalent de 5 ou 6 semi-remorques déchargés. On dirait un dépôt sauvage, les marchandises sont disposées en vrac sur les palettes. Mais ça confirme ce qu'on pensait : la direction a décidé de jouer la montre.» Contactée hier, celle-ci a refusé de confirmer cette information.
Pas de sortie de crise en vue, donc, d'autant que l'ambiance s'est nettement dégradée au Bourget. «Mardi après-midi, le directeur logistique est sorti pour nous insulter, et a menacé de tous nous virer», raconte Fofana Modibo, délégué FO. En retour, les syndicats ont saisi l'Inspection du travail pour clarifier la situation des intérimaires employés sur le dépôt clandestin. Et ont transmis à la préfecture le récit détaillé de leur visite à Santeny. Le médiateur compte s'y rendre à son tour, dès ce matin.
© Libération
Le suédois supplée au blocage de son unique entrepôt français.
Par Coralie FEBVRE
jeudi 23 décembre 2004
H & M sacré roi du poker menteur. Confronté depuis lundi au blocage de son entrepôt du Bourget, le groupe suédois a organisé en douce la contre-attaque. En coupant les vivres aux 65 magasins du pays, la centaine de grévistes comptait obliger la direction à ouvrir des négociations salariales. C'est raté. H & M a assigné 72 salariés en référé pour «entrave au travail». Et a refusé, mardi, la médiation proposée par le préfet de Seine-Saint-Denis. La marque aurait-elle des velléités suicidaires ? «Pas du tout, mais des livraisons venues de pays limitrophes nous ont permis de rétablir nos stocks», déclare-t-on évasivement au siège. Sans préciser comment H & M s'y est pris pour se passer, en quelques jours, de son unique entrepôt français.
Hier, les syndicats ont percé le mystère. «Nous avons des taupes parmi les non-grévistes, qui nous ont donné les coordonnées d'un entrepôt situé à Santeny, dans le Val-de-Marne», raconte Jules Pelmar, délégué CGT. Immédiatement, cinq des grévistes se sont rendus sur place. Ont parlementé avec les vigiles. Puis rencontré le directeur du site. «Il a été plutôt conciliant, poursuit Jules Pelmar. Il nous a offert un café, nous a expliqué qu'il assurait la logistique de H & M depuis vendredi, et nous a fait visiter.» Les grévistes sont ressortis perplexes : «Il y a l'équivalent de 5 ou 6 semi-remorques déchargés. On dirait un dépôt sauvage, les marchandises sont disposées en vrac sur les palettes. Mais ça confirme ce qu'on pensait : la direction a décidé de jouer la montre.» Contactée hier, celle-ci a refusé de confirmer cette information.
Pas de sortie de crise en vue, donc, d'autant que l'ambiance s'est nettement dégradée au Bourget. «Mardi après-midi, le directeur logistique est sorti pour nous insulter, et a menacé de tous nous virer», raconte Fofana Modibo, délégué FO. En retour, les syndicats ont saisi l'Inspection du travail pour clarifier la situation des intérimaires employés sur le dépôt clandestin. Et ont transmis à la préfecture le récit détaillé de leur visite à Santeny. Le médiateur compte s'y rendre à son tour, dès ce matin.
© Libération