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Citroën-Aulnay : une première depuis 1984
Les ouvriers sont en grève depuis une semaine pour le paiement à 100 % des jours de chômage partiel.
« Mon loyer a augmenté de 98 euros, j’ai une famille à nourrir, comment je m’en sors si la direction supprime une partie de mon salaire ? », interrogeait hier matin un ouvrier d’origine africaine, aux portes de l’usine Citroën d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). « On gagne seulement 1 200 euros par mois, on ne peut pas accepter que la direction nous paie certaines journées à 60 %. Si on a un travail, c’est pour s’en sortir, pas pour rester dans la misère. On reste en grève jusqu’à ce que la direction cède », ajoutait un collègue, tandis qu’un délégué CGT scandait : « On veut 100 %, la grève continue ! »
Plusieurs centaines d’ouvriers de ce site Citroën, où sont produites les C2 et les C3, entamaient hier leur quatrième jour de grève contre l’amputation de leurs salaires. Le mouvement a éclaté jeudi dernier, lorsque les chefs d’équipe ont annoncé que la direction prévoyait pour 2005 une quarantaine de jours de chômage partiel, payés à 60 % seulement. Avec une perte de 20 euros par journée de chômage, la paie du mois de mars devait ainsi être amputée de 160 euros. Sur l’année, la perte pouvait atteindre 800 euros. Six jeunes ont spontanément refusé de reprendre le travail. Les syndicats CGT, CFDT et SUD ont lancé un mouvement de grève suivi par cinq cents ouvriers sur les trois équipes, surtout des jeunes du secteur du montage, le plus gros de l’usine. Lundi, la grève a repris et s’est étendue à près de 800 des 3 500 ouvriers de production du site. Ils réclament le paiement intégral de ces journées de chômage partiel, et le paiement des jours de grève.
« Chez Citroën, un salarié en chaîne touche 1 100 euros à l’embauche, toutes primes comprises, explique Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT. Les salaires sont tellement bas que les salariés ne peuvent accepter la moindre baisse. Cette grève, c’est aussi l’explosion d’un ras-le-bol accumulé, à cause de la pression constante de la direction, sur les salaires et les conditions de travail. » « On nous a fait bosser comme des dingues pendant des mois, avec une augmentation des cadences, et maintenant il faut chômer et payer son chômage, dénonce François Boethas, délégué CGT. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. » À Citroën-Aulnay, il n’y avait pas eu de grève depuis... 1984. Mais ces derniers mois, le climat a changé grâce aux « petits » mouvements de salariés d’entreprises sous-traitantes travaillant sur le site. Chez ENCI et Trigo en juin, chez Gefco et Taïs en février, des équipes d’une cinquantaine de salariés au maximum ont fait plier leur direction et le donneur d’ordre Citroën, et obtenu des augmentations de salaire après seulement quelques jours de grève. « L’exemple de ces débrayages victorieux a montré aux salariés de Citroën que la grève, ça paie », conclut Jean-Pierre Mercier.
Lundi après-midi, alors que la production commençait à être paralysée, la direction a ouvert une négociation, d’abord au siège du groupe à Poissy, puis sur le site d’Aulnay. Elle a proposé que sur les vingt-six premiers jours de chômage partiel, quatorze soient payés mais douze soient mis dans les « compteurs » instaurés depuis l’annualisation du temps de travail prévue par l’accord RTT. En clair, les salariés n’auraient pas de baisse de salaire mais ils seraient « endettés » de douze jours de travail envers Citroën, qu’ils devront « rembourser » sous forme de douze samedis obligatoires en 2006 et 2007, qui s’ajoutent à ceux permis par l’accord RTT. « C’est un crédit à rembourser de sa personne », dénonce Jean-Pierre Mercier. En assemblée générale, les grévistes ont refusé cette proposition, maintenant la revendication du paiement intégral du chômage partiel. Mardi, la direction a obtenu la signature des syndicats SIA, CGC, CFTC et FO. Vu l’implication nulle ou faible de ces organisations dans le mouvement, ces signatures n’ont visiblement pas ébranlé la détermination des grévistes. « Au contraire, nous avons décidé de sortir la grève de l’usine pour la faire connaître à toute la France, et dire la vérité sur les conditions de travail chez Peugeot-Citroën, contrairement à la belle image que le groupe veut se donner », raconte Jean-Pierre Mercier. Hier après-midi, trois cents grévistes sont allés à la rencontre des habitants d’Aulnay, en manifestant au centre commercial Paris-Nord II. Et, aujourd’hui, la majorité d’entre eux devait rejoindre la manifestation nationale à Paris.
Fanny Doumayrou
a écrit :
Les salariés de Citroën très mobilisés
Près de huit cents travailleurs sont en grève depuis une semaine. Trois cents d’entre eux défilaient hier.
« La force des travailleurs, c’est la grève », scandent les manifestants derrière la banderole des « grévistes de Citroën Aulnay ». Depuis une semaine, près de huit cents salariés de l’usine sont en grève pour les salaires. Le mouvement a éclaté contre la décision de les mettre quarante jours au chômage partiel, payé à 60 %. Dans les trois bus affrétés par la CGT, la CFDT et SUD, ou bien en voiture, trois cents grévistes environ ont rejoint le défilé parisien. La plupart sont des jeunes, et pour eux, c’est à la fois la première grève et la première manifestation. « Nos salaires sont déjà bas, ils n’ont pas le droit d’y toucher encore, s’emporte un jeune cariste. Je gagne 1 200 euros, j’ai un crédit de 700 euros par mois, qu’est-ce qui me reste s’ils m’enlèvent 100 euros par mois pour le chômage partiel ? » Ahmed ajoute : « Aulnay est l’un des sites les plus rentables du groupe, mais à quel prix pour nos conditions de travail ! À cause des cadences, on a mal au dos, mal aux jambes. Ils suppriment des effectifs, on ne peut plus être remplacé pour aller aux toilettes ou à l’infirmerie. » « Quand je rentre le soir, je n’arrive même pas à jouer avec mes enfants tellement je suis fatigué », ajoute un autre ouvrier.
« Augmentez les salaires, touchez pas aux compteurs », crient les grévistes, pour signifier qu’ils refusent la proposition avancée mardi par la direction : certains jours chômés seraient payés, mais douze seraient placés dans les « compteurs » et les salariés devraient les récupérer sous forme de samedis travaillés en 2006 ou 2007. « On ne veut rien récupérer. Le groupe PSA a les moyens de payer, il fait des gros bénéfices, indique un manifestant. On produit le même nombre de voitures en quatre jours qu’en cinq jours autrefois. Il y a de l’argent ! » En 2004, les profits du groupe s’élevaient à 1,3 milliard, soit 6 500 euros par salarié au niveau mondial...
Dans le cortège sont aussi présents des salariés de Gefco, une entreprise sous-traitante de Citroën Aulnay, qui est en réalité une filiale du groupe PSA. Touchés par le chômage partiel comme les Citroën, les cinquante caristes Gefco sont à 100 % dans la grève depuis jeudi dernier. « Avec la sous-traitance, la direction veut diviser pour mieux régner, mais ça ne marche pas, se félicite Khadija, embauchée depuis deux ans. La direction a voulu négocier à part avec nous, mais on a refusé ses propositions. On gagne 1 100 euros, la direction nous ment sans arrêt. Dès que des salariés se regroupent pour faire avancer les choses, la direction les licencie pour des motifs bidon, avec des faux témoignages ! Mais récemment, on a tous débrayé en apprenant que deux salariés allaient être licenciés. La direction a aussitôt reculé. »
Alors que Citroën Aulnay n’avait pas connu de grève depuis 1984, les anciens de l’usine se félicitent de voir enfin une relève. Dans le bus, Abdel, un ancien, explique à un jeune, qui n’en a jamais entendu parler, l’histoire de la grande grève de 1982 où les travailleurs immigrés ont obtenu la « dignité ». « Après la grève, la direction essaiera de mettre la pression, de vous punir un par un. Il vous faudra rester unis, toujours soudés, conseille-t-il. Dès que l’un est touché, tout le monde doit riposter. »
Fany Dumayrou
a écrit :
Journée décisive pour le conflit PSA
Aulnay-sous-Bois
CONTINUERA, continuera pas ? Le mouvement social entamé le 3 mars dernier par les ouvriers de l'usine PSA-Citroën d'Aulnay-sous-Bois devrait entrer dans une phase décisive aujourd'hui alors que les syndicats espèrent de nouvelles propositions de la part de leur direction. A l'origine de la grogne, dix-sept jours de chômage technique décrétés par PSA pour les trois mois à venir afin de s'adapter à ses ordres de fabrication. Des journées que la direction proposait de rémunérer à 60 % du salaire brut, soit une perte moyenne de 177 € par mois et par employé.
« Pour les salariés, cela a été la goutte d'eau. Ras le bol ! Tout de suite, les jeunes de 20 à 30 ans, même pas syndiqués pour la plupart, ont dit Stop et sont venus nous voir pour faire quelque chose », relate Philippe Julien, délégué CGT.
La grève a divisé la production par trois
Ils sont alors 300 ouvriers sur les chaînes de montage à se mettre en grève pour réclamer « le paiement à 100 % des jours chômés ». Le 7 mars, la direction propose un accord. Une partie des jours chômés sera payée à 100 % et d'autres seront récupérés ; en d'autres termes, ces jours non travaillés seront compensés, dans les deux années qui suivent, par des samedis travaillés, par exemple. Le pacte, accepté par quatre organisations syndicales, est refusé par la CGT, majoritaire dans le collège ouvrier, et la CFDT. Depuis, le mouvement n'a pas faibli. Au centre commercial Parinor d'Aulnay-sous-Bois, puis à Paris, en tête du cortège de la CGT-Métallurgie lors des manifestations du 10 mars, les Citroën se sont distingués. La mobilisation est loin d'être sans conséquence au niveau de la production. « Au lieu de 1 500 véhicules par jour, seuls 500 à 600 sont sortis des chaînes jeudi dernier. Nous essayons de faire au mieux pour pouvoir livrer nos clients. Si la grève s'éternisait, elle pourrait nous porter préjudice. C'est pourquoi nous sommes déterminés à poursuivre le dialogue », explique la direction de l'usine. Le week-end dernier, d'ailleurs, les salariés ont reçu une lettre signée de Jean Tanguy, le responsable du site, insistant sur la nécessité du dialogue. « Un accord a été signé. (...) Il n'y a plus de raisons objectives à la poursuite du mouvement », estime la missive. La discussion devrait ainsi reprendre aujourd'hui. La CGT, qui tient une assemblée générale ce matin à 7 heures, attend de nouvelles propositions. « Si rien ne bouge, nous irons à l'usine de Poissy (Yvelines) pour sensibiliser les ouvriers à notre cause et les rallier à notre mouvement », avertit Philippe Julien.
(article du Parisien a écrit :
Le 7 mars, la direction propose un accord. Une partie des jours chômés sera payée à 100 % et d'autres seront récupérés ; en d'autres termes, ces jours non travaillés seront compensés, dans les deux années qui suivent, par des samedis travaillés, par exemple. Le pacte, accepté par quatre organisations syndicales, est refusé par la CGT, majoritaire dans le collège ouvrier, et la CFDT. Depuis, le mouvement n'a pas faibli.
(mélusine @ lundi 14 mars 2005 à 16:32 a écrit : si tu lis l'un des articles de l'Huma, il ya la réponse à ta question: Sud n'est pas dans les signataires. Seuls y figurent les SIA, CGC, CFTC et FO. Ce SIA, je ne sais pas ce que c'est, la CFTC à de rares exceptions près ne brille pas par sa combattivité et FO a plus ou moins succédé à la CSL..((le syndicat maison de sinistre mémoire)...
Bref, ce n'est pas très SUD.
Je sais bien que vous ètes plus que méfiants vis à vis des Sud. De mon côté, ce n'est pas par que je suis à la Ligue que je suis une "sudiste" acharnée. Mais il faut savoir raison garder et ne pas tout de suite soupirer à la déviance buraucratique...
Quant au mouivement, c'est le plus important, qu'il réussisse!!!!!
Voila je pense les raisons de la méfiance de Pelon : sur ce fil
- emman
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