a écrit :PSA - Aulnay-sous-Bois Les ouvriers en grève contre le chômage partiel
A AULNAY-SOUS-BOIS (Seine-Saint-Denis), on n'avait pas vu ça depuis... 1984. Répondant à l'appel de la CGT, de la CFDT, de SUD et de la CFTC, plusieurs centaines de salariés (500, selon la CGT) se sont mis en grève jeudi.
Motif de cette fronde ? D'ici à fin mai, la direction a prévu vingt jours de chômage partiel, payés 60 % du salaire brut. D'où « un manque à gagner par ouvrier de 443 à 592 € sur trois mois, selon qu'ils travaillent de jour ou de nuit », calcule Rodolphe Feger, de la CGT, qui réclame le paiement intégral de ces journées non travaillées. « Rien qu'en mars, je vais perdre 140 €, soit 12 % de mon salaire », confirme Antony, un gréviste prudemment anonyme. Si, hier, l'usine était fermée - pour cause de chômage partiel, justement -, ce jeune de 27 ans, qui gagne 1 200 € net par mois, débraiera à nouveau lundi. « Cadences toujours plus rapides à la chaîne, samedis travaillés l'an dernier et maintenant, cette perte de salaire, trop c'est trop ! », s'emporte-t-il. Depuis 1999, année où PSA fut la première grande entreprise industrielle à signer un accord sur les 35 heures (RTT), le temps de travail est annualisé. Obligés, en période de pointe, de travailler certains samedis, les 3 500 ouvriers d'Aulnay ont par ailleurs perdu en pouvoir d'achat, puisque ces heures supplémentaires sont surtout récupérées sous forme de RTT, lorsque la production s'essouffle. Ajoutez une forte hausse de la productivité - « Nous produisons 6 000 voitures en quatre jours, soit autant qu'en cinq jours en 1998 », atteste Rodolphe Feger -, le cocktail était déjà explosif.
Paiement des jours chômés L'annonce du chômage partiel fut l'élément de trop. Confronté à des ventes moins euphoriques qu'auparavant (+ 2,7 % en 2004), le groupe de Jean-Martin Folz a d'abord puisé dans ce vivier de RTT pour ralentir la production. Insuffisant. D'où le recours au chômage partiel, avec l'aide financière de l'Etat. Les grévistes, eux, soulignent que les salariés des sous-traitants de PSA (Valéo, notamment) viennent d'obtenir le paiement intégral de leurs jours chômés (après une journée de débrayage, d'ailleurs). Et se demandent, surtout, pourquoi la direction ne s'est pas d'abord « attaquée » aux 540 intérimaires, avant de recourir au chômage partiel. « Ce volant-là n'aurait de toute façon pas suffi », rétorque-t-on à la direction, où l'on attend de « voir ce qui va se passer lundi », avant d'envisager une négociation.