(Liberation.fr a écrit :Grève générale illimitée dans les urgences
Le mouvement risque d'être assez peu suivi. Douste tente de jouer l'apaisement.
Par Eric FAVEREAU
lundi 04 avril 2005 (Liberation - 06:00)
Les hôpitaux de nouveau en hypertension. A l'appel de Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf), commence aujourd'hui une grève générale illimitée dans les services d'urgence des hôpitaux, «pour protester contre la saturation de ces services et obtenir l'organisation d'un "Grenelle" des urgences».
Un mouvement spectaculaire, mais qui risque d'être assez peu suivi. D'un côté, les grévistes peuvent être réquisitionnés et, de l'autre, les déclarations multiples de Pelloux ont, ces jours-ci, plus divisé que mobilisé le monde médical sur la question de la permanence des soins. «Il faut arrêter cette guerre stérile entre hospitaliers et libéraux», nous a expliqué, hier, Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé. Se démarquant sensiblement des positions de son «ami» Pelloux.
«Le décret qui va organiser la permanence des soins sera publié vers le 10 avril. Côté urgences, nous allons vérifier région par région les besoins et les manques. Déjà, plus de 2 000 postes ont été créés, a détaillé le ministre. Côté médecine de ville, contrairement à ce que j'entends ici ou là, on ne peut pas refuser un malade. C'est la déontologie de base. Reste que, pour mieux organiser la permanence des soins, nous allons rendre le dispositif plus souple, plus incitatif, avec une rémunération incitative pour les gardes.» Et le ministre de citer une enquête du conseil national de l'ordre des médecins qui indique que «plus des deux tiers des médecins généralistes se disent prêts à faire des gardes et des astreintes».
De fait, des négociations vont se poursuivre entre médecins urgentistes et Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins. Le président de la Coordination médicale hospitalière (CMH, praticiens hospitaliers), François Aubart, a demandé la tenue d'une «conférence tripartite entre élus, médecins libéraux et hospitaliers» sur la permanence des soins, mais il s'est prononcé contre un «Grenelle des urgences». Indiquant que son organisation «ne participe pas au mouvement de grève» lancé par l'Amuhf, François Aubart a ajouté : «Les médecins étant de plus en plus vieux, de moins en moins nombreux, et la profession se féminisant et se spécialisant de plus en plus, les praticiens ont de moins en moins envie de prendre des gardes. Ce désengagement est inéluctable et il concerne la médecine libérale comme la médecine hospitalière. Il faut que les libéraux et les hospitaliers se parlent.»