Le mouvement lycéen défile au tribunal

Message par emman » 25 Mai 2005, 11:17

a écrit :Le mouvement lycéen défile au tribunal

Poursuivi pour outrage, l'un des leaders de la Coordination nationale comparaît aujourd'hui. D'autres procès vont suivre.

Par Marie-Joëlle GROS


ce matin, un des meneurs parisiens de la Coordination nationale des lycéens, Samuel Morville, 18 ans, est convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris. Il devra répondre d'«outrage à agent de la force publique». La semaine suivante, trois autres lycéens comparaîtront pour «dégradations de biens publics en réunion, violences volontaires et intrusion dans un établissement scolaire». Puis viendra le tour de lycéens du Val-d'Oise, pour des faits similaires. Ce défilé de jeunes qui avaient manifesté contre la loi Fillon sur l'école se poursuivra jusqu'à la mi-juin.

Ainsi se soldent quatre mois de contestation lycéenne : à la barre du tribunal. C'est une première. Jamais un mouvement lycéen n'a connu une sortie de crise strictement judiciaire. Un collectif de soutien, fort d'une vingtaine d'organisations (1), s'est constitué et demande l'abandon de toutes les poursuites engagées contre ces lycéens. La fédération de parents d'élèves FCPE et la Ligue des droits de l'homme tonnent de concert : «Les lycéens grévistes font l'objet d'une répression policière et judiciaire inédite. Même en 1968, les occupations d'établissements ne se sont jamais soldées par des poursuites. On ne peut que s'étonner de la nature de la réponse aux interrogations des jeunes de la coordination. Et ce d'autant plus qu'aucune poursuite n'a à ce jour abouti contre les casseurs de la manifestation du 8 mars». Désigner des coupables et les punir n'a manifestement pas le même caractère d'urgence en toute situation. «Il y a la volonté de juguler un mouvement social par la répression», résume Michel Tubiana pour la Ligue des droits de l'homme. «En choisissant de poursuivre des jeunes à peine majeurs, on hypothèque sérieusement leur avenir.» A Bayonne, deux lycéens de 18 et 19 ans ont déjà été condamnés le 11 mai à deux mois de prison avec sursis, 800 heures de TIG (travail d'intérêt général) et 6 000 euros à verser au lycée René-Cassin, qu'ils avaient investi le 15 février. Ces condamnations figureront sur leur casier judiciaire.

«Radicalisation». Tout avait pourtant bien commencé. En janvier, lors des toutes premières manifestations de lycéens, l'ambiance était bon enfant, sans affrontement particulier avec les forces de l'ordre, pourtant nombreuses. Alors que le mouvement prenait de l'ampleur, le ministre de l'Education avait accepté de reporter sa réforme du baccalauréat. Les lycéens en avaient profité pour élargir leurs revendications, exigeant davantage de moyens pour l'école. Crispation du ministre. A la suite de l'adoption définitive de sa loi, le 24 mars, la Coordination des lycéens avait durci le ton et voté en assemblée générale le blocage et l'occupation d'établissements scolaires. En réponse, le ministre avait donné l'ordre aux préfets et aux recteurs d'y mettre fin, par la force si nécessaire. Ministère, recteurs et chefs d'établissement dénonçant la «radicalisation» du mouvement. Ils condamnaient ses modes d'action et tentaient de discréditer ses leaders, les assimilant à des sauvageons manipulés par l'extrême gauche.

Aujourd'hui, de grands noms du barreau, tous avocats engagés, ont choisi de les défendre. Parmi eux, maître Antoine Comte et son associée Roselyne Nain, ainsi que Dominique Noguerès et Irène Terrel. Cette dernière explique : «La répression policière a été totalement disproportionnée. Après l'occupation d'une annexe du ministère de l'Education nationale le 20 avril, 183 jeunes ont été gardés à vue, c'est délirant.» A l'issue de ces interpellations, neuf personnes ont été mises en examen, deux majeurs dont une lycéenne et un enseignant, et sept mineurs. Le choix du parquet d'ouvrir une information judiciaire pour ceux-là, ainsi que pour les mineurs qui avaient investi l'inspection académique de Bobigny (Seine-Saint-Denis) quelques jours plus tôt, est rassurant estiment leurs avocats. «Même si l'instruction peut durer plusieurs mois, elle garantit un vrai travail d'enquête et des dossiers plus nourris», explique Dominique Noguerès.

Injures. Une chance que ne connaîtront pas tous ceux qui se trouvent ces jours-ci convoqués devant les tribunaux à la suite de simples constats policiers. Les avocats comptent par ailleurs faire la lumière sur le déroulement des gardes à vue, certaines s'étant déroulées manifestement «en dehors des prescriptions du code pénal» : fouilles au corps, menaces, injures, humiliations. Ainsi, Samuel Morville, qui comparaît aujourd'hui, pourrait raconter à la barre le traitement qu'il dit avoir subi dans le car de police qui l'emmenait au commissariat. «Un passage à tabac en règle», résume son avocate Irène Terrel, évoquant un rapport médical listant ses ecchymoses. «Ces procès faits aux lycéens sont évidemment politiques, poursuit son avocate. Les arrestations ont été ciblées, et des prétextes construits a posteriori.» Samuel n'a pas pour autant perdu sa combativité. «Ce ne sont pas des personnes et des faits qu'on envoie au tribunal, mais la Coordination des lycéens qui menait le mouvement. Oui, nous étions entrés dans un rapport de force, nettement disproportionné. Gouvernement, police, justice ont choisi de nous taper sur la tête.»

Certains chefs d'établissement ne sont pas en reste, qui multiplient les menaces sur les dossiers scolaires et les promesses de ne pas réinscrire les fortes têtes à la rentrée. Nouvelle version de la «double peine» ?

(1) Ligue des droits de l'homme, Mrap, FCPE, No pasaran, Sud-Education, FSU, AC !, Alternative libertaire, Attac France, CNT, Sclap, Collectif
des jeunes chercheurs contre la précarité, etc.
emman
 
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Message par lenzo » 25 Mai 2005, 14:15

Un leader lycéen encourt 500 euros d'amende ou des TIG PARIS (Reuters)
a écrit : Le parquet de Paris a requis une amende de 500 euros ou un travail d'intérêt général contre Samuel Morville, l'un des leaders du mouvement lycéen poursuivis après les manifestations contre la loi Fillon.
Le tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré au 1er juin.
Ce procès est l'un des premiers organisés après les trois mois de manifestations lycéennes, marquées par de nombreux incidents entre janvier et avril, contre la réforme du ministre de l'Education François Fillon.
Poursuivi pour "outrage à personne dépositaire de l'autorité publique", Didier Morville encourt jusqu'à six mois de prison et 7.500 euros d'amende.
"Cracher sur une personne est absolument abject et les insultes ne peuvent être tolérées, même si on peut comprendre qu'en ces jours chauds, des gros mots s'échappent quand se sont accumulés la fatigue et l'énervement", a dit le procureur, Dominique Gohon.
Samuel Morville a été soutenu par plusieurs centaines de personnes qui ont manifesté après l'audience devant le palais de justice, protégé par un important dispositif policier.
Le jeune homme de 19 ans, élève de terminale, se voit reprocher d'avoir craché sur un car de police et d'avoir lancé : "fils de pute, j'encule ta mère" au commissaire Pierre-Jean Grubis, tout en lui crachant au visage, en marge d'une manifestation à Paris le 31 mars.
A la barre, le jeune homme a reconnu avoir craché sur un car de police mais a rejeté les autres accusations. Il a affirmé avoir été brutalisé par les CRS. "J'ai été mis à nu, frappé et les policiers m'ont forcé à dire 'j'aime la police et vive la France'", a-t-il dit.
NOMBREUSES PROCEDURES
Le commissaire Grubis, qui s'est constitué partie civile à l'audience, a nié ces violences et affirmé que cet incident était caractéristique d'une radicalisation volontaire du mouvement en avril.
"Le mouvement s'était essoufflé et un groupe d'extrême gauche, le Comité d'action lycéen, composée d'anarcho-libertaires et de militants d'extrême gauche, a continué l'action. Il provoquait les forces de l'ordre dans l'espoir qu'un lycéen prenne un coup de matraque pour relancer le mouvement", a-t-il affirmé.
Il a expliqué avoir fait arrêter Samuel Morville en raison des insultes répétées et des provocations du jeune homme et de ses amis qui encadraient la queue d'une manifestation.
Plusieurs autres affaires ont été déjà jugées en province et se sont soldées par des peines de prison avec sursis, des travaux d'intérêt généraux et des amendes, comme à Bayonne le 11 mai pour deux prévenus.
Des organisations de défense des droits de l'homme et la gauche parlementaire jugent cette répression judiciaire disproportionnée et dénoncent la violence supposée des interventions policières.
Les autorités judiciaires soulignent de leur côté la violence de certains incidents.
Le commissaire Grubis a déclaré à l'audience que 50 policiers et gendarmes avaient été blessés.
Le 22 avril, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire sur l'un des incidents les plus graves, concernant l'occupation d'une annexe du ministère de l'Education nationale, dans le XVe arrondissement de Paris.
Neuf personnes sont mises en examen pour "violences sur agents de la force publique avec armes" et "dégradations de biens publics en réunion", des faits passibles de peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Les lycéens sont soupçonnés d'avoir jeté sur des policiers des fauteuils et des ordinateurs d'une hauteur de plusieurs mètres et d'avoir saccagé les locaux.

lenzo
 
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Message par boispikeur » 25 Mai 2005, 19:24

J'ai vu que la fraction faisait parti du Collectif de soutien aux victimes de la répression du mouvement lycéen, mais pas LO: est-ce une erreur, et si non quequ'un pourrait me dire pourquoi?
boispikeur
 
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Message par othar » 25 Mai 2005, 23:12

[quote=" (boispikeur"]

J'ai vu que la fraction faisait parti du Collectif de soutien aux victimes de la répression du mouvement lycéen, mais pas LO: est-ce une erreur?
[/quote]
Je ne crois pas que cela soit une erreur

[quote=" "]

et si non quequ'un pourrait me dire pourquoi?
[/quote]

non, en tous cas pas à un spécialiste comme toi des fausses questions (j'avoue que c'est un peu lassant à force)
othar
 
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Message par quijote » 26 Mai 2005, 09:25

(Zdanko @ jeudi 26 mai 2005 à 07:28 a écrit : Pour revenir au sujet du fil:

(Trouvé sur forum Disnon a écrit :Le porte-parole du PS Julien Dray a souhaité mercredi 25 mai que le tribunal correctionnel de Paris suive les réquisitions du parquet à l'encontre de l'un des leaders de la coordination lycéenne, Samuel Morville, jugé pour outrages à agent. Le représentant du parquet a proposé que soit infligée au jeune homme, âgé de 19 ans, une peine de travaux d'intérêt général ou une amende équivalant à 500 euros, pour des faits présumés survenus dans le cadre de la mobilisation contre la loi Fillon.

Dans un communiqué, Julien Dray écrit que "le PS demande à ce que ces réquisitions soient suivies par le tribunal". "Même si l'on ne peut évidemment justifier certains comportements de jeunes dans les manifestations qui se sont déroulées " sic , il ne faut pas oublier que la première responsabilité incombe au gouvernement qui n'a pas respecté le dialogue avec la jeunesse", ajoute le texte.


Le PS, soutien de la bourgeoisie et de ses agents de répression.




Rappelle toi le langage sécuritaire de Dray et son approbation de la politique sécuritaire de Sarkozi ( vues positivement par le même Dray ) au nom de la "nécessaire fermeté " contre " la délinquance " .Il n 'est d 'ignominie dont le PS nous fasse grace !
quijote
 
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Message par pelon » 26 Mai 2005, 18:45

(boispikeur @ mercredi 25 mai 2005 à 20:24 a écrit :J'ai vu que la fraction faisait parti du Collectif de soutien aux victimes de la répression du mouvement lycéen, mais pas LO: est-ce une erreur, et si non quequ'un pourrait me dire pourquoi?

Il y a sûrement des centaines de collectifs auxquels nous n'adhérons pas sans d'ailleurs avoir nécessairement de désaccords.
pelon
 
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Message par Gaby » 26 Mai 2005, 19:33

(Pastorius @ jeudi 26 mai 2005 à 20:23 a écrit : Ecoute, indépendemment de ce qu'était la "coordination lycéenne" et de ses méthodes,

C'est-à-dire ?
Gaby
 
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Message par othar » 26 Mai 2005, 19:45

(Gaby @ jeudi 26 mai 2005 à 20:33 a écrit :
(Pastorius @ jeudi 26 mai 2005 à 20:23 a écrit : Ecoute, indépendemment de ce qu'était la "coordination lycéenne" et de ses méthodes,

C'est-à-dire ?

il n'y avait pas nécessairement de sous-entendu dans cette formuulation (je crois)
othar
 
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