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Rhône: un collectif emploi CGT part en guerre contre le travail précaire
AFP 08
AFP 08.12.05 | 18h36
Un "Collectif emploi CGT" créé fin 2004 à Lyon et qui compte déjà quelques "succès", a annoncé mercredi, lors d'un forum emploi à Vénissieux, son intention d'étendre en 2006 son action contre le recours abusif aux contrats précaires à l'ensemble du secteur départemental de la métallurgie.
"Nous voulons mettre à jour les pratiques illégales des boîtes: les contrats bidons, les faux remplacements... tout cela, ça existe régulièrement. Pourtant, la précarité n'est pas une fatalité", a déclaré à l'AFP Mohamed Brahmi, délégué syndical chez Bosch et responsable du collectif.
"On voudrait que l'illégalité soit légale mais nous, nous disons +stop+", poursuit-il, évoquant pour le secteur de la métallurgie, dans le Rhône, une moyenne "de 45% de salariés précaires" et jusqu'à 70% dans certains cas.
Les directions des entreprises ne contestent pas ces chiffres. "C'est vrai dans certains secteurs, mais cela répond à des besoins spécifiques", rétorque un porte-parole de Renault Trucks, Pierre-Alain Brendel.
"Pour les poids lourds, nous sommes dans un cycle haut depuis plusieurs mois mais, par expérience, on s'attend à un retournement. Si on fait une vague d'embauches, ce n'est pas pour être contraint de licencier un peu après", estime M. Brendel, qui ajoute: "nous avons longtemps été connus pour nos plans sociaux. Or nous embauchons près de 800 personnes par an depuis trois-quatre années, dont d'anciens intérimaires".
Renault Trucks a été l'une des premières entreprises lyonnaises ciblées par le collectif emploi CGT, créé fin 2004, avec Bosch et Koyo SMI. "On est là dans le triangle de la précarité", juge Mohamed Brahmi. "Elles ont acquis une manne de travailleurs précaires formés qu'elles se repassent".
Ce 'roulement' "n'est pas de notre fait. Ce sont les boîtes d'intérim qui gèrent. Mais il est vrai que ces trois entreprises demandent des qualifications équivalentes", note le porte-parole de Renault Trucks.
Fort des premières retombées de son action, en 2005, avec l'obtention de près de 80 embauches en CDI à Koyo SMI et la condamnation de Renault Trucks devant le tribunal des Prud'hommes de Lyon, le Collectif emploi CGT a manifesté jeudi son intention d'élargir son horizon.
"Nous avons réuni une soixantaine de salariés de vingt entreprises locales du secteur, en majorité des délégués syndicaux qui nous ont fait remonter des questionnaires", explique Mohamed Brahmi. "Les intérimaires présents étaient par contre très peu nombreux, on sent la pression au niveau des directions pour ne pas qu'ils témoignent", ajoute-t-il.
Selon lui, d'autres collectifs, inspirés par le modèle lyonnais, sont sur le point de voir le jour, comme à Caen, en Basse-Normandie.