(Lutte Ouvrière @ 13/12/2005 a écrit :Ouvriers agricoles : exploités, volés, expulsés !
Pyrénées Orientales - Une vingtaine d’ouvriers agricoles, portugais, maghrébins et roumains, qui travaillaient sur une exploitation maraîchère à Argelès, dans les Pyrénées Orientales, ont fait grève pendant 15 jours et organisé le blocage des camions d’expédition transportant la production du site. Ils réclamaient tout simplement le paiement de leurs salaires en retard, certains n’étant pas payés depuis 5 mois ! A quoi s’ajoutaient le non paiement d’heures supplémentaires, datant de 2003 pour certains…
Les tentatives de la direction pour faire cesser le blocage : menace de fermeture de l’entreprise, menace de porter plainte (!), puis promesse de régler un mois de salaire tout de suite et le reste plus tard.., n’y ont rien fait. « Nous ne partirons que lorsque nous serons payés » répondirent les ouvriers.
Aidés par la CGT, les travailleurs en lutte ont finalement obtenu que leur soient versés immédiatement de 6000 à 9000 euros d’arriérés, et que 9 jours de grève leur soient payés à la fin décembre. Ceci dit, une fois leur chèque encaissé, la plupart d’entre eux ont démissionné, ou sont rentrés au pays pour la fin d’année, et ne reviendront sans doute pas.
Quand à l’employeur, il a tout de même écopé d’une interdiction d’exploitation dans l’immédiat, et passera en jugement en janvier.
Mais, le plus scandaleux, c’est que même quand ce sont les patrons qui se comportent comme des hors la loi, c’est aux travailleurs que l’Etat s’en prend. En effet, la PAF (police aux frontières), descendue sur le piquet de grève dans les premiers jours du conflit, n’a rien trouvé de mieux que de faire expulser en urgence 6 travailleurs roumains sans papiers, avant même que ceux-ci aient pu toucher leur arriéré de salaire de 3 mois !
On se demande ce qui dans cette histoire et cette société, est le plus écœurant, de l’exploitation éhontée par des « patrons voyous » de travailleurs en situation souvent déjà difficile, ou de l’arbitraire d’un Etat qui s’acharne sur les plus vulnérables d’entre eux.