(Libération @ lundi 02 janvier 2006 a écrit :Piquet de réveillon chez les Marti40e jour de grève et un peu d'espoir pour les salariés du sous-traitant automobile Burgess-Norton.par Thomas CALINON
Vieux-Charmont (Doubs) envoyé spécial
«Marti vivra.» Le slogan barre le calendrier 2006 qu'ont imprimé pour financer leur lutte les 71 salariés de Burgess-Norton, ex-Industrielle de précision Marti. «69, pas 71, corrige un ouvrier. Je ne compte pas les deux cadres dirigeants qui nous licencient.» Samedi 31 décembre, nouvel an à Vieux-Charmont, près de Montbéliard (Doubs). Pour les Marti, quarantième jour d'occupation de l'usine où sont fabriqués des axes de pistons pour l'industrie automobile. Occupation légale selon la justice, qui a débouté la direction de sa requête d'évacuation des locaux. A l'entrée, deux braseros et une tente ornée de lampions. De l'autre côté de la route, le «château Marti», propriété de la famille qui a fondé l'entreprise en 1871. «Il y a toujours un vieux monsieur qui y vit, très malade, raconte Olivier Del Rizzo, délégué CGT. Au début du conflit, il nous a envoyé un petit mot et un don financier. C'était très touchant.»
Encouragements. Les salariés en grève ont vu des journalistes tous les jours, ils ont appris à communiquer. «Apéro festif» pour la presse au pied du sapin dressé dans les ateliers, puis réveillon dans l'intimité au réfectoire. Croûte forestière et civet de biche, solidairement offerts par un traiteur. Dans le pays de Montbéliard et au-delà, les Marti ont ému : 60 000 euros de dons, cadeaux offerts à Noël par des comités d'entreprise voisins, visites d'Olivier Besancenot et d'Arlette Laguiller, soutien des élus locaux, de gauche comme de droite. Les messages affluent sur le blog des grévistes (1), les murs de la cantine sont tapissés de mots d'encouragement, rédigés par des «camarades» et des anonymes, par l'évêché et la franc-maçonnerie. Depuis le 21 novembre, date à laquelle la direction leur a annoncé la cessation d'activité au profit d'un site italien du groupe, les Marti ont donné l'image d'une lutte digne et déterminée, presque gaie. «C'est parce que les gens ne sont pas restés seuls chez eux, ils sont venus tous les jours à l'usine», explique Nasser Diffalah, secrétaire CGT du CE. «On se connaît tous et on est tous en lutte, de l'ouvrier au cadre en passant par le technicien, poursuit Olivier Del Rizzo. Cette entreprise peut vivre, on a des perspectives, ça nous aide à tenir.»
Les perspectives ? Une diversification dans les axes de pistons pour moteurs industriels, qui ne représentent que 10 % de l'activité aujourd'hui. Mais les salariés attendent surtout un geste de PSA Peugeot-Citroën, premier donneur d'ordres de Burgess-Norton, dont les commandes représentent 60 % du chiffre d'affaires. «Au début, ils disaient qu'ils ne pouvaient pas s'immiscer dans les affaires d'un sous-traitant. Là, on sent que ça bouge un peu», commente Olivier Del Rizzo. Mardi, la direction devrait se déclarer en cessation de paiement. Les grévistes ont le sentiment d'avoir remporté une première bataille car cela ouvre l'espoir d'un redressement judiciaire et d'une relance de l'activité sous le contrôle de la justice. Si tout s'enchaîne selon leurs voeux, ils pourront alors chercher un repreneur.
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