a écrit :Calais : les exilés manifestent
À l’initiative de deux Pakistanais, un défilé de sans-papiers doit se tenir aujourd’hui 4 janvier jusqu’à la sous-préfecture
À Calais, les manifestations de soutien aux clandestins sont généralement organisées par les associations à vocation humanitaire. Cet après-midi pourtant, pour la première fois depuis 2002 et l’époque du centre de Sangatte, c’est à l’initiative de deux ressortissants pakistanais sans papiers que des migrants en situation irrégulière défileront entre le quai de la Moselle, où chaque jour a lieu la distribution des repas, et la sous-préfecture. « Nous voulons rencontrer un représentant des autorités françaises pour évoquer avec lui notre situation intenable à Calais, explique Akash Mirza, arrivé à Calais le 22octobre selon son récit. Nous vivons dans la rue, nous mangeons dehors, nous ne pouvons pas nous laver. Vos chiens ont une meilleure vie que nous. On ne peut plus l’accepter. Nous sommes venus dans un pays démocratique et nous ne voulons pas nous contenter de la charité des associations. »
Des requêtes utopiques
Brandissant un tract rédigé avec une militante proche des mouvements contestataires, Akash et Lakiy, 22 et 23 ans, réclament « des papiers pour vivre en France ou passer en Angleterre ». Des doléances utopiques, « ridicules » selon les autorités, dans un contexte de lutte acharnée contre l’immigration clandestine dans le Calaisis. « Nous ne voulons pas forcément aller en Angleterre, qu’on nous donne des papiers et nous travaillerons chez vous. » Anciens militants dans leur pays, les deux jeunes hommes disent avoir fui le Cachemire « par peur des représailles, parce que nous étions contre le régime autoritaire et les fondamentalistes ». Aujourd’hui bloqués à Calais, ils veulent alerter l’opinion publique sur le sort des clandestins, quelle que soit leur nationalité. « Nous rassemblons les réfugiés, les Pakistanais comme les Irakiens, les Afghans, les Somaliens, les Soudanais et les autres, nous serons deux cents, peut-être quatre cents. Notre manifestation sera pacifique, mais nous voulons nous montrer. »
« Je ne céderai pas »
Le collectif C’Sur, proche des migrants, « se désolidarise de cette manifestation », insiste l’abbé Jean-Pierre Boutoille. Le sous-préfet Patrick Espagnol a de son côté « pris des dispositions ». On peut dès lors supposer que de nombreux CRS seront présents à proximité de la sous-préfecture. « Nous espérons que tout se passera bien, mais j’affirme que je ne céderai pas à la pression », affirme le sous-préfet, qui n’exclut pas une épreuve de force.
Olivier