Chili : grève offensive

Message par Puig Antich » 01 Juin 2006, 12:41

a écrit :Chili : mobilisation lycéenne et répression

La revendication d’une réforme éducative a eu une grande répercutions dans les institutions et est passé dans les rues ; les carabiniers ont réprimé avec des gaz et des camions à eau. Il y a eu au moins 14 blessés et 509 personnes arrêtées. Les négociations entre les étudiants et le ministre de l’Education continuent.

Les Chiliens ont eu hier leur « marche des pingouins ». De cette manière sont appelés les lycéens, en raison de la couleur bleue et blanche de leurs uniformes, qui ont réalisé une grève nationale pour des améliorations de la qualité éducative au Chili. Malgré le fait que des dirigeants étudiants avaient appelé à rester dans les lycées et à développer une protestation pacifique, celle ci est rapidement descendue dans les rues et a généré des chocs avec la police, qui a arrêté 509 personnes.

Les carabiniers ont réprimé avec des gaz lacrymogènes et des camions à eau dans différents points de la ville, en blessant des étudiants, des travailleurs de presse et y compris des policiers -on en recensait 14-. Dans l’après-midi, le ministre de l’Education, Martin Zilic, s’est réuni avec les dirigeants étudiants pour chercher des solutions au conflit. Aujourd’hui le panorama sera pratiquement le même, avec la continuation de la négociation entre le gouvernement et les étudiants et la mobilisation dans les lycées. La journée a été suivie par l’adhésion de 600.000 étudiants, presque 50 pour cent des instituts éducatifs, publics et privés, en plus de beaucoup d’universités. Même l’établissement dans lequel étudie la fille de la présidente chilienne Michelle Bachelet, Sofía Henríquez, s’est rallié à la grève.

« Le cuivre au ciel et l’éducation au tapis », remarquait une affiche, avec une allusion directe à l’excédent record de 10 milliards de dollars que le Fisc chilien recueillera cette année en raison d’un plus grand prix du cuivre, le principal produit d’exportation du pays, mais qui sera destiné en majorité à l’épargne. La consigne de la journée était de rester dans les lycées en réalisant des journées culturelles et de réflexion sur la qualité de l’enseignement dans le secteur public. Cependant, il y a eu des groupes qui ont réalisé des manifestations, avec pour résultat des affrontements avec la police. Les chocs avec les carabiniers ont commencé quand une file d’étudiants ont essayé de rejoindre le Ministère de l’Education. Les policiers ont essayé d’arrêter la mobilisation, qui n’avait pas été autorisée par l’intendance de Santiago, avec des camions à eau et des tirs de gaz lacrymogène. Mais les étudiants ont réussi à se replier et à casser le cercle policier, ce qui a obligé les effectifs à interrompre la circulation dans les deux sens de l’avenue centrale Alameda. Les dirigeants du mouvement étudiant ont critiqué la dureté de la répression, mais l’intendant métropolitain a remarqué que les marches n’étaient pas autorisées. « Les pacos (carabiniers) ont agi selon leurs propres règles », a dit le dirigeant du Lycée Aplicacion, William Vellejos, à Pagina/12. « Ils nous traitent comme des délinquants (…) Ils ont peur de nous », a-t-il ajouté. « Pour le gouvernement, c’est plus facile de réprimer que d’écouter ».

Les étudiants ont plusieurs revendications. En premier lieu, ils demandent l’abrogation d’une loi d’éducation promulguée par le dictateur Augusto Pinochet un jour avant de laisser le pouvoir, qui a fait entrer le marché dans l’éducation. La loi a généré des collèges pour pauvres et pour riches, avec des différences importantes dans la qualité de l’éducation et un système de propriétaires privés d’établissements éducatifs qui reçoivent des subventions de l’État mais manquent de contrôles. Ils critiquent aussi l’étendue de la journée scolaire sans que les lycées n’aient été préparées, et demandent la gratuité des Epreuves de Sélection Universitaire (PSU), du permis scolaire et du transport scolaire.

Hier les étudiants ont remporté une victoire importante : une réunion des 25 porte-parole officiels des lycées avec le ministre de l’Education, Martin Zilic, dans la Bibliotèque Nationale. Le gouvernement a ainsi renoué les négociations après un dialogue initial qui avait été interrompu à cause de violentes protestations de rue enregistrées il y a une paire de semaines. Cependant, la violence dans les rues s’est aussi invité à la réunion. Des gaz lacrymogènes lancés au milieu des incidents de la Alameda ont pénétré à l’intérieur de la Bibliothèque, ce qui a provoqué des interruptions dans les négociations. Après cinq heures de discussion, les négociations continueront aujourd’hui.

A la sortie de la Bibliothèque, ni le ministre de l’Education ni les étudiants n’ont voulu faire de déclarations mais des sources extra officielles ont assuré que le gouvernement aurait répondu de manière partielle aux demandes, en octroyant la gratuité du transport scolaire et de l’épreuve d’entrée à l’université aux élèves provenant du 60% le plus pauvre de la population, avec des revenus inférieurs à 109 000 pesos (209,61 dollars) par tête par mois. Les autres points des demandes, réforme de la Loi Organique Constitutionnelle d’Enseignement (LOCE) et de la journée scolaire complète, nécessiteront des négociations plus longues et complètent, en raison de leur caractère législatif. En ce sens, les sénateurs ont convoqué une session spéciale qui aurait lieu le 7 juin, pour aborder avec une politique d’Etat les thèmes de fonds qui nécessitent des définitions.

Malgré les claires réussites de l’une des mobilisations les plus importantes des derniers temps au Chili, la journée n’a pas été considérée de la même manière par les différents groupes d’étudiants. Julio Isamit, un dirigeant de l’Institut National, a fait un bilan positif de la journée pour la quantité d’élèves mobilisés, en plus du début des négociations avec le ministère. de « pésima », parce que la consigne était de ne pas sortir dans les rues. Le dirigeant étudiant a aussi été dur avec le gouvernement, et à la différence d’Isamit, il n’a pas qualifié le commencement des négociations avec Zilic de positive , puisqu’il le considère comme « son travail ». « Nous allons considérer comme positif seulement la satisfaction de nos demandes », a affirmé Vallejos. Aujourd’hui la mobilisation continue, et les dirigeants politiques devront chercher des solutions devant une jeunesse en pleine ébullition.



Ni pardon, ni oubli, ni réconciliation nationale ! :boxing:
Puig Antich
 
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Message par emman » 01 Juin 2006, 14:09

C'est quoi la source ?
emman
 
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Message par Mariategui » 01 Juin 2006, 14:53

Faut faire gaffe à qui parle sur quoi. Les dirigeants de l'Instituto Nacional sont réputés pour être pro-UDI (soit pro-droite populiste ultrapinochetiste), je prendrais ses déclarations avec des pincettes et des gants en plastique. Pas étonnant alors qu'il se soit opposé à la mobilisation dans le rue. Le mouvement est assez spontané, l'influence de la droite est épiphénoménal à part dans ce lycée (assez bizarre d'ailleurs c'est le grand lycée municipal du pays, le seul lycée pour les élites du pays à rester public et ouvert à une certaine mobilié sociale. De toute évidence, cette mobilité sociale ascendante a bien collé avec le discours populiste du candidat de droite).
Bien entendu, c'est la rue qui a fait bouger les choses, il y a eu une belle bagarre entre étudiants et flics, avec plusieurs dizaines de blessés du côté étudiant. La repression a été très forte mais grosse malchance, les flics ont été filmés et on cassé la gueule (au sens strict) à deux journalistes, c'est passé à la télé et le préfet de police va sauter (faut bien de fusibles). Depuis le début du mouvement, plusieurs centaines d'arrestations (j'ai entendu jusqu'à 2000) et une repression féroce, des accusations d'abus sexuel de la police contre des étudiantes à Puente Alto (trois filles).
Mariategui
 
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Message par Puig Antich » 01 Juin 2006, 15:52

ca vient de samizdat.net
Puig Antich
 
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