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Message Publié : 11 Oct 2006, 22:05
par pelon
a écrit :
Pour les clients du "Champion" d'Orléans-la-Source, une caissière c'est sacré!

Pas de chance pour le magasin Champion d'Orléans La Source. Le dimanche 8 octobre, c'était la fête annuelle du comité des fêtes et des associations au pied de l'immeuble des Chèques postaux et des HLM entourant le magasin.

Babeth, la caissière licenciée en cinq minutes pour avoir fait crédit à des clients désargentés par un nouveau gérant arrivé en juillet, et son comité de soutien ont continué à faire signer la pétition aux habitants du quartier. Toute la journée ce fut un véritable défilé de gens venant lui témoigner leur soutien et leur affection. Le comité distribuait un tract retraçant la rencontre avec la direction régionale de Champion basée près de Bourges (Cher).

La direction avait accepté un rendez-vous avec deux membres du comité à quelques kilomètres de la Source, ne voulant pas venir dans le quartier. Elle a déclaré que Babeth n'était pas accusée de vol (alors que, localement, c'est ce qu'a déclaré le gérant) mais de "dysfonctionnement de caisse pour des crédits".

Suite à un nouveau reportage de France 3 lundi 9 octobre, le DRH a confirmé qu'elle était licenciée, "qu'elle n'avait qu'à faire des dons sur son argent, que c'était intolérable de supporter cela dans une entreprise".

Si c'était des dons que Babeth avait faits, cela ne heurterait personne, mais en plus c'est encore une forme de mensonge de la part du DRH puisque tous les gens venaient payer leur facture.

Tout le monde le dit: "Champion c'est Carrefour, c'est honteux, inadmissible." Les propos de la direction ne font qu'attiser l'indignation des habitants.

Babeth continue à déclarer à tous les gens du quartier qui s'inquiètent de son avenir qu'elle ira jusqu'au bout. Elle entame bien sûr une procédure aux Prud'hommes avec son avocate. Mais surtout elle déclare à tous les journaux et télévisions qui défilent dans le quartier, "qu'elle est une battante, qu'elle est fière d'avoir aidé des gens qui n'ont que les Assedic ou le RMI pour vivre, et ce depuis seize ans, même si cela lui a coûté sa place".

Il apparaît aussi évident que de plus en plus de gens désertent Champion, certains s'organisant pour aller faire leurs courses dans d'autres magasins.

Comme le dit Babeth: "Le soutien des habitants de toutes couleurs et origines, des associations, des commerçants, des militants me fait chaud au coeur, on va continuer." La solidarité pourra de nouveau s'exprimer lors d'un rassemblement prévu dans les jours qui viennent.

Correspondant Lutte Ouvrière.

Lutte Ouvrière n°1993 du 13 octobre 2006

Message Publié : 28 Oct 2006, 10:46
par pelon
(L'Humanité du 26 octobre a écrit :
Licenciée pour solidarité

Pauvreté . La caissière d’un supermarché Champion a été licenciée pour avoir fait crédit à des clients démunis. Une décision qui suscite un tollé dans le quartier populaire de La Source à Orléans.

Orléans (Loiret),

envoyée spéciale.

Ici, tout le monde l’appelle Babette. Impossible de marcher dix mètres sans être apostrophée, sans un mot d’encouragement, un sourire discret, un geste esquissé. Un vieil homme, par exemple, son cabas à la main, articule lentement : « C’est dégueulasse. On vous connaît, votre générosité. » Aussitôt, deux jeunes adolescents s’approchent, intrigués : « Ah ! mais c’est vous Babette... ben, c’est dommage. » Au café, Pepito lui promet une chanson. Un habitant lui lance : « Faut pas avoir peur ! » Elle, voix cristalline, sourire affirmé, rétorque tranquillement : « Je n’ai pas peur, d’ailleurs, je me fais voir. Je n’ai pas honte ! »

« Ça me faisait trop mal au coeur »

Elisabeth Dupart, dite Babette, était chef caissière du - supermarché Champion du centre commercial Bolière 3, au coeur du quartier populaire de La Source (lire ci-dessous), à Orléans. Était, car, fin septembre, après vingt-six ans de service, elle a été licenciée pour avoir fait crédit à des clients démunis. « Elle n’avait pas à prêter de l’argent », justifie Marc Veyron, le directeur des ressources humaines de Champion, propriété du groupe Carrefour depuis 1999.

La première fois, c’était il y a seize ans, « quand la misère a commencé ». Babette : « Une femme est venue avec sa petite fille, elle avait besoin de lait et de couches. Elle a réglé à la fin du mois quand elle a touché son RMI. » Un cas, puis un autre... « Ça me faisait trop mal au coeur, surtout avec les enfants. Je faisais crédit à 5 ou 6 personnes par mois, pour 50 ou 60 euros. Toujours pour les choses principales, les petits pots, les couches, les pâtes, jamais d’alcool. » Babette dit que tous, sauf « deux au début », ont remboursé. Elle admet aussi qu’une fois, elle s’est fait crédit à elle-même « pour 150 euros ». « En janvier, je me suis retrouvée dans la choucroute. » À quarante-sept ans, elle vit seule avec son fils de dix-neuuf ans.

Le couperet est tombé à son retour de vacances, le mois dernier. Jamais, auparavant, elle n’avait eu de souci avec la direction. En vingt-six ans passés dans le magasin de proximité, Babette a vu défiler « 29 gérants ». « Tous savaient », affirme la responsable de caisse. Aucun ne l’a sanctionnée. « Nous l’avons avertie oralement en janvier », affirme Marc Veyron, le DRH. Tout s’accélère en tout cas avec l’arrivée d’un nouveau directeur à la mi-juillet. En plus des crédits aux clients, il reproche à Babette un trou de « 3 900 euros » dans sa caisse, contrôlée en l’absence de l’employée. « Quand je suis rentrée de vacances, le gérant m’a dit : « Repartez chez vous, ne touchez à rien. » J’ai pris une grosse claque. Moi, je me suis battue pour ce magasin, pour les clients. Je travaillais parfois 60, 80 heures par semaine, payée 1 300 euros par mois. »

Elle connaît tout le monde ici, salue, serre une main, demande des nouvelles du nouveau-né et du grand frère. « C’était l’âme de Champion », résume Catherine Liger-Heumann, l’avocate de Babette et cliente du magasin. Mohammed, vingt-neuf ans, habitant de La Source et ancien agent de sécurité du supermarché, témoigne : « Elle arrivait à créer des liens avec tout le monde, avec les Français, les Arabes, les Blacks, avec sa façon à elle de traiter les gens, de régler les petits problèmes. C’était très important pour le quartier. » « Une dame était depuis trois ans au RMI. Elle venait tous les jours au Champion, ça lui permettait de discuter, pour se remonter le moral », raconte Christiane Hauchère, du comité de soutien et militante à Lutte ouvrière.

un « licenciement injuste

Très vite, la nouvelle s’est répandue dans le quartier. Très vite, la colère est montée. La première qui a réagi est commerçante : elle a lancé une pétition contre un « licenciement injuste ». Dans la boutique d’Odette, elle est posée en évidence sur le comptoir. « Babette faisait tout pour être agréable à tout le monde. Par exemple, il y avait deux petites grands-mères qui habitaient juste derrière et qui l’attendaient à midi pour qu’elle leur ramène leurs courses chez elles. » Depuis, l’école de conduite, la librairie, la boulangerie, au final une grande majorité des commerçants, ont signé la pétition. Le gardien et la factrice ont prêté leur passe pour distribuer des tracts dans les HLM, d’autres ont fait des photocopies. La semaine dernière, à l’appel du comité de soutien, 300 personnes environ se sont rassemblées devant le supermarché.

« la solidarité n’est pas un vain mot »

« La Source, c’est un quartier populaire où beaucoup de gens se connaissent, où la solidarité n’est pas un vain mot. Cette histoire a cristallisé tout un tas de colères », explique Michel Ricoud, militant PCF et membre du comité de soutien. Christiane Hauchère : « Des femmes qui n’ont pas l’habitude de s’organiser, qui ne travaillent pas, sont allées voir le gérant... pour lui demander la pétition ! En fait, beaucoup se reconnaissent à travers le cas de Babette. Ils disent : " Le gérant, c’est un jeune cadre dynamique, ils sont tous comme ça maintenant. " »

Babette est fatiguée. Tellement de sollicitations, d’agitation, d’inquiétude aussi. Elle dit : « Heureusement, avec tout le monde qui me soutient, je tiens le coup. Je me suis fait jeter comme ça, j’ai du mal à supporter. Alors, je ne leur ferai pas de cadeau. » Elle a déposé un dossier aux prud’hommes pour obtenir des indemnités. Après, elle partira. Elle quittera la région, cherchera du travail dans le Loir-et-Cher. Elle jure aussi, dans un sourire, qu’elle ne regrette rien.

Lénaïg Bredoux

Message Publié : 29 Oct 2006, 19:33
par Sterd
("l'Humanité du 26 octobre 2006" a écrit :Article paru dans l'édition du 26 octobre 2006.
« La tradition de lutte perdure »

Le quartier de La Source, sorti de terre dans les années soixante, a préservé une forme de mixité sociale. Babette y a travaillé vingt-six ans.

Envoyée spéciale.

En arrivant depuis l’A71, le contraste est saisissant. Les premiers bâtiments ont les façades rongées par l’usure, les peintures écaillées, les volets parfois bringuebalant. Des travaux ont commencé. De petits immeubles sont abandonnés, attendant d’être démolis dans le cadre du grand projet de ville. Là, le taux de chômage dépasse les 20 %. Plus loin, la ligne de tramway, les premières boutiques, davantage d’animation et des HLM plus proprets. C’est dans cette partie « la moins pauvre » de La Source qu’est implanté le Champion dans lequel Babette a travaillé pendant vingt-six ans.

Plus de 21 000 personnes au total (soit 20 % de la population de la ville), 38 000 avec les étudiants, vivent à La Source, quartier populaire d’Orléans, créé de toutes pièces au début des années soixante, sur le modèle des villes nouvelles. Étrange, tout de même, cet espace implanté à environ 10 kilomètres du centre-ville et séparé de celui-ci par deux autres communes. Étrange, aussi, ce quartier installé autour du campus universitaire, pensé à l’américaine, en bord de la forêt de Sologne, puis autour des HLM pour les rapatriés d’Algérie, puis... : « Avec sa décentralisation en 1968, la Poste y a implanté le centre des chèques postaux : 3 000 femmes, souvent seules, sont arrivées de Paris, des logements sociaux ont été construits », raconte Christiane Hauchère, militante de Lutte ouvrière et salariée des chèques postaux depuis cette époque.

Progressivement, le quartier s’est agrandi, jusqu’à être découpé en zones bien différenciées, entre le campus, les HLM, les pavillons... Le maintien de deux grands pôles d’activité, le centre hospitalier régional et les chèques postaux, a préservé une forme de mixité sociale dans certaines parties de La Source. Dans le comité de soutien à Babette se côtoient d’ailleurs « des commerçants, des locataires, des pavillonnaires, des cadres, des ouvriers, des chômeurs, des salariés », estime Michel Ricoud (PCF).

Deuxième conséquence de cette implantation originale, la persistance d’un militantisme politique et syndical dans le quartier. Le PCF et LO sont pleinement investis dans le comité de soutien à Babette. Elle, pourtant, n’est pas organisée. « Ici, le bureau de La Poste, la crèche, tout a été obtenu par des actions, se souvient Michel Ricoud. La tradition de lutte perdure. » Même si, en fin de semaine dernière, de l’autre côté du quartier, des voitures ont brûlé...

Lénaïg Bredoux

Message Publié : 29 Oct 2006, 22:05
par meichler
À propos de la grande distribution, et parce qu'il faut toujours savoir comment fonctionne l'ennemi de classe, je signale un document sonore (qui n'apprendra peut-être rien aux camarades qui combattent courageusement dans ce secteur, mais qui sait ?) :

Les coulisses de la grande distribution (Conférence de Christian Jacquiau)

C'est un expert-comptable (d'ATTAC) qui explique bien des choses sur tout ça... et sans trop de commentaires superflus.

Message Publié : 22 Nov 2006, 19:23
par Bertrand
Dans LO de cette semaine


a écrit :Orléans La Source (Loiret) : après le licenciement pour avoir fait crédit aux clients, les habitants avec Babette ont fait caler Champion.

Le lundi 20 novembre, c'était l'audience de conciliation au tribunal des prud'hommes entre un membre de la direction de Champion et "Babette", l'employée du supermarché de la Source licenciée pour avoir consenti des crédits aux clients.

Jusque-là la direction de Champion avait fait le mort depuis la rencontre avec le comité de défense de Babette, le 13 octobre. Mais les habitants du quartier, plus de deux mois après le licenciement de Babette, sont toujours aussi mobilisés.

Une réunion dans une salle près de Champion a réuni plus de 60 personnes du quartier le lundi 13 novembre. Ce jour-là il a été décidé que trois membres du comité accompagneraient Babette au tribunal des prud'hommes et que, une fois la conciliation passée, nous appellerions à un boycott du magasin le dimanche 26 novembre à 10 heures, avec un nouveau rassemblement et une animation devant Champion.

Depuis deux mois, de nombreux habitants ont déserté le magasin. Et l'idée de toucher un peu plus Champion au portefeuille avant les fêtes en organisant un boycott le dimanche matin a fait l'unanimité.

Cette décision prouvant la mobilisation des habitants, connue sans aucun doute par la direction de Champion, l'a sans doute conduite à proposer une conciliation à Babette, qu'elle a acceptée. Le licenciement pour faute grave a été annulé et Babette a obtenu des indemnités. La direction de Champion a fait jouer la clause de confidentialité sur leur montant.

Dès lundi, France 3, présente au tribunal, et France Bleu Orléans ont passé les interviews de Babette et de son avocate ; elles ont déclaré toutes les deux que c'est grâce à la mobilisation des habitants que Babette avait fait céder Champion.

Aussi Babette et son comité ont décidé de maintenir le rassemblement prévu.

Déjà, dans le quartier, les habitants expriment leur satisfaction. Au café du centre commercial, les membres du comité venus faire un compte rendu ont rencontré des ouvriers de Pfizer. L'usine, en grève depuis quinze jours, se situe à 500 mètres du centre commercial. Autant dire que les discussions sont chaleureuses et qu'il y aura à nouveau de l'ambiance devant Champion dimanche 26 novembre.

Message Publié : 22 Nov 2006, 20:05
par meichler
Ceci peut aussi être relié avec le combat des salariés et des organisations syndicales contre le groupe "PICARD surgelés". Un salarié de base est payé 1000 € nets, et un "responsable de magasin" 1200 €. Ils réclament une augmentation de 100 € et des primes représentant environ 100 € de plus. Je n'ai pas trouvé de références dans la presse, mais ça doit pouvoir se faire.

Les travailleurs du commerce et de la grande distribution ont en face d'eux des requins avides de la haute finance. Leur combat est d'un grand courage, et tous les travailleurs doivent les soutenir. Cela commence par dire ce qui est sur l'exploitation forcenée qui règne dans ce secteur, par des groupes capitalistes qui se taillent parmi les plus gros profits de ce pays.

Message Publié : 01 Déc 2006, 18:30
par meichler
Le Monde du 1er décembre 2006 :

a écrit :
SERVICES Patronat et syndicats ont réalisé avec la médecine du travail une enquête auprès de 5 000 salariés

Distribution : la pénibilité du travail pointée du doigt


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CHIFFRES

EFFECTIFS.

642 500 salariés, en hausse de 1,5 % par rapport à 2004. Depuis 2001 les effectifs dans le maxidiscompte ont progressé de 41 %. Plus d'un salarié sur deux travaille dans un hypermarché.


CARACTÉRISTIQUES.

L'âge moyen est de 36,7 ans. 62 % des salariés sont des femmes. L'ancienneté est en moyenne de 8,8 ans.


TEMPS DE TRAVAIL.

38 % des salariés travaillent à temps partiel. Ce sont surtout des femmes (à 54 %). Globalement, la durée moyenne effective de travail est de vingt-sept heures par semaine.
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Créatrice d'emplois et grande utilisatrice de main-d'oeuvre, la grande distribution est néanmoins souvent mise en cause pour ses conditions de travail difficiles. Le Journal d'un médecin du travail (Ed. Le Cherche Midi, 173 pages, 10 euros), publié en septembre par le docteur Dorothée Ramaut, a mis récemment en cause certaines pratiques de la profession.


Le licenciement d'une caissière généreuse

Tous les démunis qu'elle avait secourus sont venus saluer " Babeth ", la caissière au grand coeur, devant les portes du supermarché Champion, dans le quartier populaire de La Source à Orléans, dimanche 26 novembre. Après vingt-six ans de présence, Elisabeth Dupart vient d'être licenciée par le supermarché pour avoir accordé des petits crédits de 10 à 30 euros à des clients dans le besoin. A la fin du mois, ces personnes nécessiteuses, des mères de famille seules avec des enfants ou des personnes âgées, remboursaient leur dette. Ce service rendu était toléré par la direction du magasin, mais, lorsqu'un nouveau gérant est arrivé à la fin de l'été, Babeth a été licenciée pour faute grave. Devant l'émotion suscitée dans le quartier, une conciliation est intervenue au tribunal des prud'hommes d'Orléans. Le licenciement pour faute grave a été commué en faute simple. Ce qui va permettre à Babeth de toucher des indemnités. " Je ne regrette pas ce que j'ai fait ", dit-elle. - (Corresp.)

[-] fermer
Préoccupée par l'absentéisme, les arrêts de travail, le turn-over, celle-ci a décidé en 2003 de mener une étude avec le concours du Centre interservices de santé et de médecine du travail en entreprise (Cisme). Il s'agit d'une démarche paritaire patronat-syndicats, dont les résultats ont été rendus publics mercredi 29 novembre.

Comme l'a rappelé, le ministre délégué à l'emploi, Gérard Larcher, présent lors de la présentation de l'étude, la situation est alarmante. Dans la grande distribution, les troubles musculo-squelettiques déclarés " ont été multipliés par 6 en dix ans, contre un facteur trois dans le régime général ", tandis que les indices de fréquence des accidents du travail " se maintiennent 20 points au-dessus de la moyenne ", relève M. Larcher.

L'étude, réalisée par 355 médecins du travail auprès de 4 800 salariés, est inédite par son ampleur. " Il existe une pénibilité physique importante, avec de grosses contraintes physiques entraînant des troubles musculo-squelettiques déclarés pour 85 % des salariés ", souligne Liliane Boitel, médecin conseil au Cisme. Chiffre d'autant plus inquiétant qu'il est en hausse significative (75 % en 1998) et qu'il concerne une population beaucoup plus jeune que la population globale.


23 % DE TEMPS PARTIEL SUBI


L'enquête insiste sur la pénibilité du travail. 85 % des salariés jugent leur travail physiquement fatigant. Ainsi 40 % des salariés interrogés déclarent dépasser les horaires normaux. La proportion est au-delà des 50 % s'agissant des magasins de maxidiscompte. Par ailleurs, plus de 30 % des salariés ne connaissent pas leur planning au moins deux semaines à l'avance. " Lorsqu'on sait qu'il s'agit majoritairement d'une population féminine et jeune, qui a souvent des enfants à charge, ce chiffre pose le problème de l'organisation de la vie familiale ", note le docteur Boitel.

A cela s'ajoutent des horaires atypiques : dans les hypermarchés, jusqu'à 80 % des salariés travaillent avant 7 heures du matin et 38 % travaillent la nuit. Un tiers des personnes ayant répondu affirment que les horaires de travail ont une incidence sur les horaires de repas.

Plus le magasin est petit, plus les salariés sont amenés à travailler à temps partiel et, dans 23 % des cas, celui-ci est subi, c'est-à-dire que les salariés préféreraient travailler plus.

Par ailleurs, l'immense majorité des salariés fait l'objet d'une pression temporelle : 80 % affirment devoir " se dépêcher pour faire leur travail ". Pourtant, seuls quatre sur dix se déclarent stressés dans leur travail, une proportion moindre que dans d'autres secteurs d'activité. L'étude insiste également sur le fait que les trois quarts des salariés disposent d'une autonomie dans l'organisation de leur travail, tandis que 70 % affirment bénéficier de l'entraide de collègues pour accomplir leur tâche.

Enfin, plus de 80 % des personnes interrogées sont satisfaites de leur travail. " Il faut relativiser ce chiffre, car il y a souvent un réflexe de déni et de protection par rapport à la réalité pour continuer à travailler dans des conditions psychologiquement acceptables ", insiste le docteur Boitel.

" Le constat n'est pas bon, il y a dans ce secteur une pression économique terrible, qui ne fait que retarder les prises de décision dans le domaine de la santé ", affirme Dejan Terglav, secrétaire fédéral FO. " Nous avons désormais une photographie précise d'une situation qui est perfectible. Nous devons maintenant mettre en place des actions pour améliorer la situation ", déclare Jérôme Bédier, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui s'engage à mener régulièrement ce type d'enquête.

Si la démarche de transparence est louable, elle évite pour le moment d'aborder la question du harcèlement moral. Quels que soient les problèmes pour enrayer le phénomène, il semble de plus en plus difficile d'éluder la question. " Nous sommes en train de réfléchir au problème, qui devrait être la priorité des enquêtes à venir ", promet M. Bédier.

Stéphane Lauer