Grève chez Bosch-Siemens

Message par gipsy » 29 Nov 2006, 23:19

Dans convergences révolutionnaires:
a écrit :Allemagne (BSH Berlin) : la routine syndicale bousculée





La grève de quatre semaines, du 25 septembre au 21 octobre, dans une entreprise de production de machines à laver de 618 salariés à Berlin-Spandau, appartenant au groupe Bosch-Siemens (BSH Bosch Siemens Hausgeräte  [1]), à défaut d’avoir été victorieuse, a illustré les difficultés (certaines surmontées, d’autres pas) auxquelles les travailleurs sont aujourd’hui confrontés. Dans le pays, les entreprises, les unes après les autres, licencient et suppriment des emplois. Les luttes contre les licenciements et les fermetures d’entreprise, si leur nombre a notoirement grandi dans l’année écoulée, sont souvent restées isolées et perdues. La grève chez BSH a rompu avec cette routine.
Une sortie de l’isolement

La direction n’en était pas à sa première menace de fermeture et délocalisation. Dès qu’elle a remis la question sur le tapis, cet été, les travailleurs (pour beaucoup des ouvriers de production originaires de Turquie) ont décidé d’engager la lutte. Et la grève a démarré, dirigée par le syndicat. Les grévistes organisèrent en particulier une « marche de solidarité » en direction d’autres entreprises touchées : d’autres sites du groupe Bosch (à Nauen dans l’ex-Allemagne de l’Est, à Dillingen), les sièges des maisons-mères de Bosch et Siemens, des sites de la « concurrence » (AEG/Electrolux à Nuremberg, Miele à Gütersloh) et d’autres sites métallurgiques (EKO-Stahl à Eisenhüttenstadt, à l’Est).

Dans de nombreuses usines, des mouvements de solidarité eurent lieu lors de la venue de ceux de BSH, sous forme d’assemblées sur le temps de travail. La « marche » devait converger le 19 octobre devant le siège de Siemens à Münich. Le coude à coude ouvrier fut suffisamment marquant pour que la direction, sous pression, tente de couper court à la contagion en cherchant un compromis... avec la bureaucratie syndicale.
La bureaucratie syndicale à la rescousse du patron

Elle s’est appuyée pour ce faire sur le Comité d’entreprise  [2] et la direction de l’IG Metall. Lors de discussions secrètes organisées avec les représentants de ces derniers dans la nuit du 18 octobre, un compromis a été passé, prévoyant le licenciement de 216 salariés de l’entreprise, un allongement du temps de travail à 40 heures par semaine et une baisse de salaire de l’ordre de 20 %, pour les 400 travailleurs restant. Soit un « cadeau » de 8,5 millions d’euros par an pour le trust BSH, qui a pourtant réalisé un bénéfice de 500 millions d’euros avant impôts en 2005.

L’entreprise devrait certes encore tourner jusqu’en 2010, mais BSH ne s’engage pas plus loin. Aucune clause contrôlable non plus concernant les indemnisations. Qui plus est, l’IG Metall s’engageait « à abandonner aussitôt toute action de protestation ou manifestation contre BSH à l’extérieur de Berlin ». Exit le rassemblement de Münich qui devait avoir lieu le lendemain !
L’envie de poursuivre, mais pas de moyens à la hauteur

L’annonce de ce compromis pourri a donné la rage aux grévistes et aux travailleurs dont ils avaient obtenu le soutien. Par vote à main levée, il a été rejeté par les grévistes à plusieurs reprises, unanimement, en assemblée générale de ceux-ci. Mais le syndicat s’est appuyé sur la loi pour organiser un « référendum » à bulletins secrets  [3]. Le rejet du compromis et la poursuite de la grève ont été votés à 67 %. Las, il en fallait légalement 75 % ! Miracle, ou tour de passe-passe de la démocratie bourgeoise allemande ! La direction de l’IG Metall déclara donc la grève terminée à partir du jour même, 20 octobre, à minuit.

Les grévistes ont d’abord décidé de poursuivre leur lutte. « L’IG Metall, c’est nous », ont dit certains. Pendant quelques heures, les bureaucrates de l’IG Metall ont perdu le contrôle de la situation. Mais ils ont finalement eu raison des grévistes en les menaçant de tous les maux en cas de poursuite d’une grève non soutenue par le syndicat, donc illégale, en particulier d’aboutir à des conditions pires encore que celles qu’il avait signées.

Tout fut bon pour saboter la grève, y compris l’organisation d’une prétendue « fête de fin de grève », préparée à la va-vite mais à laquelle des hommes politiques « de gauche », le maire social-démocrate de Berlin, Klaus Wowereit, et le dirigeant du PDS, Gregor Gysi, apportèrent leur concours ! Ladite fête resta sur l’estomac d’un bon nombre de grévistes. Le coup au moral fut plutôt dur et peu de grévistes de BSH, le lendemain samedi 21 octobre qui était jour de manifestations syndicales régionales à l’appel de la DGB, eurent le cœur de défiler à Berlin.
Des leçons à tirer

Le conflit chez BSH a montré qu’une proportion importante de travailleurs - chez Bosch ils représentaient même les deux tiers ! - n’est pas prête à accepter les compromis et les renoncements des appareils syndicaux, ni à gober les mensonges patronaux selon lesquels il faudrait licencier, allonger le temps de travail, réduire les salaires.

L’autre conclusion qu’on peut tirer, qui concerne les travailleurs et le milieu militant, dont les syndicalistes combatifs, c’est que la conduite et la poursuite d’une grève implique absolument de se préparer à la possible trahison de l’appareil syndical, c’est-à-dire à forger une direction de la grève, élue par et parmi les grévistes, et révocable par eux.

La prétendue démocratie syndicale dont se félicitent les dirigeants des appareils syndicaux, c’est en réalité les règles imposées par la bourgeoisie pour encadrer et brider les mouvements. À cette démocratie à la sauce bourgeoise, les travailleurs doivent se préparer à opposer leur propre démocratie, ouvrière : aux travailleurs en lutte et à eux seuls de décider eux-mêmes de leurs actions.

Berlin, le 15 novembre 2006

Sabine MÜLLER
gipsy
 
Message(s) : 7
Inscription : 14 Oct 2002, 14:03

Message par akira1917 » 05 Déc 2006, 14:04

Aprés le syndicalisme obligatoire de Ségolène Royal, le gouvernement Villepin souhaite lui aussi légitimer juridiquement les trahisons à venir des bureaucraties syndicales. L'efficacité de l'IG Metall, avec les lois de son coté, dans le plombage des revendications ouvrières a visiblement inspiré notre chère bourgeoisie au pouvoir

Sur le site du monde :
a écrit :Dominique de Villepin plaide pour des syndicats "les plus légitimes possible"


Sur la base d'un avis du Conseil économique et social (CES), remis mardi 5 décembre au gouvernement, le premier ministre, Dominique de Villepin, a annoncé la préparation d'un avant-projet de loi sur la représentativité des syndicats. Le CES recommande de modifier les règles de la représentativité pour l'asseoir sur les résultats des élections professionnelles.

Mardi 5 décembre, Dominique de Villepin a demandé à ses ministres de l'emploi et du travail, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher, "de travailler avec l'ensemble des organisations sociales et professionnelles" à un avant-projet, sans préciser de calendrier. "L'avis qui m'a été remis aujourd'hui propose de modifier les règles de la représentativité syndicale en actualisant l'arrêté de 1966. J'y suis personnellement favorable, car je crois que c'est la meilleure façon de renforcer la légitimité des corps intermédiaires", a-t-il déclaré.

"RÉALITÉS HISTORIQUES DU MODÈLE SOCIAL"

La représentativité syndicale est actuellement régie par un arrêté de 1966 qui confère aux cinq centrales historiques, CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC, une "présomption irréfragable de représentativité". Elles bénéficient notamment du droit à participer aux négociations interprofessionnelles. L'avis du Conseil écononomique et social, intitulé "Consolider le dialogue social" et remis mardi par son président, Jacques Dermagne, propose de fonder désormais la représentativité sur des choix exprimés par les salariés lors de consultations électorales.

"Les discussions qui s'engageront doivent permettre de régler toutes les questions qui restent ouvertes : sur quelles élections fonder la représentativité, quel seuil faut-il retenir", a ajouté le chef du gouvernement. "Ce sont des interrogations majeures sur lesquelles nous devons encore rapprocher les points de vue."

Enfin, M. de Villepin a dit avoir "bien conscience" que la question de la représentativité est un "sujet difficile, qui renvoie à des réalités historiques de notre modèle social". Il a néanmoins estimé qu'il "serait irresponsable de ne pas les adapter au temps présent". "Si nous voulons des syndicats forts, capables de représenter l'ensemble des salariés, nous avons besoin des syndicats les plus légitimes possible, et ce aux yeux de tous les Français. Ma conviction, c'est que nous pouvons désormais changer la donne et consolider la représentativité des syndicats dans notre pays", a-t-il insisté.


Face aux "corps intermédiaires", le tube de vaseline du patronat, seule la diffusion la plus large possible des principes révolutionnaires, comme le contrôle des grèves par les grèvistes eux-mêmes et le refus du compromis, permettra aux travailleurs de défendre leurs interêts contre les attaques de la bourgeoisie et la trahison des bureaucrates syndicaux.
akira1917
 
Message(s) : 0
Inscription : 19 Nov 2006, 20:50


Retour vers Dans le monde du travail

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité