Interview de Le duigou dans Rouge

Message par pelon » 17 Mai 2003, 23:02

CITATION

Entretien avec Jean-Christophe le Duigou
"Vraie négociation"

Après la FSU et l'Union syndicale G10 Solidaires, nous avons demandé à Jean-Christophe Le Duigou de préciser les positions de la CGT sur l'action.

- La CGT considère le plan Fillon inacceptable. Exigez-vous son retrait?
Jean-Christophe Le Duigou - Nous disons clairement que ce projet se traduirait par une régression sociale inacceptable sur le niveau des retraites. Dès lors, notre objectif est de faire changer les choix principaux, dans une véritable négociation qui devrait avoir lieu.

- L'hésitation de la CGT à défendre le retour aux 37,5 annuités pour tous n'indique-t-elle pas sa volonté d'aboutir à un compromis ?
J.-C. Le Duigou - Cette revendication n'a pas la vertu unificatrice que certains lui donnent. Demain, nous allons avoir des millions de salariés pour qui, ni les 40 ans ni les 37,5 années ne sont atteignables, compte tenu de leur carrière. C'est pour cela que nous estimons plus fondamental de modifier le mode d'acquisition des droits, en prenant en compte les périodes de formation, l'apprentissage, le temps partiel imposé à des centaines de milliers de femmes, pour qu'ils puissent, à 60 ans, obtenir une retraite pleine et entière. Mais nous disons aussi très clairement, y compris dans le matériel national que nous diffusons à 2,5 millions d'exemplaires, que nous sommes contre tout allongement de la durée des cotisations, pour tous les régimes.

- Comment construire le rapport de forces pour empêcher ce projet ?
J.-C. Le Duigou - Pour obtenir des garanties réelles, nous estimons qu'il faut dégager à l'horizon 2020, 90 milliards d'euros supplémentaires pour financer les retraites en phase avec l'évolution des salaires. C'est un enjeu de répartition des richesses considérable. Nous avons toujours jugé qu'il fallait un rapport de forces exceptionnel. C'est autre chose que 1995 si nous voulons gagner. Ce mouvement a été exceptionnel, mais n'a pas permis de revenir sur les mesures Balladur. Or, l'enjeu est de mettre en cause les choix de Balladur. Il faut donc un rapport de forces supérieur à 1995.

- Cela implique donc la mise en débat de la grève reconductible...
J.-C. Le Duigou - Faisons attention aux mots d'ordre qui résolvent tout. Le 13 mai, notre premier souci est d'élargir le mouvement vers le secteur privé. Qu'il y ait des secteurs qui envisagent la reconductible à partir de revendications professionnelles, je suis d'accord. Mais globalement, la priorité est d'élargir la mobilisation, pour que tout le monde se sente concerné. Et pour des manifestations très nettement au-dessus des précédentes. L'unité des salariés et l'unité syndicale, qui n'est pas simple, sont un atout. Si la division s'installe, c'est la porte ouverte pour le gouvernement. L'hypothèse d'une très grande manifestation à Paris, quelques jours avant la date du Conseil des ministres, est aussi un moyen de peser massivement. Le calendrier gouvernemental n'est pas intangible, il dépendra de la force du mouvement social.

Propos recueillis par Dominique Mezzi.

Rouge 2017 15/05/2003
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pelon
 
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