Patrice Chéreau

Message par ianovka » 03 Juil 2003, 07:19

CITATION
Patrice Chéreau, réalisateur et metteur en scène : le mouvement des intermittents est "contre-productif et suicidaire". "A chaque fois que l'on fait grève, on fait grève contre nous-mêmes. On se tire une balle dans le pied (…) Si on annule tout le Festival d'Avignon, on aura juste tué le Festival d'Avignon, et je ne vois pas en quoi cela fera avancer quoi que ce soit". Il ajoute qu'il n'est "absolument pas choqué" par l'accord sur l'assurance-chômage signé le 27 juin "Certes, il est perfectible. Mais le statut de l'intermittent est sauvé", note-t-il. "Et il y a des avancées". En outre, "je ne suis pas sûr que les gens aient très bien lu l'accord. Ni que le gouvernement fasse beaucoup d'effort pour l'expliquer. Je reçois des pétitions qui dépassent largement l'objet de la négociation. Tous s'enflamment parce qu'ils pensent avoir l'arme des festivals sous la main et ça va faire un mal effrayant". [/quote]
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Message par pelon » 03 Juil 2003, 07:27

C'est un peu la position de Arianne Mouchkine. Le pire c'est Savary devenu un membre de la gauche caviard qui s'exprime comme un beauf. On ne peut pas dire que ce sont ceux qui vivent le plus mal.
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Message par faupatronim » 03 Juil 2003, 09:35

Tant qu'on est sur les déclarations d'artistes, voici un extrait d'interview de Didier Wampas ou "De la souffrance dans le processus de création".


CITATION

Actuellement, on parle beaucoup des intermittents du spectacle.

Je comprends, mais la créativité et la musique doivent être basées sur l'envie. On a commencé par plaisir, il n'y avait pas d'argent à l'époque. En Angleterre en 77, il n'y avait pas de rapport entre les Clash, Stranglers ou Jam. Et ici entre les Wampas, Satellites et Bérurier. Il y avait de la spontanéïté.
Maintenant tous les groupes qui démarrent veulent être intermittents et font la même musique (50 groupes de ska festif par exemple, dont certains qui assurent notre première partie). Il n'y a que les Caméléons que j'aime bien.

Ca vous concerne directement ?

Jean-Mi et moi bossons, les autres sont plus dans le domaine du spectacle. La bonne musique se crée dans des conditions difficiles. Les meilleurs groupes anglais sont apparus sous Thatcher. Avec Bush, il y a également une émergence de bons groupes. L'art et les subventions, ça ne va pas très bien ensemble.
[/quote]

La source ici
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Message par ianovka » 08 Juil 2003, 08:54

Et maintenant Bartabas (article du Figaro) :

CITATION
Bartabas : en avant, joue !

 
«J'vous préviens, j'suis un peu énervé !» Cela va-t-il mieux en le disant ? Une colère de Jupiter, c'est pas mal. Il n'était pas descendu de l'Olympe, mais avait simplement parcouru les dix et quelques kilomètres qui séparent sa roulotte verte et rouge de la petite arrière-cour qui, au cloître Saint-Louis, sert d'espace aux conférences de presse.


Bernard Faivre d'Arcier, pourtant sincèrement inquiet (voir nos éditions d'hier), avait décidé de tenir le calendrier initialement prévu des présen tations de spectacles. Premiers invités à s'exprimer, Bartabas et Alain Platel. Tous deux sont des habitués des Papes, tous deux sont là avec des productions déjà créées et un peu exploitées. Loungta, les chevaux de vent pour Bartabas qui a joué en juin au festival Tchekhov de Moscou, Wolf pour Alain Platel qui a présenté cette pièce avec musique de Mozart, danse, paroles et meute de chiens à la RuhrTriennale dirigée par Gérard Mortier. Le premier est sous structure dure à Châteaublanc, l'autre est dans la cour d'Honneur. Inutile de dire qu'il y a du boulot pour transposer les spectacles.


A la droite de Bernard Faivre d'Arcier, tout de noir vêtu, mince comme lame, un bouquin trop lu de la «Blanche» de Gallimard posé devant lui et l'oeil plein d'éclairs, Bartabas le dit en substance : «Ce qu'il y a à dire de cet accord, tout le monde le sait : est-il bon ? non ! pourrait-il être pire ? oui ! Intermittents, à Zingaro, nous l'avons toujours été et nous le sommes tous aujourd'hui encore, même moi ! Nous sommes peut-être la compagnie la plus importante d'Europe et vivons à 90% de nos recettes propres. Ce qui est exceptionnel. Les subventions ne représentent que 10%... allons, mettons 15% de notre chiffre d'affaires. Et, sans le statut d'intermittent, Zingaro n'existerait plus...»


Il sait de quoi il parle. Et il suit la logique de son raisonnement. «La grève ! La grève ! Cela ne veut rien dire pour nous. Un cheval n'est ni un accessoire ni un instrument de musique. Il faut le travailler, qu'il y ait représentation ou non – et j'irais même plus loin, il faut d'autant plus le travailler qu'il n'y a pas de représentation...»


Mais il est aussi conscient du fait que, outre les problèmes financiers qu'un empêchement à jouer entraînerait, le public est là qui a déjà acheté 22 000 places rien que pour Zingaro, soit les quinze représentations de Châteaublanc déjà à guichets fermés et un pourcentage non négligeable de la billetterie d'ensemble du festival 2003. «Et je n'évoque pas la cour d'Honneur qui fait 2 000 places de plus pour la soirée unique du 21 juillet !», dit Bartabas sous l'autorité bienveillante de son administrateur, Gérard Deniaux.


Fragile. Pour internationalement reconnu qu'il soit, Zingaro est fragile, martèle Bartabas. «Il y a quelques mois, nous avons dû annuler une tournée au Japon pour des raisons vétérinaires (il y avait là-bas la fièvre aphteuse, NDLR). Cela représentait, en comptant les voyages et les installations, plus de quatre mois de travail. Cela nous a coûté 2 millions. Qui auraient pu représenter 4 millions si nous étions des salariés ordinaires.»


Voilà. Il enfonce le clou. L'intermittence, Zingaro en a besoin. Mais il y a des raisons supérieures. «Ce qui m'a énervé dans certains des comportements que j'ai pu observer ces jours-ci, c'est l'oubli, pour ne pas dire le mépris absolu, du public. Or, je le sais, Zingaro n'existe pas sans son public, un public que nous avons mis vingt ans à construire et qui est pour nous sacré. Des spectacles, des spectacles à succès, y en a : Johnny Hallyday, Star Academy... Mais des spectacles qui n'existeraient pas tels qu'ils le sont sans une relation très particulière avec le public, ce sont les nôtres.»


Et, avec une véhémence sans violence, une conviction profonde, Bartabas de poursuivre : «Un artiste n'est pas un ouvrier du divertissement qui compte ses heures. Un artiste se consume au feu de sa passion. Un artiste est hors la loi.» Hors la loi des menaces syndicales aussi : «J'envoie chier tous les gens de la CGT. Nous n'avons pas besoin d'eux, nous n'avons jamais eu besoin d'eux !» Et de leur conseiller de s'occuper des «travailleurs de variété» en lançant la profession de foi du rebelle, du rétif : «cette loi ne me concerne pas !» – entendez, le protocole, on s'y fera, n'exagérons pas les prévisions catas trophiques. Et d'ajouter. «A Zingaro, on joue, on répète, on n'a jamais annulé sauf en cas de force majeure si les conditions météo menaçaient un chapiteau. Mais d'Aligre à Zingaro, nous avons toujours répondu aux attentes du public. Et ce n'est pas aujourd'hui que ça changera.»

Bref, on savait hier matin qu'il ne voterait pas la grève et qu'il était à deux doigts de jouer aujourd'hui, 8 juillet, malgré intermittents et interluttants que les avancées proposées par Jean-Jacques Aillagon n'ont pas décrispés. «Prenez garde à une chose», a lancé le maître cavalier de Zingaro, «dans la région Paca, le FN attend son heure».

Comme elle le fait à Aubervilliers, à Châteaublanc, la troupe travaille loin du tumulte. Quarante-cinq personnes, vingt-six chevaux et un âne, trente oies. Treize semi-remorques, trois camions pour les chevaux dont ces creolos argentins qui sont quatorze ongres à suivre en liberté l'unique Lolita, clochette autour du cou. Jamais en boxes ces chevaux-là. Des êtres libres. Au pré dans le crin-crin des cigales, à proximité du bâtiment immense sous lequel s'enroulent les roulottes, encerclant les gradins et la piste d'où provient, étrange, le chant guttural des moines tibétains de Gyuto qui s'exercent, indifférents aux folies lointaines de la rue avignonnaise.

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Message par faupatronim » 08 Juil 2003, 09:14

CITATION (La Dépêche du Midi @ 07/07/2003)
CULTURE
Carcassonne : insultes, invectives et bronca au festival


Incidents, insultes, invectives : ce qui s'est produit samedi soir au Grand Théâtre de la Cité est sans précédent dans l'histoire du festival de Carcassonne. Organisateurs et représentants des intermittents s'étaient entendus pour une prise de parole, en début de spectacle, expliquant les revendications des artistes et techniciens menacés de disparition, et une sortie dans le calme pour que le spectacle puisse se dérouler. Mais, une fois entrés dans l'enceinte du Grand Théâtre, les intermittents n'ont plus quitté la scène, empêchant la tenue de « La Belle et la toute petite Bête », de Jérôme Savary. L'engagement n'a pas été tenu, ce qu'ont reconnu volontiers les intermittents auprès de la direction du festival qui ne décolère pas.

Les manifestants cherchaient en fait à empêcher Jérôme savary de jouer, lui qui avait dit quelques jours auparavant que la mort inéluctable des intermittents était une bonne chose. Il les a insultés et provoqués devant le public alors que les intermittents étaient allongés sur la scène : « Vous êtes morts. Vous êtes nuls. Votre action ne changera rien à mon train de vie. Jamais vous ne travaillerez pour moi, vous n'êtes pas des artistes ». En toute démagogie, au lieu de chercher l'apaisement, il a donné le micro à une gentille petite fille qui les a imploré de se retirer. Le public, d'abord compréhensif, est devenu carrément hostile aux intermittents hurlant « Dehors » « Remboursez ». Le spectacle n'a pas eu lieu (Pour le remboursement des billets, renvoyez les au point de vente où vous les avez achetés ou appelez au O4 .68 .115 .915). Hier soir, l'accès au château comtal était interdit à une troupe solidaire des intermittents qui devait s'y produire.

La suite du festival de Carcassonne ne serait pas menacée mais la tension très vive samedi soir pourrait contrarier le programme.

NOUVELLES ANNULATIONS

D'autres festivals dans la région sont en revanche annulés. Ainsi le Festival de Pau et les scènes estivales d'Albi qui devaient se tenir jusqu'au 12 juillet ne reprendront pas. Les Estivales de Perpignan en revanche sont maintenues avec un service d'ordre renforcé de même que le festival de Gavarnie.

Plusieurs festivals sont dans l'incertitude, à commencer par le plus prestigieux, celui d'Avignon dont l'ouverture est fixée à demain.

En suspens aussi le festival de Radio-France Montpellier (musique classique) qui doit commencer mercredi soir et les Francofolies de la Rochelle (chanson) prévues du 11 au 16 juillet.
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