par Louis » 08 Juil 2003, 22:38
Par Julien Prétot
- Des milliers d'intermittents du spectacle et de sympathisants du mouvement ont manifesté mardi à Paris sur fond de vaines négociations au siège du Medef.
Derrière des banderoles qui proclamaient notamment "Culture, no future", les intermittents, qui contestent l'accord du 26 juin réformant leur régime d'assurance-chômage, ont quitté la place de la République vers 17h15 et se sont dirigés vers Matignon.
"Raffarin, nous voilà !", crachait, sur l'air de "Maréchal, nous voilà !", un haut-parleur de la CGT qui, comme FO, a refusé en fin d'après-midi de parapher l'avenant à l'accord du 26 juin.
Trois organisations syndicales (CFD, CGC et CFTC) ont signé en revanche cet avenant.
"Faudrait essayer de foutre le souk à l'Olympia", dit avec le sourire un manifestant devant le théâtre Dejazet avant le départ du cortège.
Mais l'ambiance n'est pas vraiment à la rigolade ni à la fête, malgré la musique brésilienne.
Clothilde Boaïen, 24 ans, nez noir de clown, le porte sur elle: "Aillagon m'a tuer."
"Je ne suis pas pour le retrait total de l'accord", dit-elle à Reuters. "Je comprends les gens qui veulent voir leur spectacle, mais nous luttons pour l'avenir.
"ACHETER DES HEURES"
"Il me faut parfois plus de 12 mois pour faire mes 507 heures", explique-t-elle.
Derrière elle, plusieurs banderoles s'en prennent au ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, ou au Medef, dont le patron Ernest-Antoine Seillière a eu des mots très durs dans la matinée à l'égard des intermittents.
"Ne nous Fillon pas à Aillagon", peut-on lire.
François Devin, 36 ans, est chef opérateur du son et travaille assez pour ne pas être exclu du régime d'assurance-chômage des artistes et techniciens du spectacle.
"Mais je suis là pour que les abus soient dénoncés", dit-il.
"Avec l'accord du 26 juin, on risque de tomber dans un système où on va acheter des heures. On s'arrange avec un producteur, on bosse gratos et il nous déclare des heures; en fait, on achète les charges."
Son épouse, qui porte un t-shirt floqué d'un "Non au diktat du Medef", est là pour le soutenir.
Alors qu'un représentant de la CGT annonce que les intermittents des téléfilms populaires "Julie Lescaut", "Avocats et Associés" et "Joséphine, ange gardien" sont en grève, Marie-Hélène Marsan, 60 ans et militante à Attac, résume:
"Seillière se décharge sur les autres. Il inculpe les syndicats, les employeurs et les intermittents. C'est un état d'esprit très grave."