Artistes sympas

Message par faupatronim » 10 Juil 2003, 14:11

CITATION (L'Humanité @ 10/07/2003)

Philippe Caubère : la grève est cruelle, mais importante




Vous avez annulé votre propre spectacle Recouvre-le de lumière, qui devait être donné vendredi à Carcassonne. Pourquoi ?

Philippe Caubère. Je suis totalement solidaire du mouvement des intermittents. Ce texte sur l'assurance chômage doit être rediscuté. Malheureusement, il semble que, les jours passant, cette issue s'éloigne. La seule chance qui reste, et encore n'est-ce pas sûr du tout, c'est de marquer cette envie, ce souhait, par quelque chose de très fort et qui marque les esprits. Cette grève est inédite, elle est cruelle, mais importante. Elle a des conséquences économiques et surtout morales énormes. Elle met soudain au jour l'importance de ce qu'on appelle les intermittents dans la vie sociale et économique du pays, en tout cas l'été. Moi, je n'aime pas le terme d'intermittent, je préfère celui de comédien. Nous sommes des artistes, des saltimbanques. Mais il y a bon nombre d'années que toute une industrie s'est bâtie autour de l'activité des intermittents, et on s'aperçoit qu'ils sont méprisés.

Vous situez-vous carrément du côté des intermittents, en dépit des critiques qui ont été faites au mouvement par des artistes, des responsables, comme Chéreau, Mouchkine ou Bartabas, dont vous pouvez vous sentir proches ?

Philippe Caubère. Je ne suis pas du côté des intermittents, je suis un intermittent. Je suis un intermittent ayant décidé que, tant qu'il travaillait, il n'aurait pas recours aux droits que me donne ce système. Je passe des mois et des mois à préparer mes spectacles. Je suis donc intermittent, de fait, comme tous les camarades avec qui je travaille. Les réactions des artistes empêchés de jouer, je les comprends, d'autant plus que j'en suis un également. Quand Bartabas ou Ariane Mouchkine disent qu'il faut jouer, sachant qu'ils ont 60 personnes à charge, que le festival est une chose extrêmement importante pour leur existence, je respecte profondément leur réaction. C'est là où la situation où nous met le gouvernement est atroce, dégueulasse. Jean-Michel Ribes l'a dit l'autre jour à la télévision : c'est le choix de Sophie, se suicider ou tuer. C'est absolument effrayant. Le pire, c'est que le porte-parole du gouvernement soit maintenant le baron Ernest-Antoine Seillière. C'est à lui qu'on confie le soin de répondre aux artistes, aux comédiens, aux techniciens, aux musiciens de ce pays qui s'appelle la France, puisque le gouvernement a déclaré que ce n'était plus son problème. Et voilà cet homme du XVIIe siècle qui profère des appels à la guerre civile et qui reprend à son compte le fameux cri de la reine : " Ils veulent du pain ? Donnez-leur de la brioche ! " Comment peut-on, encore à notre époque, dire que des comédiens, des musiciens, des techniciens qui se mettent en grève sont une bande de dépenaillés, grassement indemnisés, manipulés par un syndicat ou par quelques gauchistes cachés parmi eux ? Jusqu'à présent, que je sache, il n'y a eu aucune action vraiment violente, hormis celle d'empêcher certains spectacles.

Pour la suite, quelle va être votre attitude ?

Philippe Caubère. Je fais grève ce vendredi, mais j'ai bien l'intention de jouer mon spectacle dans les prochains festivals où il est programmé. Je fais grève parce qu'il faut marquer le coup, mais j'espère encore que, d'ici une semaine, cela puisse s'arranger. Je n'ai pas envie de trop épiloguer, parce que ma position est finalement très triste. Dans ma vie, j'aurais fait grève deux fois, la première en 1983 contre Jack Lang, un homme que je respecte beaucoup, mais qui portait déjà atteinte au régime des intermittents, la seconde aujourd'hui. Il faut absolument renégocier ce texte. Déjà pour empêcher les télévisions publiques d'avoir fait ce qu'elles ont fait, d'avoir dévoyé ces statuts, d'avoir industrialisé cette indemnisation. Le truandage des ASSEDIC ne vient pas des techniciens et des comédiens, il vient des employeurs. Je ne l'avais pas bien compris moi-même. Le plus incroyable, c'est qu'avec ce nouveau régime on va encourager les productions à aller encore plus loin dans ce sens-là, tandis qu'on mettra sur le carreau 50 % de gens qui, eux, ne vivent que de cela et dont le pays a besoin.

Propos recueillis par Charles Silvestre


Philippe Caubère participera le vendredi 18 juillet, à 16 h 30, à Avignon, au cinéma Utopia La Manutention, à la présentation du film Aragon, le communiste, le fou, de Bernard Dartigues, sous l'égide des Amis de l'Humanité.
[/quote]
faupatronim
 
Message(s) : 0
Inscription : 30 Oct 2002, 18:00

Message par Louis » 10 Juil 2003, 14:16

il me semble me souvenir que ce caubère est légerement de gauche...
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Message par faupatronim » 10 Juil 2003, 14:23

CITATION (LouisChristianRené @ jeudi 10 juillet 2003, 16:16)
il me semble me souvenir que ce caubère est légerement de gauche...[/quote]
Tu crois vraiment ? Diantre... je me disais aussi, un gars qui aime Jack Lang...
faupatronim
 
Message(s) : 0
Inscription : 30 Oct 2002, 18:00

Message par Louis » 10 Juil 2003, 16:02

personne n'est parfait...
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33


Retour vers Dans le monde du travail

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité