(AFP a écrit :Michelin: trois cadres de Kléber retenus par des ouvriers à Toul
TOUL (AFP) - Les ouvriers de l'usine Kléber de Toul (Meurthe-et-Moselle), que la maison-mère Michelin fermera en 2009 avec 826 postes supprimés, retiennent depuis jeudi matin trois cadres de l'entreprise, a-t-on appris de source syndicale.
"Ce matin, il y eu une réunion. Des camarades ont posé des questions. Ils n'étaient pas contents des réponses. Alors ils les ont coincés dans une salle", a indiqué Pierre Kovalski, délégué syndical central CGT.
Le directeur des ressources humaines de Kléber, le chef du personnel de l'usine de Toul et un troisième cadre sont retenus depuis 11h00 dans une salle de réunion gardée par des salariés, a déclaré un représentant CGT.
"Face à cette situation illégale, nous essayons de maintenir un contact avec les organisations syndicales pour revenir à une situation normale et permettre la finalisation de la discussion" sur le plan social, a réagi une porte-parole de Michelin, sans autre commentaire.
Selon le directeur de cabinet du préfet de Meurthe-et-Moselle, la direction de Michelin "n'a pas saisi le parquet" pour faire évacuer les cadres.
"Le personnel demande des explications après la réunion de (mercredi) sur les mesures d'accompagnement. Les gens tournent pour poser des questions concrètes. Mais ils sont muets comme des carpes", a raconté Guy Pernin, responsable CGT de Kléber-Toul.
Les trois cadres ne sont toutefois "pas séquestrés", a souligné M. Pernin, ajoutant qu'ils "n'avaient pas demandé à sortir".
L'usine est bloquée depuis mercredi soir, un feu de pneus étant alimenté de manière continue devant les portes du site, où se tenait à 20h30 une soixantaine de personnes.
Les salariés souhaitant travailler pouvaient entrer, alors que les voitures de cadres n'étaient pas autorisées à sortir, a constaté l'AFP.
"De toute façon, il n'y a rien à faire. La production est quasiment arrêtée", ont déclaré des salariés.
Michelin a annoncé en octobre 2007 son intention de fermer le site de Toul en 2009. Le groupe a fait savoir en décembre qu'il consacrerait 130 millions d'euros à sa restructuration, volet social inclus.
"Ce que nous souhaitons, c'est le maintien de l'usine. Avec 60 millions d'euros d'investissement, elle serait rentable. Et tout le monde garderait son emploi. On ferait même gagner 70 millions à Michelin", a commenté Philippe Constant, responsable CGT.
"Michelin a promis un plan social innovant. L'innovation principale, c'est qu'ils ne nous donnent rien", a regretté Brigitte Jacquet, assistante qualité du site, chez Kléber depuis 26 ans.
Mardi, le groupe a dévoilé un projet conjoint d'ouverture, avec Suez, d'un nouveau centre industriel sur ce même site, consacré à la "valorisation de produits en fin de vie" (déchets de pneumatiques) et à la recherche et à la formation sur "la valorisation des matières premières".
Ces nouvelles activités devraient générer "plusieurs centaines d'emplois" à l'horizon 2011, selon Michelin (300 à 400 selon une source proche du dossier).
Michelin entend créer 900 emplois d'ici cinq ans dans la région de Toul.