Révolte contre les suppressions de postes

Message par Ottokar » 27 Mars 2008, 15:28

Dans le Monde de ce jour, un article et la une sur les lycéens et les profs en révolte contre les mesures d'austérité et les suppressions de poste. A signaler aussi plusieurs articles et une double page dans Lutte Ouvrière, mais vous l'avez sûrement déjà lue !
a écrit :Education : les lycées de banlieue lancent la contestation

Une affiche accrochée à la grille d'entrée invitant les lycéens à " éviter les rassemblements ", la ronde régulière de voitures de police : aux abords du lycée Eugène-Delacroix à Drancy (Seine-Saint-Denis) il n'y avait, mercredi 26 mars au matin, pratiquement plus de signes des tensions des jours précédents. A deux reprises, " Delacroix " avait été la cible d'intrusions de lycéens venus de Bobigny pour pousser leurs camarades à bloquer leur établissement et à manifester, à la fois contre les suppressions de postes prévues à la rentrée 2008 et la réforme du bac professionnel. Ce dérapage isolé s'est greffé sur la grogne des enseignants, qui s'étend, surtout en Ile-de-France. Cet établissement, qui compte 1 700 élèves, devrait perdre l'année prochaine deux postes. Un moindre mal qui rend la mobilisation dans ce lycée " un peu difficile ", reconnaît Cédric Benyounès-Maynard, professeur de sciences physiques, en poste depuis dix ans.
a écrit :RÉFÉRENCES : EFFECTIFS.

L'éducation nationale emploie 1 134 792 agents (France métropolitaine et outre-mer) dont 848 835 enseignants du secteur public.

SUPPRESSION DE POSTES.

A la rentrée 2008, 11 200 postes devraient être supprimés, dont 8 830 dans les collèges et lycées. Selon le syndicat majoritaire du second degré, Snes-FSU, plus de 30 000 emplois d'enseignants auraient disparu entre 2003 et 2008.

L'académie de Créteil, qui couvre le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne, scolarise environ 850 000 élèves, dont 384 000 dans les collèges et lycées.

Initialement 637 suppressions dans le second degré (collèges et lycées) avaient été annoncées.

DÉPARTS : 14 000 sont prévus en 2007 dans le premier degré et 18 000 dans le second degré.

12 000 postes d'enseignants du premier degré et 10 000 postes dans le second ont été ouverts au concours en 2007.

5 000 postes (premier et second degré) ont été supprimés à la rentrée 2007.


" NUIT CITOYENNE FESTIVE "

A quelques kilomètres de là, au lycée professionnel Alfred-Costes à Bobigny, l'ambiance est plus morose. Depuis quatre semaines, cet établissement de 600 élèves se bat contre la suppression annoncée de 10 postes sur 69. Les quelques débordements des jours passés font craindre à Jean-Christophe Daveiga, professeur d'arts graphiques, " une récupération négative " de la mobilisation lycéenne. " Certains élèves s'enferment dans leur propre caricature de "sauvageons", mais la grande majorité ne sont pas sur cette ligne. Depuis un mois, ils ont vu les enseignants se mobiliser et pris conscience qu'avec moins de postes, on ne pourra plus offrir la même qualité. " Pour aller à l'encontre des clichés et " positiver " la mobilisation, les parents d'élèves et les enseignants ont prévu, jeudi soir, d'organiser une " nuit citoyenne festive ".

Comme à Alfred-Costes, beaucoup d'établissements de banlieue cherchent à se faire entendre par tous les moyens. Une intersyndicale, comprenant principalement la FSU, FO, la CGT et SUD a appelé les enseignants à faire grève jeudi 27 mars dans l'académie de Créteil. Quant aux organisations lycéennes, la FIDL et l'UNL, elles ont toutes deux appelé les lycéens à manifester jeudi à Paris et dans les grandes villes. Blocages, rassemblements devant les inspections académiques, occupations nocturnes... la grogne prend des formes diverses et tourne selon les jours, établissement par établissement, rendant difficile la juste mesure de la mobilisation. Au rectorat de Créteil, on assure que le mouvement des enseignants et des lycéens est " en nette diminution " malgré " une radicalisation dans certains endroits ". Les services académiques dénombraient mercredi soir " une dizaine d'établissements perturbés ou bloqués " contre " 45 il y a une semaine ". En dépit de cette sérénité de façade, l'évolution de ces mobilisations locales est surveillée de près par le ministère de l'éducation.

" Chaque année, les syndicats nous disent qu'on ne peut pas aller plus loin dans les économies, que cette fois, l'os est atteint... ", remarque l'entourage du ministre de l'éducation, Xavier Darcos, pour souligner que la politique consistant à " réduire la voilure " budgétaire se heurtera à ce type de protestations. Pour autant, M. Darcos reste dans une position compliquée : très au fait de la réalité des tensions subies par le monde enseignant, il ne souhaite pas, à l'heure des débats internes au gouvernement sur les arbitrages budgétaires pour 2009, donner le sentiment que la chasse aux postes est indéfiniment ouverte dans l'éducation. " La question de la suppression de postes en 2009 n'est pas tranchée ", déclarait-il le 20 mars 2008 à l'occasion d'un " chat " sur le site du Monde. S'il se montre confiant sur le bac professionnel en trois ans, une réforme soutenue par le syndicat majoritaire dans les lycées professionnels, M. Darcos semble avoir renvoyé à des jours meilleurs ses projets concernant le bac général : il n'y a " aucun projet de fusion ou de refonte des filières du lycée ", assurait-il lors du même " chat ".

Luc Cédelle et Catherine Rollot
Ottokar
 
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Message par Gaby » 27 Mars 2008, 15:49

J'espère que les profs vont vraiment se lancer dans la bagarre, car s'ils comptent sur les lycéens, ceux-ci vont également se sentir désemparés avec les écarts de mobilisations entre les bahuts qui sont chauds et ceux qui n'ont aucun écho... Si les grognes ne se centralisent pas sur des manifestations massives et restent à des actions très locales devant chaque académie... ou encore à faire des occupations nocturnes... on n'est pas rendu...

Vivement les chiffres de cet après-midi, même si les infos n'ont pas toujours bien circulé.

Tract sur la mobilisation...
Gaby
 
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Message par Ottokar » 27 Mars 2008, 16:01

par ailleurs -mais ce n'est pas une mobilisation- je remarque qu'Arlette a signé cet appel publié dans le Monde lui aussi :
a écrit :Ecole, halte à la pénurie !
La baisse des recrutements de professeurs dégrade la qualité de l'enseignement

Le nombre de postes ouverts aux concours de l'enseignement secondaire en 2008 a été officiellement annoncé, il y a trois mois. La tendance des dernières années se confirme à nouveau : le nombre de postes offerts diminue fortement. Par rapport à 2007, la baisse est de 15 % dans l'enseignement général (1 176 postes en moins aux agrégations, Capes et Capeps) et de 11 % dans l'enseignement professionnel (182 postes en moins aux Capet et Caplp). Les chiffres de 2008 sont encore plus accablants si l'on regarde l'effet à long terme des baisses successives : depuis 2002, la diminution est de 46 % (5 608 postes en moins) pour les concours de l'enseignement général et de 63 % (2 565 postes en moins) pour ceux de l'enseignement professionnel.

Le gouvernement actuel, comme d'autres avant lui, se flatte de vouloir faire de la maîtrise du français, du calcul et l'apprentissage d'une langue étrangère les priorités de l'école. Or ces disciplines sont loin d'être épargnées par la diminution des recrutements. En lettres (modernes et classiques) dans l'enseignement général, la baisse du nombre de postes mis aux concours est de 46 % (863 postes en moins aux agrégations et Capes) entre 2002 et 2008. Dans l'enseignement professionnel (bivalence lettres et histoire), la baisse est de 52 % (227 postes).

En mathématiques, sur la même période, le nombre de postes offerts diminue dans l'enseignement général de 27 % (387 postes), et dans l'enseignement professionnel (bivalence mathématiques et physique) de 58 % (268 postes). En anglais, les baisses obtenues sont de 30 % (459 postes) dans l'enseignement général et de 80 % (282 postes) dans l'enseignement professionnel (bivalence anglais-lettres). Il paraît donc osé de présenter ces trois matières comme des priorités. Les autres disciplines subissent le même sort, avec des baisses de l'ordre de 40 %. Quant aux personnels non enseignants (surveillants, médecins, Iatoss, par exemple), nécessaires au bon fonctionnement des établissements scolaires, ils ont connu des réductions d'effectifs aussi drastiques.

Appartenant à des familles politiques variées, exerçant des métiers différents, nous nous alarmons aujourd'hui publiquement devant la gravité de la situation. Ce mouvement à marche forcée ne nous paraît pas compatible avec l'obtention d'un haut niveau d'instruction pour tous, une priorité pourtant affichée. Peut-on en toute bonne foi prétendre à un enseignement de qualité quand les disciplines enseignées disparaissent les unes après les autres ? Peut-on raisonnablement dire que l'on veut favoriser l'apprentissage des langues étrangères quand les groupes dépassent souvent trente-cinq élèves ? Prétendra-t-on enrayer la désaffection pour les sciences quand la taille des groupes de travaux pratiques rend difficile toute manipulation par les élèves ?

La réduction du nombre de fonctionnaires comme horizon indépassable de toute politique est un choix, pas une nécessité. Affirmer le contraire serait mensonger.

Ce choix, dans l'éducation, n'est pas compatible avec l'existence d'un enseignement public de qualité. Nous voulons que chacun prenne conscience qu'il ne subsistera bientôt plus qu'un enseignement public délivrant une instruction minimaliste, dans les contenus et dans les horaires, et se déroulant dans des conditions peu favorables à l'apprentissage des savoirs. La promotion sociale par l'école, et la formation de citoyens éclairés n'en seront plus les objectifs. Pour que l'éducation nationale remplisse ces missions, il faut lui en donner les moyens.

Il appartient à chacun de faire son choix en conscience : veut-on que tout le monde bénéficie gratuitement dans les écoles publiques d'un enseignement d'excellence, ou bien accepte-t-on que cet enseignement ne profite qu'à ceux qui auront les moyens de se le payer dans les écoles privées ? Nous souhaitons que chacun pèse les conséquences à long terme des choix politiques actuels. Il s'agit maintenant de savoir quelle école nous voulons pour nous et nos enfants.

Bernard Calabuig,
membre de l'exécutif national du PCF ;

David Cormand,
membre du collège exécutif des Verts ;

Hervé Gayvallet,

Arlette Laguiller,
porte-parole de Lutte ouvrière ;


Jean-Luc Mélenchon,
sénateur socialiste de l'Essonne, ancien ministre de l'enseignement professionnel ;

Cédric Mulet-Marquis,
agrégé préparateur à l'ENS Lyon ;
..........
Ottokar
 
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