Grève de salariés sans papiers

Message par malaka » 15 Avr 2008, 09:51

(Le Monde | 15.04.08 | 09h48 • Mis à jour le 15.04.08 | 10h15 a écrit : Mardi 15 avril, à 8 heures, une centaine de travailleurs sans papiers ont investi le siège de l'organisme de formation des entreprises de nettoyage Faf Propreté, à Villejuif (Val-de-Marne). Au même moment, une vingtaine d'ouvriers en situation irrégulière occupaient un chantier dans le 13e arrondissement de Paris. Dans l'Essonne, à Wissous, une quinzaine de salariés sans titre de séjour manifestaient sur leur lieu de travail, une filiale de Veolia propreté. A 9 heures, une quarantaine de salariés de Millenium, société de nettoyage industriel, occupaient eux aussi leur entreprise, située à Igny, toujours dans l'Essonne. A Paris, un peu plus tard, vingt cuisiniers de la chaîne de restaurant Chez Papa, dans le 10e arrondissement, et huit autres de Pizza Marzano, dans le 9e, devaient occuper leurs établissements. Près de 300 travailleurs sans titre de séjour se sont mis en grève illimitée, le même jour, dans cinq départements de l'Ile-de-France, occupant le siège de plus d'une dizaine d'entreprises. Un mouvement qui a été organisé et coordonné par laCGT.

Africains pour la plupart, les salariés ont tous un contrat, mais ils ont été embauchés en présentant de faux papiers. D'autres viennent d'être licenciés quand leurs patrons ont "découvert" qu'ils n'étaient pas en règle. Tous cotisent, possèdent une carte Vitale, une feuille d'imposition, mais pas de titre de séjour. "C'est pour cela qu'on fait grève", scande Ousmane Kane, 30 ans, un des cinq grévistes du magasin Casa Nova en Seine-Saint-Denis.

L'opération est préparée depuis des mois par Raymond Chauveau, secrétaire général depuis deux ans de la CGT à Massy (Essonne). Il a l'expérience des grèves de sans-papiers pour avoir mené avec succès celles de la blanchisserie Modeluxe, en octobre 2006, 22 régularisations, et du restaurant Buffalo Grill, en juillet 2007, avec 22 autres régularisations. Enfin, en février, sept cuisiniers du restaurant parisien La Grande Armée ont obtenu aussi des papiers après une grève avec occupation. A chaque fois, les travailleurs en situation irrégulière en ont profité pour dénoncer des conditions de travail intolérables.

"ÇA CRAQUE DE PARTOUT"

"Notre seule arme, c'est la parole, explique Kouma Bakar, 37 ans. Nous sommes de véritables esclaves. Nous ne voulons pas voler pour manger, mais vivre à la sueur de notre front." Les grévistes veulent retrouver leur "dignité" avec un slogan : "On bosse ici, on vit ici, on reste ici." Pour Francine Blanche, secrétaire confédérale de laCGT, "notre action a pour but de montrer qu'une bonne partie de l'économie de larégion repose sur des employés sur exploités".

La plupart de ces sans-papiers ont découvert à "la télé" qu'une grève peut conduire à une régularisation. "Pourquoi pas nous?", explique Issaga Traoré, 39 ans, cuisinier au restaurant Chez Papa. Ils ont donc décidé de rejoindre la CGT. A Massy, plus de 600 sans-papiers ont maintenant leur carte. Ils étaient 400en février.

Près de 150 bénévoles et militants ont été mobilisés pour encadrer les "camarades". "C'est le bon moment, se félicite M.Chauveau. Ça craque de partout. Les patrons demandent même qu'on régularise les travailleurs." Et les Africains osent désormais se montrer. "Je ne veux plus vivre en cachette", martèle Mamoudou Sissoko. "Ils en ont marre de leur situation", assure M. Chauveau.

Le but de cette opération, c'est la régularisation de "tous les travailleurs sans papiers". La CGT veut traiter directement avec Brice Hortefeux, ministre de l'immigration, et Xavier Bertrand, ministre du travail. La consigne est claire : pas de négociations avec les préfectures.

L'action se prépare depuis le début de l'année. Rien n'a filtré. Pas un mot sur l'opération n'a été prononcé via un téléphone portable, au cas où la police écouterait les conversations. Il fallait éviter à tout prix les fuites. Quelques travailleurs sans-papiers seulement ont été dans la confidence et ont pu assister aux réunions préparatoires.

Lundi 14 avril, à la veille de la grève, un SMS collectif leur a été envoyé avec un lieu de rendez-vous et une heure précise. "C'est une organisation à la française, l'heure c'est l'heure", insiste M.Chauveau. Il faut se munir de sa brosse à dents, de son téléphone cellulaire avec des recharges, de sa carte CGT… Et ne pas oublier les preuves, celles qui attestent que le patron savait qu'il employait un sans-papiers. "Moi j'ai des fiches de paie avec deux numéros de sécurité sociale", lance l'un d'eux. M. Chauveau sourit : "Très bien, amène."

Mustapha Kessous

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malaka
 
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Message par akira1917 » 02 Mai 2008, 20:04

sur libération.fr

a écrit :La CGT a pris en otage le mouvement. Nous, on prend en otage la bourse
du travail!» Devant le bâtiment rue Charlot à Paris, Sissoko s'emporte
face à un agent de sécurité. «Je suis rage de colère», dit-il. A
l'intérieur, des groupes de sans-papiers ont investi la cour, d'autres

sont accoudés aux fenêtres. Ils chantent leurs revendications: «Nous
sommes des travailleurs, nous sommes pas dangereux», «On veut des
papiers et de la dignité».
Rien à voir, ici, avec une mobilisation traditionnelle. L'ambiance est
un peu électrique. Tous les sans-papiers présents affirment qu'ils ont
voulu rejoindre le mouvement de grève impulsé par la CGT et
l'association Droits devant! le 15 avril. Sans succès. «Nous avons eu
quatre rendez-vous avec la CGT car on voulait nous aussi faire des
occupations de lieux de travail», raconte Sissoko Anzoumane, responsable
de la coordination 75 sans-papiers. «Mais ils nous ont baladés, en nous
disant qu'il fallait attendre que Sarkozy s'exprime. Et quand ils ont
eu un rendez-vous avec le cabinet du ministère de l'immigration, ils ne
nous ont même pas prévenus.»

«Ce mouvement nous appartient»

La coordination 75, qui existe depuis une dizaine d'années, regroupe
surtout des sans-papiers et quelques soutiens. L'organisation affirme
avoir de son côté présenté 1000 dossiers pour des régularisations à la
préfecture de Paris. «On avait tout fait comme la CGT. C'était des
dossiers qui concernaient les travailleurs des 30 métiers en tension.
Mais à la préfecture, on nous a dit qu'il fallait faire des
présentations individuelles ou aller voir la CGT.»

Devant la foule, Sissoko prend le microphone: «Nous allons faire passer
le message aux médias du monde entier», crie t-il. «C'est un mouvement
qui nous appartient.» A côté de lui, Dabo Mankama acquiesce. Pour
lui, la CGT a signé un accord avec le ministère: «Le cabinet d'Hortefeux leur
a dit ok pour 800 régularisations mais ils ont demandé, en contrepartie,
de calmer le mouvement. La CGT ne s'occupe que des sans-papiers qui ont
leur carte dans leur syndicat.»

La CGT dépassée

Des responsables de la CGT finissent par arriver. L'atmosphère devient
de plus en plus tendue lorsqu'un sans-papiers lâche: «La CGT a trahi».
Raymond Chauveau, l'un des leaders du syndicat, s'avance vers lui:
«Qui ose dire cela en face de moi?» Dépassés par les événements, les
syndiqués tentent de prendre la parole mais en sont empêchés par les
huées. En aparté, Raymond Chauveau souffle: «Je comprend leur
frustration énorme. Mais pendant ce temps là, Hortefeux et Sarkozy
rigolent. On a eu quatre réunions pour leur expliquer la manière dont on
fait les choses...»

Un véritable dialogue de sourds finit par s'installer. Raymond Chauveau
commence à expliquer les débuts de la sécurité sociale à un
sans-papiers. «Comment les droits ont-il avancé?» assène t-il. Un peu
perdu, l'Africain hésite puis finit par répondre: «Moi, je veux juste
des papiers». Comme lui, la plupart des sans-papiers présents ont
l'intention d'occuper les lieux jusqu'à obtenir une réponse du
ministère.

Depuis le début du mouvement, la CGT a déposé près de 1000 dossiers aux
préfectures concernées. Mercredi, trois premiers sans-papiers d'un
restaurant de Neuilly ont été régularisés.
akira1917
 
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Message par Puig Antich » 03 Mai 2008, 11:58

http://ouvalacgt.over-blog.com/

Je renvois aux positions justes de où va la cgt.

La question ne se pose pas en terme de dépôts de dossier, avec un monopole CGT dans la négociation que conteste - à juste titre néanmoins - la coordination 75.

La question c'est l'élargissement de la grève, un tous ensemble en même temps, auquel s'oppose la tactique du bureau confédéral CGT.


L'UL de Massy et les militants combattifs sont pris dans cette contradiction que d'un côté ils soutiennent l'élargissement de la grève, d'un autre sont sous contrôle de la direction CGT qui coordonne les opérations au niveau national et emploie la tactique d'une grève limitée, étalée dans le temps, avec comme objectif un nombre restreint de régularisation.
Puig Antich
 
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Message par akira1917 » 03 Mai 2008, 14:44

sur le site du monde :

a écrit :Des collectifs de sans-papiers occupent des locaux de la CGT pour obtenir des régularisations

Environ 200 à 300 travailleurs sans-papiers occupaient samedi 3 mai des locaux du syndicat CGT dans le 3e arrondissement de Paris, pour protester contre le refus de la préfecture de régulariser leur situation. L'opération a été lancée vendredi soir par une coordination de quatre collectifs parisiens de sans-papiers, qui reprochent à la CGT d'avoir"pris en otage" le mouvement des sans-papiers.

La CGT a lancé le 15 avril, avec l'association Droits Devant, une grève coordonnée de salariés sans papiers dans une vingtaine d'entreprises franciliennes pour réclamer leur régularisation. Depuis cette opération très médiatisée, trois des salariés soutenus par la CGT, Droits Devant ont obtenu un récépissé leur permettant l'obtention d'un titre de séjour. Au total, la CGT et Droits Devant ont "parrainé" quelque 900 demandes de régularisations déposées dans cinq préfectures d'Ile-de-France (Paris, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne), avec aussi le soutien de certains patrons des entreprises concernées.

"GROSSE PROVOCATION DE LA PART DE LA PRÉFECTURE"

Mercredi, la "coordination 75" de sans-papiers a tenté à son tour de déposer environ 1 000 demandes de régularisation, de sa propre initiative. Or,"cela nous a été refusé par la préfecture de Paris, c'est pourquoi nous demandons que la CGT élargisse sa propre liste. Nous aussi, nous avons nos travailleurs sans-papiers qui méritent d'être régularisés au même titre que les grévistes de la CGT", a expliqué Mamoudou Diallo, porte-parole de la coordination des collectifs parisiens 75.

"On n'est pas d'accord avec cette occupation, car ce n'est pas en obérant les capacités du syndicat qu'on va faire avancer la situation", a déclaré Raymond Chauveau de la CGT. Selon lui,"il y a eu une grosse provocation de la part de la préfecture qui a renvoyé les collectifs sur la CGT, la CGT apparaissant comme l'antichambre de la préfecture". Il entend faire comprendre aux collectifs que "ce n'est pas la CGT qui peut délivrer les dossiers".

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Message par com_71 » 03 Mai 2008, 15:16

(Puig Antich @ samedi 3 mai 2008 à 12:58 a écrit : La question ne se pose pas en terme de dépôts de dossier, avec un monopole CGT dans la négociation que conteste - à juste titre néanmoins - la coordination 75.

La question c'est l'élargissement de la grève, un tous ensemble en même temps, auquel s'oppose la tactique du bureau confédéral CGT.

As-tu vraiment les moyens de juger la (ou les) tactique(s) de la CGT ? la coordination 75 veut élargir la grève ? Qui l'en empêche ? On verrait alors si la CGT refuse les relations avec une autre organisation, représentant des grévistes.

Que les autorités veuillent discuter qu'avec la CGT, c'est possible, mais en quoi la CGT est responsable de ces décisions ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Apfelstrudel » 03 Mai 2008, 15:17

a écrit :Nous aussi, nous avons nos travailleurs sans-papiers qui méritent d'être régularisés au même titre que les grévistes de la CGT", a expliqué Mamoudou Diallo, porte-parole de la coordination des collectifs parisiens 75.

Sont ils en grève "leurs" ( :altharion: ) travailleurs sans papiers ?
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Message par Apfelstrudel » 03 Mai 2008, 15:25

(com_71 @ samedi 3 mai 2008 à 16:16 a écrit :la coordination 75 veut élargir la grève ? Qui l'en empêche ? On verrait alors si la CGT refuse les relations avec une autre organisation, représentant des grévistes.

Que les autorités veuillent discuter qu'avec la CGT, c'est possible, mais en quoi la CGT est responsable de ces décisions ?

Tout à fait. Par ailleurs je trouve incroyable que cette "coordination 75" ose en débarquant commencer par s'attaquer à l'organisation qui pour le moment soutient et organise les travailleurs sans papiers en grève, en invoquant comme prétexte que les flics, c'est à dire les expulseurs, leur ont dit que c'était la faute de la CGT !
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Message par redsamourai » 03 Mai 2008, 16:56

tout à fait d'accord avec les interventions précédentes... mais qu'en pense Akira?
redsamourai
 
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