Du coup, pour montrer qu'il tient encore en main les clefs du barrage et qu'il faut compter sur lui, Thibault menace d'ouvrir un tout petit peu les vannes.
Mais si les travailleurs se saisissaient de cette journée d'action pour faire exploser leur colère contre la politique de Sarkozy, eh bien ce serait tout de même un bon début.
Les journées précédentes, bien qu'éparpillées, dispersées, et au final peu motivantes on montré tout de même que la colère était là chez bien des travailleurs, même si elle ne s'exprimait pas massivement.
En tous cas, vive la grève qui est l'arme des travailleurs !
a écrit :Détricotage des 35 heures, remise en cause du dialogue social... Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, appelle à une très forte mobilisation le 17 juin et menace, en cas d'entêtement du gouvernement, de se radicaliser.
LE PROJET DE LOI sur le temps de travail sera bouclé cette semaine et présenté en Conseil des ministres le 18 juin. La CGT, la CFDT, le Medef, qui doivent signer officiellement leur « position commune » ce matin sur la représentativité et le temps de travail, ne décolèrent pas. Pour ces trois organisations, le gouvernement doit s'en tenir à ce texte, conclu le 9 avril.
Bernard Thibault menace de redevenir un syndicat d'opposition et espère réunir 1 million de manifestants le 17 juin. FO et la CFTC doivent se prononcer aujourd'hui sur leur participation à cette journée.
Sur les 35 heures, comme sur les retraites, les syndicats n'ont pas réussi à se faire entendre du gouvernement. A quoi servez-vous ?
Bernard Thibault. En passant en force, il affirme que nous ne servons à rien. C'est aux salariés, par leur mobilisation le 17 juin et dans les entreprises, de dire haut et fort que les syndicats les représentent et qu'il faut les entendre. Si nous n'avons pas davantage d'appui, il est clair que le gouvernement a l'intention de n'en faire qu'à sa tête.
Cette nouvelle journée d'action n'a pas l'air d'inquiéter l'exécutif...
Tout dépend de la mobilisation des salariés. Nous devons être plus nombreux dans la rue le 17 juin que nous l'avons été le 22 mai. Il y avait 700 000 manifestants, il en faudrait un million.
« Nicolas Sarkozy fait l'impasse sur la négociation »
Croyez-vous encore au dialogue social ?
Si le gouvernement s'enferre dans cette attitude, droit dans ses bottes, j'y verrai la preuve que le dialogue social n'est pas possible dans ce pays. Et la CGT aura à revoir sa position. On ne peut pas admettre d'être reçu uniquement pour la photo et appeler ça du dialogue social.
La CGT pourrait redevenir un syndicat d'opposition ?
On a négocié pendant des mois pour avoir des règles plus démocratiques concernant la représentation des salariés, et la conclusion d'accords collectifs. On autorisait les entreprises à déroger sur le contingent d'heures supplémentaires, mais à titre expérimental et dans le cadre d'un accord majoritaire. Et le gouvernement nous dit : la négociation sociale je n'en ai rien à faire, c'est moi qui décide ! S'il ne fait pas machine arrière, et s'il nous condamne à ce rôle-là, la CGT devra en tenir compte.
Vous accusez Nicolas Sarkozy d'avoir des « méthodes malhonnêtes ». Expliquez-vous.
Nicolas Sarkozy fait l'impasse sur la négociation que nous avons déjà eue avec les employeurs. Et il profite d'un projet de loi censé transposer uniquement cette « position commune » du 9 avril pour y introduire une deuxième loi sur le temps de travail. Un texte qui est une vaste opération de déréglementation des 35 heures, mais pas seulement. Même les salariés qui n'en bénéficient pas sont concernés. Au total, plus de 60 articles du Code du travail sont modifiés !
Le Premier ministre affirme qu'il s'agit seulement d'accorder de nouveaux assouplissements...
C'est totalement faux. Comme lorsque le gouvernement affirme qu'il maintient la retraite à 60 ans. D'un point de vue juridique c'est vrai, la référence du temps de travail demeure. Mais d'un point de vue pratique, non ! Ce texte fait sauter toutes les garanties collectives sur le temps de travail.
Concrètement ?
Il permet aux entreprises de fixer le temps de travail selon leur bon vouloir. Jusqu'à présent, elles devaient respecter des normes organisées par les branches professionnelles, sur les heures supplémentaires, les repos compensateurs, les limites de temps de travail. Demain, elles seront libres de les définir. Autre exemple, les entreprises pourront grâce à l'annualisation faire varier les semaines de travail jusqu'à 42, 44 ou 48 heures, l'essentiel étant qu'à la fin du trimestre les salariés aient effectué 35 heures en moyenne. Et ceci en prévenant les salariés trois jours avant, si elles le veulent. L'employeur pourra aussi faire passer tous ses salariés au forfait en nombre d'heures ou de jours. Ce qui concrètement signifie qu'il pourra décider de faire faire des journées de dix heures et même treize heures ou des semaines de quarante ou plus dans la limite de quarante-huit heures. Ceci sans payer d'heures supplémentaires.
Mais il faudra tout de même un accord avec les syndicats...
Dans un très grand nombre d'entreprises, il n'y a pas de présence syndicale. Les petites entreprises et les entreprises de sous-traitance vont subir de plein fouet cette nouvelle réglementation. Nous nous y opposerons là où nous sommes implantés.
FO et la CFTC vous reprochent de vous être fait piéger. Allez-vous vous retirer de la « position commune » du 9 avril ?
Evidemment, non. Ça ne changerait rien. Ces syndicats ont du mal à avouer leur désaccord sur les nouvelles règles de représentativité. Et se servent de l'alibi que leur fournit le gouvernement en s'attaquant aux 35 heures. S'ils n'appellent pas à la mobilisation du 17 juin, cela fera le jeu du gouvernement.